Pays-Bas: 4 veuves nigérianes intentent une action en justice contre Shell

12 février 2019 15:36 Mis à jour: 12 février 2019 15:39

Quatre femmes nigérianes ont intenté mardi une action en justice aux Pays-Bas contre le géant pétrolier Shell pour sa complicité présumée dans l’exécution de leur mari par le régime militaire dans les années 1990.

Soutenue par Amnesty International, l’affaire a été introduite par Esther Kiobel, veuve de Barinem Kiobel, pendu en 1995 aux côtés du célèbre écrivain nigérian Ken Saro-Wiwa et de sept autres personnes. Selon les quatre veuves, Shell avait à l’époque contribué à l’arrestation de leurs époux, alors que ces derniers tentaient de perturber de manière pacifique le développement pétrolier en pays ogoni (sud du Nigeria), dénonçant des impacts néfastes pour la santé et l’environnement.

« Mon mari avait bon cœur. Maintenant je suis une pauvre veuve qui a tout perdu », a déclaré Esther Kiobel devant le tribunal de La Haye, citée par l’agence de presse néerlandaise ANP. « Les abus que ma famille et moi-même avons subis ont été une expérience horrible qui nous traumatise encore à ce jour », a ajouté Mme Kiobel, qui a fui le Nigeria en 1998 et vit désormais aux Etats-Unis.

Le géant pétrolier nie toute implication dans l’exécution de ces hommes, qualifiant l’idée d’« inconcevable », selon l’agence ANP. « Nous ne sommes pas aveugles à la perte terrible que ces femmes ont subie » mais « Shell n’est pas responsable de ces événements », a affirmé l’avocat de la compagnie devant le tribunal, cité par ANP.  Esther Kiobel et une autre des veuves se trouvaient au tribunal de La Haye pour l’ouverture des plaidoiries. Les deux autres femmes se sont vues refuser leur visa.

« Au fil des ans, Shell s’est toujours battu pour s’assurer que cette affaire ne soit pas entendue par un tribunal », a regretté Mme Kiobel dans un communiqué publié par Amnesty International. Ken Saro-Wiwa, écrivain et chef du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP), ainsi que huit autres militants, ont été exécutés le 10 novembre 1995 après leur condamnation par un tribunal militaire pour le meurtre de quatre chefs ogoni.

« Ces femmes pensent que leur mari serait encore en vie aujourd’hui sans l’intérêt personnel effronté de Shell, qui a encouragé la répression sanglante du gouvernement nigérian sur les manifestants », a dénoncé Mark Dummett, chercheur en droits de l’Homme chez Amnesty International.

D.C avec AFP

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