Un artiste utilise la photographie sur plaque humide au collodion pour dépeindre les Indiens d’Amérique – et les photos sont géniales

Par Louise Bevan
22 avril 2021 18:43 Mis à jour: 9 mai 2021 06:21

Grâce à une technique de photographie archaïque connue sous le nom de « plaque humide », le « créateur d’images » autodidacte Shane Balkowitsch a lancé un projet de 20 ans visant à représenter les Amérindiens des Plaines du Nord de nos jours. Comme aucune autre technique, la maîtrise de ce procédé nostalgique permet à cet artiste du Dakota du Nord de nous faire connaître l’esprit, la fierté et la culture impérissable de ses pairs.

La série de 1 000 portraits de S. Balkowitsch, intitulée Northern Plains Native Americans : A Modern Wet Plate Perspective a été donnée dans son intégralité à la société historique du Dakota du Nord.

Inspiré par le photographe Edward Curtis, dont les photographies sur plaque sèche ont immortalisé la culture amérindienne au début du XXe siècle, Shane Balkowitsch a choisi comme premier sujet de sa série Ernie LaPointe, l’arrière-petit-fils de Sitting Bull (ou Taureau assis). Cette image reste à ce jour la préférée de l’artiste. Elle a donné le ton de ses futurs projets.

Elle « semblait juste », a-t-il déclaré à My Modern Met dont la mission est de soutenir les arts. « C’est maintenant l’œuvre de ma vie. »

(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)
(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)

Lors des séances de photos du vendredi, Shane Balkowitsch invite ses sujets dans son studio de Bismarck à s’asseoir, en tenue traditionnelle, pendant les 10 à 12 secondes d’exposition à la lumière naturelle nécessaires pour capturer chaque image. Il ne s’agit pas vraiment d’une photographie, mais plutôt d’un film de 10 secondes dans lequel « il y a des battements de cœur, quelques respirations superficielles, le tout capturé sur la plaque ».

Shane Balkowitsch entretient des relations avec tous ses sujets. Grâce au bouche-à-oreille, son studio est complet des mois à l’avance.

Entièrement autodidacte, l’artiste a pris pour la première fois un appareil photo 8×10 en 2012. Conquis par l’effet qu’a produit une plaque humide qu’il a vue en ligne, il a découpé sa première plaque à la main en 45 jours, et son frère Chad est devenu son premier sujet.

Shane Balkowitsch fait l’éloge de la plaque humide comme étant « le procédé photographique le plus romantique qui ait jamais été créé ». Inventé par Frederick Scott Archer en 1848, ce procédé consiste à enduire des plaques de verre noir de solutions de collodion et de nitrate d’argent qui, encore humides, produisent une image lorsqu’elles sont exposées à une lumière vive.

Le résultat est un arrêt sur image d’une grande dignité et d’une apparente sobriété, rappelant une époque révolue.

(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)

« J’estime qu’il est très important qu’à mesure que la technologie progresse, nous embrassions et continuions à célébrer, sans les oublier, les processus importants du passé », a déclaré Shane Balkowitsch au journal Epoch Times.

Sa première exposition de série de 145 plaques, organisée à la Bismarck Art and Galleries Association en novembre 2017, a battu le record de fréquentation de la galerie depuis 25 ans. La même année, Shane Balkowitsch a construit et ouvert son studio Nostalgic Glass Wet Plate Studio à Bismarck.

L’espace de 550 m², avec des fenêtres UV et des puits de lumière, permet à M. Balkowitsch de reproduire les conditions de photographie en studio de ses prédécesseurs.

(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)
(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)

Au terme de son périple de 20 ans, Shane Balkowitsch, actuellement le seul photographe sur plaque humide du Dakota du Nord, a l’intention de publier quatre livres contenant chacun 50 de ses œuvres préférées. Dans la préface de son premier volume, Dakota Goodhouse, de la tribu des Lakota Hunkpapha, décrit comment il a vu son propre portrait sur plaque humide se développer sous ses yeux.

« C’était plus que de se regarder dans un miroir et de voir un reflet. C’était plus que de regarder une peinture et de se reconnaître. C’était comme un rêve, et cette reconnaissance de soi a réveillé quelque chose en moi », a-t-il affirmé.

« Je pouvais comprendre à ce moment-là ce que cela a dû représenter pour nos aïeux de se voir prendre leur image sur une plaque humide il y a longtemps. »

En octobre 2018, Shane Balkowitsch a reçu le nom de « Shadow Catcher[Capteur d’ombres] » de Calvin Grinnell, un aîné de la tribu amérindienne Hidatsa, lors d’une cérémonie officielle organisée dans son studio. Il appelle cela le plus grand honneur de sa vie.

(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)
(Avec l’aimable autorisation de Shane Balkowitsch)

L’artiste partage des mises à jour de son travail sur Facebook et sur son site Web. Un documentaire primé, Balkowitsch, retrace le parcours extraordinaire de l’artiste jusqu’à aujourd’hui.

Dans un monde numérique, réfléchit-il, l’histoire peut facilement se perdre dans l’oubli du temps. La plaque humide, en tant qu’enregistrement analogique tangible, perdurera.

« Je veux que les gens comprennent que les Amérindiens sont toujours là. Ils ont toujours leur héritage, ils ont toujours leurs insignes, ils ont toujours leur langue et leurs chants », a déclaré M. Balkowitsch.

« Ils ont survécu. Peu importe ce que nous leur avons fait, ils sont toujours là, devant nous, et nous rappellent qui sont vraiment les premiers habitants [des Amériques]. »

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