« Si on n’est pas en sécurité, on n’a pas de liberté » : ces Français qui s’expatrient parce qu’ils ne reconnaissent plus leur pays

Par Emmanuelle Bourdy
18 mai 2022 11:00 Mis à jour: 18 mai 2022 11:39

Ne reconnaissant plus leur pays, la France, de plus en plus de citoyens décident de s’expatrier. Un choix par dépit. Entre une insécurité grandissante, mais aussi avec l’arrivée de ce courant visant à détruire le passé, la cancel culture, en passant par le communautarisme, de nombreux français pointent cette « grande métamorphose » qui s’opère sous leurs yeux, ne pouvant que constater amèrement qu’aucun des gouvernements successifs ne réagit et que les extrêmes continuent de monter dans l’Hexagone.

Les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir s’expatrier et à franchir le pas, notamment dans des pays tels que le Portugal, la Hongrie, ou encore la Grèce, rapporte Le Figaro dans une enquête publiée le 11 mai dernier. Ils reprochent à la France d’être devenu un pays où règne l’insécurité sous toutes ses formes, incivilités et agressions en tout genre, cambriolages, trafics, mais dénoncent aussi la montée du communautarisme et de la « cancel culture ».

« J’ai réalisé que même le 16e arrondissement de Paris n’était plus un sanctuaire »

« Ce qui fait peur, c’est qu’il n’y a plus de limites, qu’on a l’impression que tout peut arriver », a constaté avec amertume Christophe, un soixantenaire dans le domaine du conseil en finances. Estimant que notre mode de vie est menacé, il a ajouté que les « murs porteurs de notre civilisation » commencent à trembler, reprenant les mots de Philippe de Villiers. Il considère également que nos élites sont « déconnectées », pointant au passage « l’effondrement de la France dans le classement Pisa ». Durant toutes ces dernières années, Christophe a vu sa ville natale, Nantes, « sombrer dans la délinquance ». « J’ai réalisé que même le 16e arrondissement de Paris n’était plus un sanctuaire », a-t-il ajouté dans les colonnes du Figaro.

Devant ce constat que Christophe et bien d’autres font, certains ont décidé de quitter la France. Jérôme Fourquet, analyste politique, expert en géographie électorale, directeur du département Opinion à l’IFOP et auteur de L’Archipel français (2019), a indiqué : « L’une des conséquences de la mondialisation, c’est qu’une part croissante de nos concitoyens s’expatrie. Leurs motivations sont très différentes : économiques, fiscales, et puis aussi des questions de qualité de vie, de sécurité, d’identité. »

« Mais c’est nous les parias : on aime la France, et il faut qu’on s’en aille ! »

Un Français qui passe toutes ses vacances au Portugal a expliqué au Figaro : « Catholique pratiquant, j’ai retrouvé un aspect de la France que je ne voyais plus chez moi : celle des Trente Glorieuses, marquée par une vie paisible, une culture, une école solide, l’importance de la famille. » Privilégiant la qualité de vie plutôt que le salaire, il a déclaré : « Si une opportunité de travail à Lisbonne ou de télétravail se présentait, je la prendrais tout de suite. »

Ferenc Almássy, le rédacteur en chef d’un site d’informations conservateur (Visegrad Post), souligne qu’« en Hongrie, nous ne sommes pas confrontés à l’immigration. Il n’y a pas d’attentats. Avoir peur de prendre le bus la nuit, on ne connaît pas. Mais je mets toujours en garde : changer de vie, apprendre le hongrois, reprendre sa carrière à zéro, c’est parfois très dur ! Il y a aussi des gens qui reviennent sur leurs pas… »

Laure, âgée de 48 ans, mariée à un Franco-Hongrois et native d’Aix-en-Provence, s’est installée en 2019 en Hongrie. Elle se dit « très en colère contre [son] pays », car il y a « plein de gens qui ne veulent pas respecter nos lois ». « Mais c’est nous les parias : on aime la France, et il faut qu’on s’en aille ! », s’est-elle insurgée. « Quand on boit un verre en terrasse entre amies, habillées comme on veut, on peut laisser notre portable sur la table. Quand je vais à la plage, je peux rester une heure dans l’eau sans me retourner, mon sac sera toujours là », a-t-elle détaillé, ajoutant : « Je ne peux pas me sentir tout à fait hongroise, j’ai grandi avec la France dans mon cœur ! Mais je sais ce que la Hongrie me donne et ce que la France ne m’a pas donné. » « Si on n’est pas en sécurité, on n’a pas de liberté », a-t-elle conclu.

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