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Pourparlers de paix Russie-Ukraine : où en est on ?
Les discussions impliquant Washington, Moscou et Kiev se poursuivent depuis que le plan proposé par Donald Trump pour mettre fin au conflit a été rendu public en novembre.

(À g.) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Rome, en Italie, le 10 juillet 2025. (Au c.) Le président américain Donald Trump à son arrivée à la base aérienne d’Andrews (Maryland), le 29 juillet 2025. (À dr.) Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 8 mai 2025.
Photo: Antonio Masiello, Andrew Harnik/Getty Images ; Evgenia Novozhenina/AFP via Getty Images
Les discussions impliquant Washington, Moscou et Kiev se sont intensifiées depuis que le président américain Donald Trump a dévoilé en novembre son projet de plan de paix pour mettre un terme à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Des réunions ont eu lieu en Floride, à Genève et à Moscou, alors que les parties tentent de trouver des termes acceptables pour mettre fin à des hostilités qui durent depuis 2022.
Voici ce que l’on sait, à ce stade, de l’état d’avancement des pourparlers.
Le plan initial
Le plan initial a été rédigé par l’envoyé spécial américain pour les missions de paix, Steve Witkoff, et par le secrétaire d’État Marco Rubio, qui y travaillent discrètement depuis un mois, a indiqué la porte‑parole de la Maison‑Blanche, Karoline Leavitt, lors d’un point de presse le 20 novembre.
Il comporte 28 points couvrant un large éventail de sujets, notamment le territoire, les questions militaires, les futures relations internationales, le financement de la reconstruction d’après‑guerre et la politique intérieure, selon l’Associated Press.
Les trois premiers points réaffirment la souveraineté de l’Ukraine, prévoient la conclusion d’un accord global de non‑aggression entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe, expriment l’attente que la Russie ne réenvahisse pas ses voisins et actent la fin de l’élargissement de l’OTAN.
Une partie du plan prévoit que l’Ukraine cède les régions de Crimée, de Louhansk et de Donetsk à la Russie, et que Kherson et Zaporijjia soient figées le long de la ligne de front, ce qui équivaudrait de facto à une reconnaissance.
Le texte prévoit également que l’Ukraine inscrive dans sa Constitution un engagement à ne pas rejoindre l’OTAN, et que l’Alliance ajoute un statut interdisant toute adhésion future de l’Ukraine.
Kiev conserverait toutefois la possibilité de rejoindre l’Union européenne, si elle en remplit les critères d’adhésion.
Ces deux points vont à l’encontre des objectifs affichés auparavant par l’Ukraine et par plusieurs États membres de l’OTAN.
Le plan plafonnerait aussi les effectifs des forces armées ukrainiennes à 600.000 militaires et permettrait à la Russie de réintégrer le G8.

Des militaires ukrainiens tirent avec un canon automoteur français Caesar de 155 mm/calibre 52 en direction des positions russes sur une ligne de front dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, le 15 juin 2022. (Aris Messinis/AFP via Getty Images)
Les négociations
Après la révélation du projet, le 20 novembre, des négociations bilatérales ont eu lieu entre Washington et Moscou, ainsi qu’entre Washington et Kiev, mais aucun face‑à‑face direct entre la Russie et l’Ukraine n’a encore eu lieu.
Des représentants américains et ukrainiens se sont rencontrés à Genève, en Suisse, en novembre, puis en Floride en décembre.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a participé à aucun de ces rendez‑vous.
Parallèlement, une réunion s’est tenue à Moscou le 2 décembre avec des représentants de Washington, en présence du président russe Vladimir Poutine.
La position de la Russie
Poutine a qualifié sa rencontre avec Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de M. Trump, de « très utile », dans des propos rapportés le 4 décembre par l’agence de presse russe TASS, tout en ajoutant qu’il serait difficile de parvenir à un consensus.
« Amener les parties en conflit à trouver une forme de consensus n’est pas une tâche aisée », a‑t‑il déclaré, en assurant être convaincu que « le président Trump cherche sincèrement à y parvenir ».

Le président russe Vladimir Poutine, accompagné de l’envoyé économique du Kremlin Kirill Dmitriev et du conseiller du Kremlin Yuri Ushakov, rencontre l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, au Kremlin à Moscou, le 2 décembre 2025. (Alexander KAZAKOV / POOL / AFP via Getty Images)
Poutine a précisé que cette réunion de cinq heures au Kremlin, à laquelle participaient lui‑même, M. Witkoff, M. Kushner et quelques conseillers du président russe, avait duré aussi longtemps parce qu’ils avaient examiné un par un les 28 points avancés par les États‑Unis dans leur projet de plan de paix.
Il a indiqué que le plan s’inspirait largement des accords qu’il avait conclus avec M. Trump lors de leur sommet d’août, en Alaska, tout en soulignant que la question territoriale restait un point de blocage majeur.
Évoquant les territoires du Donbass, à savoir les régions de Donetsk et de Louhansk en Ukraine, Poutine a assuré que Moscou avait proposé à Kiev de retirer ses forces armées de la zone avant le déclenchement de la guerre à grande échelle, ce qui, selon lui, aurait permis d’éviter le conflit.
« Tout se résume à cela : soit nous libérons ces territoires par des moyens militaires, soit les forces ukrainiennes quittent ces territoires et cessent les combats », a‑t‑il déclaré le 4 décembre, d’après TASS.
L’Ukraine considère ces territoires comme les siens, tout comme la grande majorité de la communauté internationale.
La position de l’Ukraine
L’Ukraine, comme nombre des alliés européens de Kiev, a d’abord accueilli avec une certaine surprise, voire de la gêne, l’annonce de ce plan de paix.
« Les Ukrainiens veulent la paix : une paix juste qui respecte la souveraineté de chacun, une paix durable qui ne puisse être remise en cause par de futures agressions », a déclaré le 20 novembre le ministre français des Affaires étrangères, Jean‑Noël Barrot. « Mais la paix ne peut pas être une capitulation. »
Le 23 novembre, Washington et Kiev ont indiqué avoir « actualisé et affiné » le cadre de paix visant à mettre fin à la guerre, lors de discussions à Genève, en Suisse, après des critiques estimant que la proposition initiale était trop favorable au Kremlin.
Ces pourparlers ont été suivis de nouvelles réunions à Miami, en Floride, les 5 et 6 décembre, quelques jours seulement après la rencontre de MM. Witkoff et Kushner avec M. Poutine à Moscou.
Au cours de ces discussions, M. Witkoff a affirmé que les deux parties s’accordaient à dire qu’une véritable avancée vers la fin de la guerre dépend de la volonté de la Russie de s’engager dans une paix de long terme, passant par une désescalade et la cessation des attaques.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio (au c. à g.), entouré de l’envoyé spécial de la Maison Blanche Steve Witkoff et de Jared Kushner, s’exprime lors d’une réunion avec des responsables ukrainiens dirigée par le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine Rustem Umerov (au c. à dr.) à Hallandale Beach, en Floride, le 30 novembre 2025. (CHANDAN KHANNA / AFP via Getty Images)
Volodymyr Zelensky a été informé, le 8 décembre, du contenu de ces discussions par le principal négociateur ukrainien, Rustem Oumerov.
Le président ukrainien a déclaré plus tard dans la journée que Kiev présenterait sa version révisée du plan de paix aux États‑Unis le 9 décembre.
Il a précisé que la version actuelle, qui compte 20 points, différait des versions précédentes en ce que « des points manifestement anti‑ukrainiens » en avaient été retirés.
« L’état d’esprit des Américains est globalement à la recherche d’un compromis », a‑t‑il ajouté.
« Bien sûr, il existe des questions complexes liées au territoire, et aucun compromis n’y a encore été trouvé. »
Les déclarations de Trump
S’agissant de la Russie, Donald Trump a indiqué, le 3 décembre, s’être entretenu avec Steve Witkoff et Jared Kushner au sujet de leur rencontre avec M. Poutine, en en tirant la conviction que la Russie souhaite mettre un terme aux hostilités.
Selon lui, ses interlocuteurs ont eu l’impression que le président russe « voudrait voir la guerre se terminer », qu’il préférerait « revenir à une vie plus normale » et « faire du commerce avec les États‑Unis d’Amérique plutôt que de perdre des milliers de soldats chaque semaine ».

Le président Donald Trump s’adresse à la presse à bord d’Air Force One, en route vers Washington, DC, le 30 novembre 2025. La famille présidentielle rentre à Washington, DC après avoir passé les vacances de Thanksgiving au Mar-A-Lago Resort, en Floride. (Pete Marovich/Getty Images)
Donald Trump a déclaré, le 7 décembre, être « un peu déçu » que Volodymyr Zelensky n’ait pas, à ce moment‑là, encore pris connaissance de la proposition rédigée à Miami le week‑end précédent.
« La Russie, je crois, est d’accord avec ce texte, mais je ne suis pas certain que M. Zelensky le soit. Son peuple l’approuve, mais lui ne l’a pas lu », a‑t‑il déclaré avant d’accueillir les Kennedy Center Honors à Washington.

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