Un producteur de films chinois raconte les dessous de la purge des stars du monde du spectacle par le PCC

Par Chang Chun et Li Yun
10 septembre 2021 23:09 Mis à jour: 10 septembre 2021 23:22

La répression de Pékin à l’encontre des célébrités de l’industrie du divertissement a conduit les médias sociaux chinois tels que Weibo, ainsi que les principaux sites Web de cinéma et de télévision, à supprimer le contenu pertinent des artistes purgés.

Le 26 août 2021, les autorités ont publié sur le média social chinois Weibo une liste d’artistes dits « inférieurs », qui est devenue virale. Le message demandait qu’une enquête soit menée sur les artistes, notamment Huo Zun, Wu Yifan (Kris Wu), Zheng Shuang, Zhao Wei et Fan Bingbing.

Le producteur de films chinois Shi Yuge (un ancien manifestant pour la démocratie qui vit maintenant aux États-Unis en vertu de l’asile politique) a dit à Epoch Times que les factions politiques chaotiques sont à l’origine de la purge de l’industrie du divertissement.

Une manigance autour de l’image des Princelings

Shi Yuge explique que tout a commencé lorsque l’ancien dirigeant du PCC (Parti communiste chinois), Jiang Zemin, a encouragé les princes chinois (enfants des cadres fondateurs du PCC et des vétérans de l’Armée rouge) à s’engager dans l’industrie du divertissement, bien que celle-ci ait été critiquée à l’époque pour « sa déchéance morale et son caractère pornographique ». Jiang Zemin pensait qu’il serait avantageux pour le PCC de contrôler cette industrie.

Shi Yuge  a dit qu’à partir de ce moment-là, toute personne ayant un certain passé politique à Pékin a possédé un studio qui allait devenir plus tard une entreprise de divertissement. Posséder une entreprise de divertissement est devenu un symbole du statut social d’un princeling.

La pop star chinoise Kris Wu assiste au défilé Louis Vuitton Menswear Fall/Winter 2020-2021 dans le cadre de la Fashion Week de Paris, en France, le 16 janvier 2020. (Pascal Le Segretain/Getty Images)

« Lorsque j’étais à Pékin [2013-2015], mes amis débattaient sur le  nombre de studios créés par les étudiants dans le cercle du divertissement de Pékin pendant ces deux années. Il y avait environ 700 ou 800 studios, et la moitié d’entre eux étaient détenus par les princes », a dit M. Shi.

Shi Yuge a également révélé que ces studios sont souvent impliqués dans le blanchiment d’argent pour les princelings, qui reçoivent divers avantages qui doivent être blanchis par divers canaux à la fin de la journée. C’est « un consensus dans le cercle », a ajouté Shi.

La raison cachée de la répression : la prospérité commune

Shi Yuge pense que les idoles et les célébrités sont généralement considérées comme taboues par le PCC. Il a dit : « Ruiner la réputation des stars efface leur nom et leur existence et éliminera leur influence. […] [un acte de] terrorisme d’État. »

Selon M. Shi, c’est comme une récurrence de la Révolution culturelle (un mouvement sociopolitique en Chine de 1966 à 1976). Il a dit : « Ceux qui sont réprimés sont tous des superstars, y compris les milliardaires chinois Pony Ma et Jack Ma, les superstars du monde des affaires. Ils étaient autrefois considérés par la jeune génération comme les idoles des start-ups, les modèles d’entreprises et les icônes de la richesse. Ce sont des célébrités avec des auras. »

Il pense que ce qui se cache derrière la série de répressions dans les milieux des affaires et du spectacle est quelque chose de plus complexe qu’il n’y paraît.

Selon le commentateur Wang He, la popularité des stars sert d’excellent bouc émissaire pour l’acte prémédité du régime – la mise en œuvre de sa politique de « prospérité commune ».

Le PCC est à court d’argent

Le leader chinois Xi Jinping a récemment vanté les mérites de la prospérité commune, car il estime que la disparité des richesses menace à la fois l’économie et la mainmise du PCC sur le pouvoir.

Le secteur du divertissement est donc devenu la cible de cette politique de prospérité commune.

Selon l’analyse de Wang He, la lourde frappe contre l’industrie semble juste et justifiée car, d’une part, elle punit l’évasion fiscale présumée des stars, mais d’autre part, elle détourne l’attention du stress sociétal lié à l’aggravation du déclin économique et de la pandémie de Covid-19.

« Cela va provoquer d’abord un conflit interne parmi les masses en incitant à la haine des riches, puis les richesse vont être récoltées et distribuées par le biais de ‘politiques nationales' », a dit M. Wang. « Dans ce processus, les stars et les entrepreneurs sont tous condamnés à être réprimés. »

En ce qui concerne la politique nationale de « prospérité commune », un économiste chinois a donné cette explication en 1994 : la répartition des revenus obtenue par le marché est la « première répartition » ; la répartition par la réglementation gouvernementale est la « deuxième répartition » ; le don volontaire par l’individu – sous l’influence des habitudes et de la morale – de la partie disponible ou de la majeure partie de son revenu est la « troisième répartition ».

C’est la troisième répartition qui est visée par la dernière politique du PCC, selon l’interprétation rapportée par les médias d’État du régime.

M. Shi a dit : « Le PCC est vraiment à court d’argent […] alors il appelle à la prospérité commune, ce qui est en fait la même politique de ‘partage des terres avec les tyrans locaux’ qui a été mise en œuvre à l’époque de Mao. »

« Cibler ceux qui sont très riches et influents est une caractéristique des dictatures », a ajouté M. Shi. « Dans de nombreux cas, lorsque le régime ne peut pas résoudre un certain problème à la racine, il s’en prend aux personnes qui sont censées avoir soulevé le problème. Une fois ces personnes disparues, on pense que le problème disparaîtra également. C’est la pratique habituelle du PCC et la situation actuelle en Chine. »

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