Royaume-Uni : le ministre britannique de la Défense a de « vives inquiétudes » quant au rôle de Huawei dans le réseau mobile 5G

29 décembre 2018 00:42 Mis à jour: 10 avril 2020 13:13

LONDRES – Le ministre de la Défense britannique a déclaré avoir de très « vives préoccupations » quant à l’implication du géant chinois des télécoms Huawei dans le nouveau réseau mobile 5G du Royaume-Uni.

Le ministre Gavin Williamson a déclaré au Times of London que Pékin agissait parfois « de manière malveillante » en précisant qu’une révision généralisée de la sécurité liée à Huawei serait justifiée.

Huawei est un important fournisseur d’équipements à large bande et de réseaux mobiles au Royaume-Uni, ce qui signifie que ses produits sont utilisés dans des infrastructures nationales critiques. La société a fourni des équipements à large bande à BT (anciennement British Telecom), le plus grand fournisseur de télécommunications du Royaume-Uni, et des réseaux mobiles à Vodafone.

Les déclarations de Gavin Williamson arrivent alors que les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Japon ont tous interdit à Huawei de participer à leurs mises à niveau 5G.

Des entreprises en France et en Allemagne ont également fait part de leurs préoccupations à l’égard de Huawei, la société française Orange ayant déclaré qu’elle ne l’engagerait pas pour construire son réseau 5G, tandis que la Deutsche Telekom allemande a annoncé qu’elle « réévaluait[sa] stratégie d’approvisionnement », après avoir récemment examiné Huawei.

« J’ai de sérieuses et très vives inquiétudes sur les équipements Huawei dans le déploiement de la 5G en Grande-Bretagne. C’est quelque chose que nous devrions examiner de très près », a déclaré M. Williamson au Times.

« Nous devons examiner ce que font nos partenaires, comme l’Australie et les États-Unis, pour s’assurer qu’ils disposent de la sécurité maximale de ce réseau 5G. Nous devons reconnaître le fait, comme on l’a vu récemment, que l’État chinois agit parfois de façon malveillante », a réitéré M. Williamson.

Un panneau indique « 5G park » à l’intérieur du siège mondial de Huawei à Shenzhen, Chine, le 18 décembre 2018. (Nicolas Asfouri/AFP/Getty Images)

Huawei a maintes fois affirmé qu’il s’agit d’une société privée qui n’est pas sous le contrôle du régime chinois et qui n’est pas assujettie aux lois chinoises sur la sécurité à l’étranger.

Cependant, il est bien documenté que les sociétés chinoises sont liées au régime communiste. Nombre d’entre elles sont tenues par la loi d’établir des branches du Parti communiste qui peuvent prendre part à la prise de décision pour s’assurer que les activités de l’entreprise soient conformes à la politique du Parti.

Ren Zhengfei, le fondateur de Huawei, a exprimé l’importance de la 5G pour l’entreprise.

« La guerre de la 5G est liée au destin futur de Huawei. Nous devons gagner la compétition pour les réseaux 5G, et nous n’hésiterons pas à payer le prix fort pour remporter la victoire », rapportaient les médias chinois en novembre.

L’entreprise a tenté d’atténuer les inquiétudes au sujet de sa sécurité en offrant aux organismes de sécurité britanniques 1,7 milliards € (2 milliards $) pour apporter des changements requis à son matériel et à ses logiciels.

Toutefois, au début du mois, Andrus Ansip, commissaire européen chargé de la technologie, s’est dit préoccupé par la règle du régime communiste chinois qui contraint les entreprises technologiques de coopérer avec ses services de renseignement.

« Il s’agit de portes dérobées obligatoires », a déclaré Andrus Ansip à Euractiv. « Ce n’est pas bon signe quand les entreprises doivent ouvrir leurs systèmes aux services secrets. »

Andrus Ansip a ajouté que les « gens ordinaires » ont raison « d’avoir peur » des entreprises chinoises comme Huawei.

Andrus Ansip, commissaire européen chargé du marché unique numérique, à Bruxelles le 25 mars 2015. (Emmanuel Dunand/AFP/Getty Images)

Alex Younger, le chef du service d’espionnage du MI6 britannique, a déclaré dans un rare discours public, le 3 décembre, que le Royaume-Uni doit décider dans quelle mesure il est à l’aise d’avoir Huawei impliqué dans des équipements de communication critiques.

« Nous devons décider dans quelle mesure nous serons à l’aise avec la gestion chinoise de ces technologies et de ces plateformes dans un environnement où certains de nos alliés auront adopté une position bien arrêtée », a dit M. Younger.

Le fournisseur BT a depuis déclaré qu’il n’utiliserait pas le matériel de Huawei dans son réseau 5G et a également commencé à retirer les équipements de l’entreprise chinoise du « cœur » de ses réseaux mobiles 3G et 4G. Il enlèvera également tout équipement Huawei trouvé dans un nouveau système de communication en cours de développement pour les services d’urgence du Royaume-Uni, bien que BT n’ait pas divulgué la raison.

Le mois dernier, les relations entre Huawei et les autorités britanniques se seraient détériorées lorsqu’un haut responsable britannique est sorti d’une réunion pour dénoncer l’incapacité apparente de l’entreprise à corriger les failles de sécurité au niveau de ses produits, selon une source citée par Reuters.

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