OPINIONS

Le sortilège du «woke» et la présidentielle américaine

juin 7, 2023 17:09, Last Updated: juin 7, 2023 17:09
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Le professeur en théorie politique Joshua Mitchell a récemment écrit un article qui devrait être lu par toute personne perplexe et frustrée par la très étrange situation politique aux États-Unis. L’article porte un titre surprenant : « La formidable candidature de Joe Biden ».

Selon M. Mitchell, les conservateurs et les républicains américains qui mentionnent avec un petit sourire les nombreuses faiblesses, maladresses, trébuchements et bafouillages de l’actuel président américain comprennent mal la situation. Ces faiblesses sont la raison même pour laquelle une bonne partie de l’électorat le soutient.

Les Américains « woke » qui aiment la politique identitaire, ainsi que les progressistes et les libéraux qui s’engagent comme leurs compagnons de route, préfèrent en fait un dirigeant qui a montré sa volonté d’exprimer les dogmes de la politique identitaire avec l’obéissance d’un robot correctement programmé. Si le dirigeant exerce son pouvoir pour mettre en œuvre ces dogmes, il répond parfaitement à la demande de changement exprimée par les wokes. Ils veulent que leur leader soit un suiveur, et ses quelques défauts et incapacités indiquent son aptitude pour le poste.

J’ai entendu un animateur de radio conservateur plaisanter au sujet de l’une des chutes de Joe Biden et de sa sénilité, comme si de tels moments prouvaient aux Américains le danger de le maintenir à la Maison-Blanche. En réalité, selon Joshua Mitchell, chaque faux pas de Biden renforce ses chances à la réélection. (Mitchell pense que Biden gagnera la présidentielle en 2024.)

Il y a un nouveau facteur qui entre en jeu dans cette situation très étrange. Dans une nation envahie par la politique identitaire – où les individus sont classés en fonction de leur appartenance démographique et cultuelle – les hommes blancs, hétérosexuels et chrétiens se trouvent au bas de l’échelle. Ils sont les plus coupables, ceux qui doivent payer pour les crimes du passé (et d’aujourd’hui).

Comme l’affirme Joshua Mitchell, en Amérique 2023 « nous sommes arrivés à la fin de l’histoire ».

À ce stade, il n’y a plus de politique ordinaire, pas de luttes de pouvoir entre factions et intérêts.

« La seule chose qui compte maintenant, c’est de régler les vieilles dettes – par exemple, les blessures historiques datant de centaines d’années – entre les soi-disant groupes identitaires. »

Curieusement, tout ce dispositif ne fonctionne que lorsqu’un homme blanc, l’un des « premiers transgresseurs », est assis à la tête de la table multiculturelle. Les politiciens identitaires ont besoin de lui comme point central. Il joue un rôle unificateur pour tous ceux qui ne sont pas comme lui, pas blancs, hétérosexuels, chrétiens et masculins. En réalité, l’étiquette collective de « personne de couleur » n’est qu’une « unité artificielle ».

Les Hispaniques pauvres de Los Angeles n’ont pas grand-chose en commun avec les propriétaires de petites entreprises asiatiques d’Atlanta ou les étudiants afro-américains des universités prestigieuses. Seul leur statut de victime les unit, et la présence d’un « bourreau » dans la pièce renforce le sentiment de leur souffrance commune. Si l’on supprimait l’homme blanc, les sous-cultures et les intérêts divergents de ces groupes apparaîtraient au grand jour. Le point commun disparaîtrait.

D’où la nécessité d’un président blanc. Mais il doit être le « type approprié » d’homme blanc : culpabilisé et déférent envers les personnes de couleur, les femmes et les LGBTQ+. Il doit être toujours prêt à s’excuser pour son identité et à s’abstenir de tout jugement positif sur cette identité.

Les déclarations de Joe Biden sur la race, le genre et la sexualité sont fausses et absurdes, mais la vérité n’est pas la question. Ne citons que deux exemples de ses propos : « Il n’y a pas une seule chose qu’un homme puisse faire qu’une femme ne peut faire aussi bien ou mieux. Pas une seule chose » ; « Pourquoi, au nom de Dieu, n’enseignons-nous pas l’histoire dans les cours d’histoire ? C’est un Noir qui a inventé l’ampoule électrique, pas un Blanc du nom d’Edison. » Ces déclarations ont un autre objectif : rassurer les wokes en leur montrant qu’il connaît sa place et qu’il leur est toujours fidèle.

Si l’actuelle vice-présidente Kamala Harris le remplaçait, tout ce schéma exploserait. C’est une victime qui détiendrait le pouvoir, une victime déculpabilisée et fière de son identité. Elle n’unifierait pas les victimes. Elle élèverait automatiquement deux groupes de victimes (les Afro-Américains et les femmes) au-dessus de tous les autres. Elle ne pourrait pas dispenser la justice sociale avec la même neutralité que Joe Biden.

Non, il faut que ce soit un homme blanc, hétérosexuel et chrétien qui soit faible et coopératif. Les commentateurs conservateurs et les stratèges républicains qui ne comprennent pas cela pensent et agissent comme si nous étions en 1995. Ils sont dans le déni ou peut-être simplement trop effrayés pour s’attaquer fermement à la politique identitaire. Lorsque Donald Trump a dénoncé le « politiquement correct » à maintes reprises lors de sa campagne de 2016, on peut imaginer les consultants grimacer et marmonner : « Non, non. »

Et pourtant, Trump a gagné les élections présidentielles de 2016. Il est allé droit au cœur de la vraie bataille de l’Amérique d’aujourd’hui, et c’est pourquoi la RÉSISTANCE a commencé dès le premier jour de son mandat et ne s’est jamais arrêtée. Joshua Mitchell a qualifié le règne de la politique identitaire de « sort » jeté sur le pays, un sortilège que la politique ordinaire n’éliminera pas. Nous vivons un « chapitre grotesque de l’histoire américaine ».

Pour M. Mitchell, la seule solution est « une chrétienté revigorée ». Mais, bien sûr, les politiciens républicains ne peuvent pas dire cela. Ils sont dans une position inégale. Les wokes ont leur religion et la prêchent haut et fort. À moins que les républicains ne présentent une autre religion, une meilleure, Biden remportera un second mandat, quel que soit le nombre de fois qu’il confond les noms, trébuche dans les escaliers et grimace à cause de ses oublis.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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