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Pékin «reproduit sa stratégie de persécution du Falun Dafa» pour mener la répression des Ouïghours, dit un expert

janvier 4, 2020 20:04, Last Updated: janvier 4, 2020 20:05
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Yan Yuhua compte parmi des millions d’autres personnes qui ont dépéri dans les prisons chinoises à cause de leur foi. Lors de sa première arrestation en 2006, des gardiens l’ont mise à l’isolement afin de la forcer à signer une renonciation à sa croyance en Falun Dafa, une pratique spirituelle interdite par le régime chinois. Dormir, se doucher, manger et même s’allonger étaient tous des luxes. Ils ont versé de l’eau froide sur son corps et l’ont forcée à rester debout pendant de longues heures. Ils ont également interdit à ses parents, âgés de 70 ans, et à un fils adolescent, de lui rendre visite.

Plus tard, elle a été détenue dans un centre de lavage de cerveau pendant deux ans et demi. Les gardes lui ont fait porter des écouteurs qui diffusaient une forte propagande dénigrant le Falun Dafa. Les « surveillantes » se relayaient pour la battre et l’insulter.

Des histoires reflétant les expériences de Yan et d’autres pratiquants du Falun Dafa – qui ont subi de telles persécutions depuis le début de la campagne du Parti communiste chinois contre eux en 1999 – se produisent maintenant aussi dans la région du nord-ouest de la Chine dans le Xinjiang.

Les origines du modèle stratégique de persécution observée Xinjiang

Environ 11 millions de Ouïghours et de membres d’autres minorités musulmanes vivent au Xinjiang.

Sous le prétexte d’« éradiquer l’extrémisme », les autorités chinoises ont lancé en 2014 une campagne de surveillance, de répression et de persécution des minorités musulmanes, notamment par la mise en place d’un réseau de surveillance générale. Le régime a recueilli des données personnelles des résidents et a installé des caméras et des applications téléphoniques pour surveiller leurs activités.

Les Nations unies estiment que plus d’un million de résidents musulmans sont actuellement détenus dans des camps d’internement, où ils sont torturés, « rééduqués » et contraints de prêter serment d’allégeance au Parti communiste chinois (PCC) dans le but de les forcer à renoncer à leur foi.

Selon les experts, les tactiques utilisées dans la répression actuelle n’ont pas été conçues récemment, mais sont l’aboutissement de deux décennies d’expérience que le régime chinois a acquise en persécutant le Falun Dafa.

La discipline spirituelle, qui comprend des exercices de méditation et des enseignements moraux fondés sur les principes universels d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance, a attiré entre 70 et 100 millions de pratiquants avant que le PCC ne lance une campagne nationale pour éradiquer cette discipline en 1999.

« La transformation par l’éducation »

Le concept de « transformation par l’éducation », par exemple, est né de la persécution du Falun Dafa, selon Sarah Cook, analyste principale de la Chine à l’organisation de surveillance Freedom House, dans un rapport de février 2019.

Le régime chinois détient les pratiquants du Falun Dafa dans des prisons et des « centres d’éducation juridique » (souvent appelés centres de lavage de cerveau), et les envoyait auparavant en masse dans des camps de travail, qui ont été abolis en 2013. Dans les prisons et les centres, les détenus sont obligés de regarder des vidéos de propagande, de chanter des chansons pro-PCC et de se « repentir » de leurs prétendus crimes de foi. Ceux qui résistent à la pression sont soumis à la torture.

L’euphémisme « transformation » est une façon pour le régime chinois « d’évoquer une image positive » et de présenter le processus comme un « traitement compatissant », a explique Sarah Cook.

« C’est un terme lié au Falun Dafa qui a vraiment émergé et prospéré si bien […] que vous voyez ce même terme apparaître dans le Xinjiang », a dit Mme Cook dans une interview avec The Great Age.

Elle s’est souvenue d’un panneau sur le Xinjiang en 2018, tenu à l’Institut Hudson à Washington, elle a été surprise de lire qu’un analyste chinois associait le terme « transformation » au Xinjiang. « Ces érudits […] ne sont pas très familiers avec le langage spécifique du Parti concernant le Falun Dafa, c’est pourquoi il était vraiment surprenant de lire cela. »

Selon une enquête incomplète menée par Minghui.org, un centre d’information documentant la persécution du Falun Dafa, il existe 449 centres de lavage de cerveau dans 173 villes et 329 districts ou comtés à travers la Chine.

Ces installations ont proliféré après que le régime chinois eut aboli le système des camps de travail en 2013, a dit Sarah Cook. La persécution du Falun Dafa se poursuit sans relâche.

Officiels

Un lien très révélateur entre les deux campagnes de persécution, selon Sarah Cook, est le fait que les principaux responsables qui influencent maintenant la politique du Xinjiang ont construit leur carrière à l’origine grâce à la campagne contre le Falun Dafa.

Fu Zhenghua est actuellement le ministre chinois de la Justice chargé de financer les programmes d’endoctrinement politique du Xinjiang. De 2015 à 2016, il a dirigé le Bureau 610, une agence extrajudiciaire créée expressément pour superviser la persécution du Falun Dafa.

Il a également occupé un poste de haut niveau dans le bureau de la police municipale de Pékin entre 2010 et 2015, période pendant laquelle les pratiquants du Falun Dafa qui refusaient de renoncer à leur foi « auraient été envoyés directement dans divers centres de lavage de cerveau » après la dissolution officielle du système des camps de travail, selon un rapport d’Amnesty International de 2013 (pdf).

Sun Jinlong, secrétaire du Corps de production et de construction du Xinjiang, une entreprise d’État et un conglomérat quasi-militaire, a également une grande expérience de la persécution. Lors d’une conférence nationale en 2001, Sun Jinlong a fait un discours public dénonçant le Falun Dafa et a encouragé les responsables à « lutter sans relâche contre » la pratique spirituelle, selon le Quotidien du peuple (People’s Daily).

En 2010, alors que Sun Jinlong était secrétaire du Parti dans la ville de Hefei, dans la province d’Anhui, il a présenté un « plan de bataille général » pour surveiller et harceler les pratiquants locaux de Falun Dafa, y compris la création de bases de données de pratiquants et de centres de lavage de cerveau pour les pratiquants « têtus », et la conduite de visites de porte à porte. Le plan proclamait l’objectif de « transformer » tous les pratiquants « nouvellement identifiés » d’ici un an. Les fonctionnaires qui travaillent dans la rue recevraient des diplômes honorifiques en reconnaissance de leur efficacité dans ces efforts, comme le montrent les dossiers des administrations locales.

Leurs « antécédents avérés de répression sévère des croyants religieux innocents » semblent être « précisément » ce qui les a menés à des grades plus élevés, a dit Mme Cook.

L’Organisation mondiale pour la recherche sur la persécution du Falun Dafa, une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis qui se consacre à documenter la persécution de la discipline spirituelle, a désigné les deux responsables comme des violateurs des droits de l’homme.

Courbe d’apprentissage

La politique du Xinjiang a d’autres caractéristiques de la campagne contre le Falun Dafa.

En termes de terminologie, les responsables de l’application des lois au Xinjiang et contre le Falun Dafa ont défini les efforts de rééducation comme étant des « conseils psychologiques » et ont fixé des quotas cibles pour les responsables de la sécurité, a expliqué Sarah Cook.

Les autorités utilisent également des termes similaires pour désigner les deux groupes : les pratiquants « purs et durs » du Falun Dafa et les détenus « purs et durs » du Xinjiang, par exemple.

Minghui.org a beaucoup parlé de la façon dont la police espionne les téléphones des pratiquants du Falun Dafa depuis le début des années 2000 pour recueillir des informations à leur sujet. Une recherche rapide sur le site Web révèle une dizaine de cas d’écoutes téléphoniques prolongées, dont la plupart ont fait l’objet d’une arrestation ultérieure. Les 20 ans d’expérience dans la répression du Falun Dafa ont permis au régime chinois de mettre rapidement en place un dispositif de persécution des minorités musulmanes au Xinjiang.

« C’est comme n’importe quel type de gestion de projet. Une fois que vous l’avez fait avant, ça va beaucoup plus vite la deuxième fois », a déclaré Sarah Cook. « Ils savent exactement ce qu’ils font. »

Elle a noté que les tendances récurrentes selon lesquelles on peut constater que les fonctionnaires chinois « reproduisent leur stratégie anti-Falun Dafa [pour l’appliquer] au Xinjiang » sont alarmantes.

« Cela indique qu’ils jouent un jeu sur le long terme, ils n’ont guère l’intention d’inverser la politique et ont peu de scrupules à utiliser des tactiques dures telles que la torture sévère ou de longues peines de prison pour atteindre leurs objectifs », a écrit Sarah Cook dans son rapport de février.

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