Présidentielles
Présidentielles : Jean-Luc Mélenchon se lance dans la course à l’Élysée
Jean-Luc Mélenchon multiplie les apparitions publiques. En l'espace d'une semaine, le fondateur de La France insoumise s'est affiché dans un marché de banlieue parisienne puis au salon du Made in France. Sourires, selfies, discours mesurés : le changement de posture est frappant. "Il a enclenché le mode présidentielle, c'est sûr", confirme un cadre du mouvement.

Jean-Luc Mélenchon , aux côtés de la députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire, Aurélie Trouvé, s'adresse aux médias lors d'une visite au salon « Made in France » à la Porte de Versailles, à Paris, le 7 novembre 2025.
Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images
Cette offensive de charme vise deux objectifs : consolider l’ancrage dans les quartiers populaires, son fief électoral, tout en séduisant les petits entrepreneurs. Une stratégie de conquête qui traduit une ambition claire, même si le mot d’ordre officiel reste prudent.
Une candidature qui ne dit pas son nom
À dix-huit mois de l’élection de 2027, LFI joue la carte de l’ambiguïté calculée. Officiellement, le candidat sera désigné « en temps voulu ». Officieusement, tous les regards convergent vers le patriarche de 73 ans. Depuis l’éviction de François Ruffin, son principal rival interne, plus aucun nom ne fait le poids face au tribun.
Manuel Bompard, Clémence Guetté, Mathilde Panot… La nouvelle génération insoumise manque encore d’envergure pour briguer l’Élysée. « Aucun d’entre nous ne veut aller à une présidentielle. C’est un casse-pipe », avoue même un dirigeant du mouvement.
Le poids des ans et des polémiques
L’équation personnelle de Jean-Luc Mélenchon comporte pourtant de lourdes inconnues. À 75 ans en 2027, il reconnaît lui-même que les campagnes sont « terrifiantes » et « épuisantes ». Après avoir annoncé que 2022 serait sa dernière bataille, le voici reparti pour un quatrième round.
Son talon d’Achille ? Une impopularité croissante, alimentée par les polémiques à répétition. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 en Israël, LFI fait face à des accusations d’antisémitisme et de clientélisme qui ont dégradé son image. « Notre image nous précède. Moi j’ai une image de brute », a admis le leader en privé.
Le pari d’une métamorphose
Face au Rassemblement national, tous les sondages le donnent largement battu au second tour. Pourtant, son entourage parie sur sa capacité à se réinventer. « À chaque présidentielle, dans la dernière ligne droite, il fait le papy rassembleur, il parle de l’espace, de l’océan », observe un fin connaisseur.
Cette transformation, Manuel Bompard la justifie par une nécessité stratégique : « Il ne faut pas laisser Marine Le Pen toute seule en dehors du marigot des tambouilles ». Le coordinateur de LFI veut créer de « belles images », loin des meetings véhéments et des conférences derrière un pupitre.
L’atout de l’expérience
Malgré les obstacles, le camp Mélenchon garde confiance. « Je ne considère pas qu’il s’est cramé », estime un dirigeant d’un parti de gauche. « C’est quand même le plus malin de la bande », ajoute-t-il. Cette ruse politique, alliée à son talent oratoire, reste son principal atout.
La stratégie de « conflictualité » et le discours radical continuent de porter leurs fruits dans les grandes villes et les banlieues. Reste à savoir si le tribun insoumis parviendra à élargir son audience au-delà de son socle électoral, toujours marqué par l’amertume des 420 000 voix qui l’ont séparé du second tour en 2022.
Avec AFP





