Plus d’un million de Hongkongais célèbrent le nouvel an en descendant dans la rue pour renouveler leurs revendications

Par Frank Fang
2 janvier 2020 17:52 Mis à jour: 2 janvier 2020 18:14

Des manifestants ont défilé dans le centre-ville de Hong Kong le premier jour de 2020, exigeant que le gouvernement de Hong Kong réponde à leurs demandes.

La marche a été brusquement interrompue par la police vers 18 heures, heure locale, malgré le fait que le Civil Human Rights Front (CHRF – littéralement, Front civil des droits de l’homme) ait obtenu l’autorisation de la police pour tenir la marche de 15 heures à 22 heures mercredi.

Malgré l’annulation soudaine, la participation a été élevée ; le CHRF estime que plus de 1,03 million de personnes ont pris part à la marche, selon un communiqué publié sur sa page Facebook. Le CHRF a également critiqué le fait que l’estimation beaucoup plus basse de la police (60 000 personnes) manquait de crédibilité.

Des dizaines de milliers de personnes participent à une marche pacifique à Hong Kong le 1er janvier 2020. (Sung Pi-lung/The Epoch Times)

La marche a été organisée par le groupe local pro-démocratie CHRF, qui a organisé plusieurs manifestations de grande envergure depuis le début des protestations en cours à Hong Kong en juin de l’année dernière.

Avant la marche, un rassemblement a eu lieu au parc Victoria où de nombreux militants ont pris la parole, dont le militant pro-démocratie Ventus Lau et le militant étudiant Sunny Cheung.

Sunny Cheng a appelé à d’autres manifestations pour la nouvelle année et a crié un slogan de protestation populaire, « Le ciel détruira le PCC [le Parti communiste chinois] », disant que le PCC est l’ennemi des Hongkongais.

Il a également appelé à des sanctions pour toutes les entreprises pro-Pékin qui « tournent le dos » à Hong Kong et se lient d’amitié avec le régime chinois.

Jimmy Sham, l’organisateur du CHRF, s’est adressé à la presse avant la marche et a déclaré que le but de la marche était de réitérer les 5 demandes de longue date des manifestants, qui comprennent le suffrage universel et une enquête indépendante sur les cas de violence policière contre les manifestants.

Jimmy Sham a également critiqué le gouvernement de la ville pour avoir supprimé Spark Alliance, une organisation locale à but non lucratif qui collecte des fonds pour l’aide juridique et médicale aux manifestants arrêtés. Le 19 décembre, la police a gelé le compte bancaire de Spark Alliance, qui contenait environ 70 millions de dollars HK (environ 8 millions €), alléguant que trois hommes et une femme du groupe étaient soupçonnés de « blanchiment d’argent ».

Les enseignants locaux ont également été punis pour avoir soutenu les protestations.

Le 20 décembre, le ministre de l’Éducation de Hong Kong, Kevin Yeung, a appelé les écoles à suspendre les enseignants qui ont été arrêtés pour des infractions liées aux manifestations, selon la seule société d’audiovisuel public de Hong Kong, RTHK. Il a ajouté que 80 enseignants avaient été arrêtés depuis le mois de juin.

Jimmy Sham a appelé les manifestants à rejoindre les syndicats pro-démocratie nouvellement créés dans leur secteur d’activité – qui ont installé des stands le long du parcours de la marche – afin que les futures démarches soient mieux organisées.

Deux manifestants brandissent des pancartes exigeant le suffrage universel lors d’une assemblée dans le parc Victoria à Hong Kong le 1er janvier 2020. (Sung Pi-lung/The Epoch Times)

Au parc Victoria, plus de douze manifestants ont été vus tenant des drapeaux américains, tandis que beaucoup d’autres portaient des masques d’animaux surdimensionnés sous forme de dessins animés populaires, de Pepes et de Linden Pigs (tous les 2 parlent de cochons).

« Nous protestons au début de cette année, pour nous rappeler, ainsi qu’à nos amis internationaux, que nous ne devons pas oublier et nous habituer à la violence policière et à la répression de l’État, et pour manifester notre solidarité« , a déclaré le CHRF dans une déclaration publiée sur sa page Facebook.

La marche

Vers 14 h 40, heure locale, les manifestants ont commencé à marcher du parc Victoria jusqu’à la destination finale située à Chater Road dans le centre. Plusieurs politiciens locaux pro-démocratie, dont Andrew Chiu et Ho Kai-ming, menaient la marche.

On pouvait entendre les manifestants crier des slogans tels que « Cinq demandes, pas une de moins », « N’ayons pas peur d’être opprimés, nous marchons épaule contre épaule » et « Opposez-vous à la police, rejoignez les syndicats ».

Ils ont également tenu des pancartes avec différents messages, dont : « Respectons notre engagement, ne faisons qu’un », « Le ciel détruira le PCC », « N’abandonnons jamais, rendons justice au monde » et « Libérons Hong Kong en 2020 ».

Un petit groupe de manifestants tenant des drapeaux américains a chanté l’hymne national américain.

Vers 16 heures, heure locale, le premier groupe de manifestants est arrivé à la destination finale. Il restait encore un grand nombre de manifestants qui n’avaient pas encore quitté Victoria Park.

Environ une heure plus tard, un affrontement a éclaté entre un petit groupe de manifestants et la police à Hennessy Road à Wan Chai, situé à peu près à mi-chemin entre Chater Road et Victoria Park.

On ne sait pas exactement ce qui a conduit à l’affrontement ; la police a rapidement tiré des gaz lacrymogènes et du gaz poivré et a procédé à plusieurs arrestations. La RTHK a rapporté que la police a tiré du gaz poivré directement sur l’un de ses journalistes vidéo sur les lieux.

À 17 h 40, heure locale, la police locale a publié un communiqué de presse, disant qu’elle avait arrêté 5 « émeutiers » pour avoir vandalisé une banque à la jonction de Hennessy Road et Luard Road.

Le CHRF a depuis publié une déclaration sur sa page Facebook, disant que la police a communiqué avec le groupe et a demandé à l’organisateur d’annuler l’assemblée avant 18 h 15, heure locale.

Plusieurs internautes ont laissé des messages sur la page Facebook du CHRF, affirmant que la police avait intentionnellement créé le chaos dans le but de mettre fin à l’assemblée pacifique.

Sur l’application de messagerie Telegram, qui a été largement utilisée par les manifestants de Hong Kong pour communiquer et organiser des événements, les utilisateurs soupçonnaient que les personnes qui avaient vandalisé la banque n’étaient pas des manifestants, mais des policiers eux-mêmes.

La police a démenti l’accusation dans un deuxième communiqué de presse.

À 18 h 46, heure locale, le CHRF a publié une déclaration dénonçant la « décision brutale » de la police de mettre fin à la marche plus tôt que prévu.

Des manifestants brandissent des drapeaux américains lors d’une marche à Hong Kong le 1er janvier 2020. (Sung Pi-lung/The Epoch Times)

Il a souligné que la police avait aggravé les tensions à Luard Road après avoir tiré des gaz lacrymogènes dans la foule. Il a également critiqué la police pour avoir « fouillé et provoqué les citoyens » en déployant des policiers anti-émeute dans les stations de métro proches du parcours du défilé.

« Le premier jour de l’année 2020, la police a dissous le premier rassemblement autorisé de l’année avec une excuse absurde. Le gouvernement de Hong Kong a montré sa réticence à écouter les voix de la masse, violant ainsi le droit de réunion des citoyens de Hong Kong », a déclaré le CHRF.

À 20 heures, heure locale, le quotidien Apple Daily de Hong Kong a rapporté que la police avait arrêté plus de 100 personnes qui n’avaient pas encore quitté le parcours du défilé près du centre commercial Sogo.

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