« Patria y vida », l’hymne des manifestants en colère à Cuba

Par Epoch Times avec AFP
15 juillet 2021 16:38 Mis à jour: 15 juillet 2021 16:40

« Patria y vida », titre d’une chanson polémique de rappeurs cubains, a été l’un des slogans les plus répétés lors des manifestations historiques survenues dimanche à Cuba, largement soutenues par des stars du rap et du reggaeton.

Contrepied de l’emblématique « Patria o muerte » (La patrie ou la mort), slogan de la révolution socialiste, les mots « Patria y vida » (La patrie et la vie) ont été scandés lors des mobilisations, où la foule criait aussi « Liberté » et « A bas la dictature ».

« La chanson a été présente en raison de l’impact médiatique qui l’entoure, son bombardement constant sur les réseaux sociaux et parce qu’elle résonne auprès d’une partie de la jeunesse », explique à l’AFP Emir Garcia, historien de la musique.

« Montre tout le désespoir du peuple cubain »

« Je ne connais pas d’autre chanson qui soit sortie un lundi et qui dès le mardi ait déjà des millions de vues » sur Youtube, ajoute-t-il.

Ce morceau de rap, enregistré en février entre Cuba et Miami, et déjà vu plus de 6 millions de fois en ligne, est devenu l’hymne des manifestants car « il exprime ce sentiment profond d’espoir, parmi tout le désespoir du peuple cubain », estime pour sa part le dissident Manuel Cuesta Morua.

« Maintenant oui, maintenant oui! », ont crié dimanche plusieurs milliers de Cubains qui manifestaient face au Capitole de La Havane, quand est apparue la star cubaine du reggaeton Yomil, à qui certains ont même demandé un discours.

« Le peuple dans la rue et les artistes chez eux, quelle déception », avait écrit l’artiste peu avant sur Twitter.

Un mort, plus de 100 détenus et des blessés

De son côté, la chanteuse de reaggeton La Diosa a commenté: « Ce n’est pas bien, ce qu’on vit dans un pays où le peuple sort calmement dans la rue et on le frappe de partout ».

Les mobilisations, dont certaines se sont poursuivies lundi, ont fait un mort, plus de 100 détenus et des blessés.

Yotuel Romero, du groupe Orishas, ne pouvait pas manquer au rendez-vous: c’est l’un des interprètes de Patria y vida, avec le duo Gente de Zona, le chanteur Descemer Bueno et les rappeurs El Funky et Osorbo.

« C’est terminé le peuple est fatigué »

« Cubains, prenez les rues, Cubains, ça c’est Patria y vida, Patria o muerte c’est fini », a-t-il lancé, depuis Miami, dans une vidéo publiée sur Facebook.

« C’est terminé (….) le peuple est fatigué » clame la chanson qui appelle à une « nouvelle aube » sur l’île, en alignant les critiques contre le gouvernement et l’héritage de la révolution de 1959.

Ces derniers mois, ce morceau est devenu l’étendard de la dissidence: en février, l’opposant José Daniel Ferrer avait été arrêté après avoir peint « Patria y Vida » sur la façade de sa maison.

La chanson a été entonnée à l’unisson aussi lors de petits rassemblements autour du mouvement contestataire San Isidro, dans la vieille Havane.

« Porte-parole de cette communauté cubaine »

Depuis Miami, où se trouvent beaucoup d’opposants au régime, le chanteur de reggaeton El Micha a assuré aux manifestants qu’« il n’y a rien à perdre ».

Ces stars de la musique « sont les porte-parole de cette communauté (cubaine de Miami), leur travail est de répondre à ceux qui les paient », raille Emir Garcia.

Mais au-delà du rap et du reggaeton, des grands noms de la chanson cubaine ont également apporté leur soutien aux manifestants.

« Nous voulons un Cuba libre d’injustices pour tous les Cubains », a clamé sur Facebook le chanteur Leoni Torres.

« Le droit d’avoir une opinion différente doit être respecté »

Quant au groupe Los Van Van, peu connus habituellement pour leurs critiques, leur directeur Samuel Formell a surpris en écrivant sur les réseaux sociaux: « Nous soutenons les milliers de Cubains qui réclament leurs droits, nous devons être écoutés, disons non à la violence, aux affrontements, appelons à la paix dans nos rues ».

Le célèbre pianiste Chucho Valdés, lauréat de neuf prix Grammy, a lui fait part de sa « tristesse », car « cela fait vraiment mal de voir les conditions inhumaines dans lesquelles vivent » certains Cubains.

Pour l’universitaire cubaine Maria Isabel Alfonso, qui vit à New York, ces prises de position sont « le signal que les choses sont en train de changer à Cuba, et que chaque jour les gens sont de plus en plus convaincus que le droit à avoir une opinion différente doit être respecté ».

 

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