Têtes de porc devant des mosquées : l’éleveur parle d’une transaction « particulière » et « loin de ses idéaux »

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Photo: Crédit photo STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images
Un éleveur de Normandie a été surpris d’apprendre dans la presse que des têtes de porc avaient été déposées devant des mosquées à Paris. Ayant vendu la veille des faits de telles têtes à des acheteurs dont il ignorait les intentions, il a rapidement fait le rapprochement et choisi d’en informer les enquêteurs. L’agriculteur s’est publiquement désolidarisé de cet acte, qu’il dit contraire à ses convictions.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, neuf têtes de porc – animal jugé impur par la tradition islamique – ont été déposées devant des mosquées à Paris et en banlieue, déclenchant une enquête pour provocation et soupçons d’ingérence étrangère. Un éleveur normand, qui affirme avoir vendu ces têtes à deux hommes circulant dans une voiture immatriculée en Serbie, a alerté les enquêteurs et craint désormais des représailles.
Des individus parlant « très peu français et très mal anglais »
Impliqué malgré lui dans cette affaire délicate, l’éleveur normand a confié ce 13 septembre à BFMTV, sous couvert d’anonymat, qu’un homme désireux d’acheter ces têtes de porc l’avait approché en ligne, quelques semaines avant les faits. Cet individu lui avait expliqué par mail qu’il était en Seine-et-Marne, à près de deux heures de route. L’agriculteur se souvient avoir trouvé sa requête pour le moins étrange.
Le 8 septembre, date du rendez-vous, les acheteurs s’étaient présentés en retard, faute d’avoir pu trouver l’atelier. En voyant qu’il s’agissait d’une voiture étrangère et que les protagonistes parlaient « très peu français et très mal anglais », l’agriculteur a commencé à trouver la situation incohérente et la transaction « particulière ». Il a donc décidé de prendre le véhicule en photo.
Découvrant dans la presse la tournure des événements, l’agriculteur a tenu à préciser à nos confrères que ce type d’action était « vraiment loin » de ses idéaux. « C’est particulier comme sentiment, ce n’est pas habituel en tout cas », a-t-il ajouté, craignant que cette affaire ne lui attire des ennuis, voire des représailles.
Deux personnes soupçonnées
Selon le parquet de Paris, les investigations de la brigade criminelle et de la police judiciaire ont rapidement établi que les auteurs étaient « des personnes de nationalité étrangère qui ont aussitôt quitté le territoire ».
Ces actes traduisent, d’après le ministère public, « une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation ». Une source policière a précisé à BFMTV ce mardi que ces actes ont pour but de semer des divisions entre communautés, à l’image des étoiles de David et des mains rouges taguées à Paris, ou encore de la peinture verte projetée sur des synagogues.
L’enquête se poursuit donc, sous la direction de la section de protection des libertés publiques du parquet de Paris (AC2), pour des faits qualifiés de « violences volontaires sans incapacité à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée commis dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère ou d’une entreprise ou d’une organisation étrangère ou sous contrôle étranger », précise la chaîne d’information en continu.
Pour l’heure, deux personnes sont soupçonnées : elles se seraient déplacées dans un véhicule « dont la plaque d’immatriculation serait serbe » et auraient utilisé une « ligne téléphonique croate », mais aucune n’a été interpellée.

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