Qatar: le système des autorisations de sortie aboli

28 octobre 2018 22:00 Mis à jour: 28 octobre 2018 22:05

Le système controversé des autorisations de sortie du Qatar, qui obligeait les travailleurs étrangers à obtenir la permission de leurs employeurs pour quitter le pays, est aboli depuis dimanche, a annoncé le gouvernement qatari.

La nouvelle loi « régulant les entrées, sorties et résidences des expatriés entre en vigueur dès aujourd’hui« , a annoncé sur Twitter le ministère de l’Intérieur. Ce texte qui met fin aux autorisations de sortie du territoire pour les travailleurs immigrés avait été adopté début septembre.

Ces autorisations étaient le pilier de la « kafala« , un système de parrainage dénoncé par des ONG comme de l’esclavage moderne, permettant entre autres aux entreprises d’interdire à leurs employés de changer d’employeur ou de quitter le pays.

En vertu de la nouvelle loi, les employés étrangers pourront désormais quitter le territoire sans permission préalable. Seul 5% du personnel, principalement dans des fonctions de cadres, selon les médias, devra encore obtenir le feu vert des employeurs. Les personnes qui se verraient refuser l’autorisation de quitter le Qatar « pour quelle raison que ce soit » pourront déposer une plainte au Comité chargé des griefs des expatriés concernant les sorties. Il « prendra une décision dans un délai de trois jours ouvrables« , a précisé le ministère.

Le ministre du Travail Issa al-Nouaïmi s’est dit « extrêmement satisfait« . « Nous sommes fiers que le Qatar soit devenu un exemple et un modèle pour la réforme (du secteur) de l’emploi dans la région« , a-t-il déclaré à l’AFP. L’abolition du système des visas de sortie est l’annonce la plus importante faite par le Qatar depuis un accord conclu en novembre dernier avec l’Organisation internationale du Travail (OIT). Cette dernière a été autorisée à ouvrir cette année un bureau à Doha, pour une durée de trois ans, et à superviser les réformes du secteur du travail.

Cette réforme « aura un impact direct et positif sur la vie des travailleurs migrants« , a indiqué le chef  du bureau de l’OIT à Doha, Houtan Homayounpour.

Le Qatar, organisateur du Mondial-2022 de football, subit de fortes pressions pour réformer ses lois sociales. Le pays est régulièrement critiqué par des ONG pour les conditions de travail de la main d’oeuvre immigrée. Environ un quart des demandes d’autorisations de sortie étaient généralement rejetées par le gouvernement, selon des recherches publiées en 2017 par le groupe de défense des travailleurs immigrés Migrant Rights. Une responsable de cette ONG, Vani Saraswathi, s’est réjouie de l’annonce, se gardant toutefois de  considérer cette loi comme un « énorme changement » positif.

« La loi permet toujours aux employeurs de retenir les passeports de leurs employés avec leur ‘permission’ « , a-t-elle affirmé. Elle a également déploré que le texte ne prenne pas en compte les travailleurs domestiques, souvent considérés comme les plus vulnérables. Le Qatar compte quelque deux millions de travailleurs étrangers.

HS avec AFP

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