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Un écrivain chinois de 89 ans condamne le PCC pour sa politique de zéro Covid dans une lettre ouverte au Premier ministre

septembre 29, 2022 23:25, Last Updated: septembre 29, 2022 23:25
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Les tests PCR obligatoires de masse et le confinement aléatoire des villes ont suscité un tollé au sein de la population chinoise.

Des protestations ont éclaté ces derniers mois dans tout le pays, notamment à Pékin, Tianjin, Guiyang, Chongqing et Wuhan. Pendant ce temps, les Chinois ont ouvertement exprimé leur mécontentement en ligne, s’opposant à la politique sévère de zéro Covid du régime.

« Le Parti [le Parti communiste chinois] devrait gouverner les affaires du Parti, et le gouvernement devrait gouverner les affaires gouvernementales. Mais maintenant que le Parti gouverne tout, que fait le gouvernement ? Pendant la pandémie, [le Parti] confine les villes et ferme les rues et les routes. Les tests PCR quotidiens, les codes jaunes et les codes rouges, l’éloignement et l’isolement des gens – tout est si chaotique et désordonné. Le mécontentement est général parmi les gens ordinaires, qui n’ont nulle part où se plaindre. »

Ces mots font partie d’une lettre ouverte adressée au Premier ministre du régime chinois, Li Keqiang, publiée en ligne le 22 septembre par Tie Liu, un écrivain et ancien journaliste chinois âgé de 89 ans, qui condamne les politiques draconiennes du PCC en matière de « zéro Covid » et exige une explication de tout fondement juridique de ces politiques.

Tie Liu, qui signifie « torrent de fer » en chinois, est le nom de plume de Huang Zerong, un ancien journaliste du Chengdu Daily. Cet octogénaire au franc-parler est originaire de la ville de Chengdu, dans la province chinoise du Sichuan (sud-ouest), et a été un critique actif du PCC.

Condamnation du PCC pour les politiques de zéro Covid

Tie Liu était en colère contre les politiques de zéro Covid.

« Pendant le confinement des villes et la fermeture des routes et des rues, certaines personnes se sont suicidées en sautant des bâtiments ; certaines personnes avaient des problèmes mentaux ; certaines personnes étaient gravement malades mais sont mortes parce qu’elles ne pouvaient pas entrer à l’hôpital sans test d’acide nucléique », peut-on lire dans la lettre ouverte de Tie Liu.

Dans sa lettre, Tie Liu compare le Kuomintang, également connu sous le nom de Parti nationaliste chinois, qui était le parti au pouvoir en Chine avant 1949, au Parti communiste chinois (PCC).

Il rappelle qu’une épidémie de choléra s’est déclarée à Chengdu en 1943, alors que le Kuomintang était au pouvoir. Il a déclaré que le choléra était très infectieux et sévère, avec des symptômes de diarrhée et de vomissement, et que deux résidents vivant dans la même rue que lui sont morts en deux semaines.

« Mais le Kuomintang n’a jamais confiné la ville ou la rue, et n’a pas non plus semé la pagaille parmi les gens ordinaires. Aujourd’hui, il n’y a pas de morts [causés par le Covid-19 à Chengdu], mais [le PCC ne permet pas] aux gens ordinaires de vivre une vie paisible », peut-on lire dans la lettre de Tie Liu.

Il mentionne également l’accident du bus de quarantaine de Guizhou qui a tué 27 personnes le 18 septembre.

Un agent de santé portant une combinaison de protection individuelle se tient à côté du bus dans une section bouclée de la zone des arrivées internationales, où les voyageurs doivent être mis en quarantaine, à l’aéroport international de Wuhan, en Chine, le 14 janvier 2021. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

Il condamne le secrétaire du comité municipal du Parti de Guiyang pour avoir ignoré la vie des gens.

« L’auteur de la tragédie, le secrétaire du parti municipal, n’a fait que s’incliner ! Les gens peuvent-ils être convaincus ? À mon avis, il devrait être arrêté et envoyé en prison, et le drapeau national devrait être mis en berne en signe de deuil [des victimes de l’accident de bus] », écrit Tie Liu.

Tie Liu demande à Li Keqiang si les décrets du PCR émanaient du Conseil d’État et, dans l’affirmative, quelle était la base juridique d’une telle réglementation.

« Notre pays a une constitution et diverses lois. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas trouvé de clause interdisant l’entrée à l’hôpital sans test d’acide nucléique. Par conséquent, j’écris au Conseil d’État pour obtenir une explication explicite », écrit le critique.

Refusé par l’hôpital pour avoir refusé de passer des tests PCR

Tie Liu a personnellement souffert des exigences du test PCR obligatoire.

« Sans test PCR, vous n’êtes pas autorisé à entrer dans un hôpital, ou un supermarché, ou un village, ou une ville. Quelle est cette règle ? Il n’y a aucune base légale ! » explique Tie Liu dans une interview accordée à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 25 septembre.

Le 22 septembre, il est allé consulter un médecin au Département spécial des consultations externes de l’Hôpital occidental de Chengdu pour obtenir des médicaments, mais l’hôpital ne l’a pas admis car il n’avait pas de certificat de test PCR.

« J’ai presque 90 ans et je suis en mauvaise santé. Je suis atteint d’un cancer du poumon en phase terminale », confie Tie Liu.

Comme il vit dans une petite ville à une quarantaine de kilomètres de Chengdu pour se reposer et récupérer, passant la plupart de son temps à l’intérieur de la maison et sortant rarement pour de grands rassemblements, il ne veut pas subir de tests PCR ou de vaccins Covid.

Il a donc demandé aux autorités de l’hôpital si elles disposaient d’une réglementation gouvernementale imposant des tests PCR obligatoires pour entrer dans un hôpital.

Les autorités de l’hôpital n’ont pas pu lui montrer de telles réglementations, mais elles n’ont pas non plus voulu le laisser entrer, précise-t-il.

« Ils m’ont même poussé dehors », poursuit Tie Liu. « Ils ont même menacé de transformer mon code de santé vert en rouge si je refusais de passer le test PCR ce jour-là. »

Le personnel attend de vérifier le permis d’entrée des personnes, d’examiner la température corporelle et de scanner leurs codes de santé à l’entrée d’un complexe résidentiel dans la ville de Jilin, en Chine, le 25 mai 2020. (STR/AFP via Getty Images)

En Chine, les personnes ayant un code de santé rouge sont strictement confinées à leur domicile ou dans des centres de quarantaine.

C’est ce qui a poussé Tie Liu à écrire une lettre ouverte au Premier ministre.

« À mon âge, je n’ai rien à craindre. Je veux juste savoir clairement si c’est stipulé par le Conseil d’État. Sinon, pourquoi les hôpitaux n’autorisent pas les gens à entrer ? »

Tie Liu signale qu’après avoir publié sa lettre ouverte en ligne, de nombreuses personnes lui ont exprimé leur soutien . La lettre a ensuite été retirée et n’est désormais plus disponible en ligne en Chine.

Gao Yu, journaliste indépendante et dissidente chinoise, a publié la lettre le 24 septembre dans un tweet. Elle avait déjà été persécutée à plusieurs reprises pour avoir couvert la manifestation pacifique des étudiants sur la place Tiananmen en 1989. Plus tard, elle a été persécutée pour ses reportages indépendants sur l’économie et la politique chinoises, selon l’IFEX, un réseau international de plus de 100 organisations non gouvernementales qui « défend les droits de tous à la libre expression et à l’accès à l’information ».

« De nombreuses personnes ont posté ma lettre ouverte et m’ont félicité de m’être fait le porte-parole des gens ordinaires », fait-il remarquer au journal.

Chengdu a maintenu ses mesures de confinement rigoureuses malgré le tremblement de terre de magnitude 6,8 survenu le 5 septembre, dont l’épicentre se trouvait à seulement 201 km de la ville.

Un critique sans complaisance du PCC

Tie Liu a encouragé les Chinois à être courageux et à s’exprimer.

« Il y a trop peu de Chinois qui disent la vérité et parlent honnêtement », soupire-t-il . « Tout le monde a peur. Mais plus vous avez peur, plus [les autorités] intimident les gens. Plus vous avez peur, plus ils vous feront tomber. Ils [le régime communiste] agissent de manière irréfléchie et font n’importe quoi. Le pays ne connaît pas du tout l’État de droit. »

Tie Liu a été un critique véhément du PCC. Son expérience a été rapportée en 2015 par China Affair Research Institute, une organisation à but non lucratif basée à Alhambra, en Californie.

Dans les années 1950, Tie Liu était journaliste au Chengdu Daily. En 1957, il a été qualifié d’« antirévolutionnaire » pour ses critiques du PCC dans le journal et a été envoyé dans des camps de travail. Il y a passé 23 ans jusqu’à sa libération en 1980.

En 2010, il a créé le Tie Liu Press Fund, doté d’une contribution d’un  million de yuans (145.000 €), afin de venir en aide aux journalistes et écrivains persécutés pour leur défense de la liberté de la presse.

En octobre 2010, un groupe de journalistes chinois, dont Tie Liu, a envoyé une lettre commune à l’assemblée législative du régime communiste, demandant la liberté de la presse et la suppression de la censure des médias.

En 2014, il a été arrêté et inculpé pour « trouble à l’ordre public » et « activité commerciale illégale » pour avoir publié les mémoires de personnes persécutées sous l’ancien dirigeant du PCC, Mao Zedong, et mis en ligne des critiques à l’égard de Liu Yunshan, un chef de la propagande du PCC.

Un militant des droits de l’homme : un « modèle pour les jeunes »

Gao Fei, un militant des droits de l’homme de la ville de Huanggang, dans la province chinoise du Hubei, a fait l’éloge de l’action courageuse de Tie Liu dans une interview accordée à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 25 septembre.

« Tie Liu s’est avancé pour dire la vérité, ce qui est vraiment admirable. Il est un modèle pour nous, les jeunes, qui mérite d’être honoré. »

Selon Gao Fei, il est très courant que de nombreux patients en Chine meurent parce qu’ils n’ont pas fait de tests PCR et n’ont donc pas reçu de traitement médical en temps voulu pendant la pandémie.

« De plus en plus de personnes se plaignent des politiques de zéro Covid. Les gens sont dégoûtés par les mesures déraisonnables et inhumaines de prévention et de contrôle des épidémies. »

« L’hostilité sociale globale est très grave, et divers conflits sont sur le point d’éclater, transformant toute la société en une poudrière », conclut Gao Fei.

Lin Cenxin et Yi Ru ont contribué à la rédaction de cet article.

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