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Soignants et patients ukrainiens réunis dans un hôpital d’Allemagne

mai 14, 2022 15:35, Last Updated: mai 14, 2022 15:36
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Au sommet des mâts qui se dressent devant l’hôpital UKSH de Lübeck, quatre drapeaux ukrainiens subissent les assauts du vent du nord de l’Allemagne

Dans cet établissement hospitalier universitaire, aide- soignantes et médecins ukrainiens traitent des malades de leur pays natal depuis le début de l’offensive russe.

Originaire de Tchernivtsi, une ville d’Ukraine proche de la frontière roumaine, Oleksandra Shaniotailo, 31 ans, a été embauchée il y a deux mois comme aide-soignante.

« En Ukraine, j’ai travaillé pendant 11 ans dans un hôpital »

« J’attends maintenant que mon diplôme d’infirmière soit reconnu », explique-t-elle à l’AFP dans son allemand tout neuf.

« En Ukraine, j’ai travaillé pendant 11 ans dans un hôpital », poursuit la jeune femme venue accueillir vendredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba.

En marge de la réunion des chefs de la diplomatie du G7 près de Lübeck, l’Ukrainien a visité cet hôpital qui a pris en charge 61 jeunes réfugiées appelées à devenir infirmières.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne Andrij Melnyk en visite sur le campus de Lubeck hôpital en mai 13 2022. Photo de MORRIS MAC MATZEN/AFP via Getty Images.

Avant une séance de selfies, elles lancent à l’illustre visiteur quelques mots teintés de ferveur patriotique.

« Pendant cinq mois, je travaille en ambulatoire avant d’entamer un cours de quatre mois pour la reconnaissance de mon diplôme », indique également Anastasiia Demicheva, 20 ans, originaire de la même ville.

Centre hospitalier universitaire d’Allemagne avec plus de 2.600 lits

La frêle jeune femme dont le maquillage soigné camoufle à peine l’extrême pâleur sert les repas des malades, les lave et les aide à se déplacer dans les longs couloirs de l’hôpital qui emploie quelque 2.000 médecins, répartis entre Lübeck et la ville plus au nord de Kiel.

Parallèlement elle suit des cours d’allemand afin de pouvoir converser avec fluidité avec les patients.

L’UKSH, l’un des plus grands établissements hospitaliers universitaires d’Allemagne avec plus de 2.600 lits à Lübeck et Kiel, soigne également des malades ukrainiens.

Le logo du campus de Lubeck de l’hôpital  UKSH traitant des patients ukrainiens, le 13 mai 2022. Photo de MORRIS MAC MATZEN/AFP via Getty Images.

« Nous avons des patients qui étaient traités pour des cancers et leur chimiothérapie a été interrompue » avec la guerre, explique à l’AFP le président du centre hospitalier, Jens Scholz, 63 ans.

Soigné pour un cancer diagnostiqué à Kiev

Parmi eux, Oleg Kovalenko est soigné pour un cancer diagnostiqué à Kiev. Dans sa blouse jaune d’hôpital, cet homme au visage cireux témoigne au ministre en visite sa reconnaissance d’avoir été pris en charge dans la cité hanséatique.

« C’est une immense chance », dit-il en ukrainien avant de lancer un « Danke » (« merci ») en allemand.

L’hôpital accueille également des enfants ukrainiens qui doivent subir de lourdes interventions chirurgicales pour des problèmes cardiaques.

« Près de 500 patients ukrainiens ont été pris en charge » depuis la fin février, dont une majorité en hôpital de jour, précise M. Scholz.

L’hôpital a livré du matériel médical et des médicaments à des hôpitaux de Lviv

Quand l’Ukraine a sombré dans la guerre, l’UKSH a livré du matériel médical et des médicaments à des hôpitaux de Lviv, Jytomyr ou Ivano-Frankivsk. Plus de trois millions d’euros de dons ont aussi été amassés. Un cinquième convoi d’appareils respiratoires, de lits d’hôpital et de matériel opératoire doit s’ébranler le 19 mai.

Derrière cette vaste coopération avec l’Ukraine entamée en fait dès 2014, un couple ukrainien employé de l’hôpital, elle comme biologiste et lui comme chirurgien.

« Je vis depuis 12 ans (en Allemagne), je suis devenu médecin chef responsable des transplantations », raconte à l’AFP Hryhoriy Lapshyn, 40 ans. En étant ici, « je peux bien mieux aider les Ukrainiens que si j’étais resté dans mon pays », juge-t-il.

Les jeunes Ukrainiennes fraîchement arrivées vont devenir infirmières. « L’Ukraine en profitera aussi », assure-t-il, balayant ainsi les critiques de ceux qui jugent qu’elles devraient plutôt soigner les blessés de guerre.

« Mon cœur saigne »

Malgré tout, le couple ne cache pas sa douleur indicible face à l’horreur qui accable son pays natal.

Les mots jaillissent. « Mon cœur saigne », lâche Olha Lapshyna. « Je me demande très souvent ce que je fais ici. Pourquoi ai-je le privilège d’être ici? ».

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba  part après une visite sur le campus de l’hôpital traitant des patients ukrainiens à Lubeck, dans le nord de l’Allemagne, le 13 mai 2022. Photo de MORRIS MAC MATZEN/AFP via Getty Images.

« Quelquefois nous ne ressentons plus d’émotions, juste des devoirs », reprend son époux qui avoue être pris dans un tourbillon. « Tu dois aider les gens, on t’appelle en permanence ».

Au cours de sa visite menée tambour battant, le ministre leur a rendu un hommage appuyé.

« La guerre, ce n’est pas seulement des soldats qui se battent », a souligné Dmytro Kouleba. « Je suis très touché que vous ayez trouvé le rôle que vous pouviez jouer » dans cette guerre.

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