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Tunisien radicalisé expulsé : la préfecture invoque la sécurité, ses avocats dénoncent un risque de torture en Tunisie

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Maison d'arrêt des Hauts-de-Seine, à Nanterre.

Photo: Crédit photo THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Ce vendredi 11 juillet, les services du ministère de l’Intérieur ont reconduit en Tunisie Mohamed Fahem, un homme radicalisé condamné en France pour association de malfaiteurs terroriste. Ses avocats parisiens s’en sont indigné, estimant que dans son pays d’origine, il court « un risque excessivement élevé d’être torturé ».
« À l’aube ce matin, les services du ministère de l’Intérieur ont reconduit en Tunisie notre client, Mohamed Fahem, cueilli comme tant d’autres au sortir de sa détention. Nous n’avons, depuis, plus aucune nouvelle de lui », ont indiqué ce vendredi dans un communiqué ses conseils, Mes Raphaël Kempf, Léo Boxelé et Romain Ruiz.
Soupçonné de préparer une violente attaque en France 
Estimant qu’il risquait d’être torturé s’il était renvoyé dans son pays d’origine, la justice a rejeté la demande d’extradition. Pourtant, ce Tunisien de 35 ans avait rejoint le groupe terroriste État islamique à Raqqa, en Syrie, en 2014, avant de le quitter un an plus tard pour se réfugier en Allemagne.
En octobre 2019, Mohamed Fahem avait été interpellé à Villers-Cotterêts (Aisne), après que les autorités ont reçu une information confirmant son ancienne appartenance à Daesh, comme l’a appris Valeurs actuelles de source proche du dossier. Nos confrères précisent que cet homme, qui avait effectué plusieurs déplacements à l’étranger, était soupçonné par les services de renseignement de préparer une action violente en France. Il serait d’ailleurs toujours radicalisé à l’heure actuelle.

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En décembre 2023, le tribunal judiciaire de Paris l’a donc condamné à six ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste avec obligation de quitter le territoire français (OQTF) et interdiction définitive du territoire français.
Son maintien sur le territoire national constituait une menace
Également poursuivi en Tunisie pour des faits de « terrorisme » – des accusations sur lesquelles ses avocats affirment ne disposer d’aucune information précise – Mohamed Fahem a été condamné en son absence dans son pays natal à 132 ans de prison. Alors qu’il était incarcéré en France, le président tunisien Kaïs Saied a adressé une demande d’extradition à son encontre.
Cependant, en janvier dernier, trois juges spécialisés de la cour d’appel de Paris ont rejeté cette demande d’extradition, arguant que cela ferait encourir à Mohamed Fahem « un risque réel et sérieux de subir un déni de justice flagrant ». La cour d’appel a estimé que le trentenaire encourrait dans son pays un « risque réel de subir des actes de torture ».
De leur côté, les services du préfet des Hauts-de-Seine ont tout de même adressé une demande de reconnaissance aux autorités tunisiennes le 25 février dernier, estimant que son maintien sur le territoire national constituait une menace, précise encore Valeurs actuelles. Cette démarche a abouti à la délivrance d’un laissez-passer consulaire le jeudi 10 juillet.
« Pas eu le temps de la contester »
Son expulsion est intervenue alors que le Conseil d’État avait prévu d’examiner samedi un recours pour suspendre l’arrêté d’expulsion le visant. « M. Fahem a atterri à Tunis sans laisser le temps au Conseil d’État d’enregistrer son recours, ni à la Cour européenne des droits de l’Homme de sauvegarder ses droits », ont déploré ses avocats, comme le relate encore l’AFP.
Les avocats ont tenté de saisir en urgence le Conseil d’État ce jeudi, mais la démarche est intervenue trop tard. Lorsque leur recours a été enregistré, le vendredi matin, leur client se trouvait déjà à bord de l’avion pour la Tunisie, souligne BFMTV. Même si cette nouvelle demande d’extradition est tout à fait légale, « le ministère de l’Intérieur a fait en sorte que ça aille tellement vite que l’on n’a pas eu le temps de la contester », a pesté l’avocat du prisonnier, Me Léo Boxelé.
Cette expulsion a finalement été validée par un juge des référés du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, précise encore la chaîne d’information en continu. Ce vendredi 11 juillet, Mohamed Fahem a donc été escorté par les services du ministère de l’Intérieur depuis la maison d’arrêt de Nanterre jusqu’à l’aéroport, où un vol pour Tunis l’attendait.