San Miguel de Allende, une séduisante ville d’art

13 mars 2018 08:00 Mis à jour: 4 avril 2021 15:12

Au cœur d’un paysage de montagnes et de vallées luxuriantes, San Miguel surgit comme un rêve intemporel. C’est que la petite ville mexicaine et son centre historique sont inchangés depuis près de trois siècles et pour en préserver le charme, tous les projets de restauration ou de construction doivent être absolument conformes à l’architecture coloniale du site pour préserver son titre de Patrimoine mondial de l’Humanité gagné en 2008.

L’église Santa Cruz del Chorro, la première église bâtie par les franciscains sur les hauteurs, non loin des sources qui aujourd’hui encore alimentent treize lavoirs tout comme jadis. (Charles Mahaux)

Tout a commencé en 1555 quand un missionnaire franciscain, le père Juan de San Miguel, choisit d’établir une communauté près de deux sources d’eau claire qui jaillissaient sur les flancs d’un canyon. Mal perçu par les autochtones Chichimecas qui vivaient dans la région, il fait venir d’autres indigènes de l’état de Mexico pour tenter une meilleure intégration. Comme la petite cité se situait idéalement sur la route qui reliait à la capitale deux villes minières importantes, Zacatecas et Guanajuato, une garnison de soldats espagnols s’y installe également pour assurer la sécurité des convois. Halte des caravanes et des mules sur la célèbre Route de l’Argent, San Miguel El Grande prospère rapidement au service des voyageurs et de leurs besoins. Les ruelles pavées se bordent de belles demeures coloniales peintes dans des couleurs chaudes aux tons ocre, jaunes et orangés dont les patios se chargent de plantes fleuries. Quelques barons de l’argent de Guanajuato en font leur résidence secondaire et la petite ville prend son essor comme lieu de villégiature.

Le Centre Culturel Ignacio Ramírez occupe l’ancien Couvent de la Concepción construit entre 1755 et 1765. On y organise des récitals de musique de chambre, des ateliers de peinture, d’arts plastiques, de sculpture mais aussi de danse, de théâtre, de piano ou de guitare. (Charles Mahaux)

Le déclin commence au lendemain de l’indépendance même si la ville s’enorgueillit d’avoir vu naître un acteur important de la conspiration contre le gouvernement espagnol, Ignacio Allende, un criollo qui dirigea la faction armée du groupe rebelle. San Miguel fut la première à se libérer de la tutelle coloniale et c’est pourquoi en 1826, la toute jeune république rend hommage à l’enfant du pays en accolant son nom à celui de la ville pour former San Miguel de Allende.

Paradis des GI
Avec l’arrêt de la plupart des mines, la petite cité s’endort comme figée dans le temps et elle serait devenue une ville fantôme si son exceptionnelle architecture baroque n’avait pas suscité l’intérêt du gouvernement mexicain qui prit conscience de la richesse historique du lieu et le classa monument historique dès 1926. Les années 40 voient débarquer quelques artistes américains qui, séduits par la qualité de la lumière et la douceur de vivre de la ville, y élisent domicile, drainant derrière eux des proches qui viennent en visite. En 1948 le magazine Life publiait un reportage sur San Miguel de Allende « le paradis des GI ». Le coût de la vie particulièrement bas au Mexique allait en effet contribuer à attirer de nombreux anciens soldats au lendemain des guerres et aujourd’hui encore, la petite ville est peuplée d’Américains vieillissants venant des Etats-Unis ou du Canada qui choisissent d’y passer l’hiver et n’hésitent pas à y acheter une résidence. C’est ainsi que naquit une seconde fois la vocation touristique de San Miguel de Allende qui ne devrait plus s’éteindre. Malgré la présence importante d’étrangers, nous sommes bien au Mexique. La magie opère toujours.

Il faut de bonnes jambes pour arpenter toutes les venelles fleuries bordées d’anciennes demeures coloniales qui dégringolent vers le centre historique. (Charles Mahaux)

Accrochée aux pentes d’une vallée, la balade se veut toujours un peu sportive entre les raidillons et les ruelles pavées qui dégringolent vers le centre de la ville. El Jardín Principal, la place principale est le lieu de ralliement de tous. Encadrée de belles demeures seigneuriales, certaines bordées d’arcades qui abritent des terrasses, elle est dominée par les tours de grès rose de l’église paroissiale San Miguel Arcángel. Si la construction de l’édifice a commencé en 1578, elle a beaucoup évolué au cours des siècles et sa facture actuelle néogothique est le fruit du labeur d’un tailleur de pierre d’origine indigène qui se serait inspiré de cartes postales de cathédrales gothiques européennes pour construire un ensemble étonnant de tours en forme de flûtes et de voûtes hautes perchées qui rappellent à la fois la Sagrada Familia de Gaudi et les châteaux de contes de fée. D’autres églises, toutes remarquables, jalonnent la découverte du centre historique, entre la riche façade baroque métis de l’Oratorio de San Felipe Neri coiffé de dômes multiples, le portail du Templo de la Salud surmonté d’une grande coquille St-Jacques abritant l’œil de Dieu ou encore la splendide façade churrigueresque en grès rose du Templo San Francisco aux airs d’église fortifiée.

Impossible de ne pas tomber sous le charme de l’imposante église de San Miguel Archange qui domine la place principale appelée Jardin Allende sans doute en raison des nombreux arbres qui bordent le kiosque central. (Charles Mahaux)

Esprit bohême
Cependant le charme de San Miguel de Allende tient à son ambiance décontractée, chaleureuse et quelque peu bohême, sans doute inspirée par les artistes qui ont marqué la ville de leur empreinte. Le Centre culturel Nigromante installé dans un ancien couvent du 18ème siècle abrite une école de Beaux-Arts active depuis 1938 et les travaux des étudiants s’affichent dans les galeries. Une salle mérite le détour pour y admirer une fresque inachevée du célèbre muraliste David Siqueiros relatant la vie de d’Allende.

San Miguel de Allende est le berceau su mouvement muraliste mexicain et David Siqueiros en est un fervent représentant, ici dans sa fresque inachevée dans une salle du Nigromante. (Charles Mahaux)

L’Institut Allende est un autre établissement qui accueille depuis 1961 une école de langues et d’art dans les murs du couvent des carmélites. Les nombreuses boutiques se révèlent être des petites galeries d’art qui exposent un artisanat mexicain de qualité mais aussi les travaux réalisés par les étudiants souvent retraités qui suivent avec assiduité les cours d’art dispensés dans la ville. Enfin un important marché artisanal aligne des dizaines de boutiques qui donnent le vertige tant sont nombreuses les possibilités d’achats de souvenirs.

Les indigènes Otomis vendent d’adorables petites poupées en chiffons colorés toutes différentes même si chacune affiche de grands yeux sombres et un sourire encadré de tresses décorées avec des liens de couleur. (Charles Mahaux)

San Miguel s’anime chaque soir sur sa place principale avec les groupes de mariachis qui interprètent à la demande les plus grands airs du genre. Les événements culturels, des spectacles, des soirées créent des liens privilégiés entre les habitants. Mais surtout chaque mois voit naître un festival qui sous une connotation souvent religieuse permet de maintenir une cohésion sociale entre les autochtones et les étrangers qui habitent la ville. Ainsi lors du carnaval, la coutume veut que les enfants écrasent sur la tête d’un voisin un cascarón, à savoir une coquille d’œuf séchée et farcie de confettis et parfois de farine. Il n’est pas rare de voir les enfants s’en prendre en riant aux belles dames américaines qui partagent volontiers avec eux leur plaisir. Subtile rencontre de cosmopolitisme et de tradition mexicaine.

Les fêtes du Carnaval rassemblent sur la place principale des centaines de personnes bien décidées à casser dans l’allégresse des œufs évidés, peints et remplis de confettis sur la tête ou le dos des uns et des autres. (Charles Mahaux)

Infos. www.visitmexico.com ou www.destinationmexique.com Située au centre du pays, dans l’Etat de Guanajuato, la petite ville coloniale a été classée en 2008 au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Depuis Mexico on peut s’y rendre en bus en 3 heures de voyage confortable. En matière de transport en bus, les Mexicains sont plutôt à la pointe : sécurité, collation, air conditionné, siège inclinable, etc.

Le jardin du boutique hôtel de La Puertecita offre une oasis de quiétude au cœur d’un jardin verdoyant quelque peu sauvage. (Charles Mahaux)

Se loger. Le boutique-hôtel La Puertecita est un havre de paix après une journée de visites et de shopping. En haut de la colline, loin du bruit de la ville, enclavé sur les pentes d’un petit canyon noyé de verdure, il ouvre la porte sur un petit paradis d’architecture coloniale contemporaine. 24 chambres, toutes spacieuses, nichent entre les jardins animés par des fontaines et des arbres touffus. Des vasques fleuries et des statuettes patinées par le temps animent les parterres fleuris encadrés de bougainvillées et de rhododendrons. Invitation à la détente, des chaises-longues tendent leurs bras à ceux qui veulent s’y lover, que ce soit pour lire ou se mettre à l’écoute du jardin. www.lapuertecita.com

 

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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