Opinion
Un pays fissuré, un souvenir qui rassemble
Dans un hôtel bondé, la récitation du serment d’allégeance ravive chez l’autrice une mémoire d’enfance et une conviction profonde : le rêve américain reste un projet collectif qui mérite d’être défendu.

Les écolières placent leurs mains sur leur cœur pour réciter le serment d'allégeance.
Photo: Biba Kayewich
Aussi frustrée que je puisse être face à notre gouvernement américain et aux systèmes qui s’effritent autour de nous, je reste patriote. Je continue de croire à l’expérience américaine. Je crois qu’on ne s’en détourne pas simplement parce que certaines parties se brisent. Et lorsque les mots ont franchi mes lèvres, ces mots que je connais depuis l’enfance, j’ai senti la chair de poule me parcourir les bras et la nuque.
Une école publique, un rituel inconnu
Je me suis levée simplement parce que tout le monde le faisait. J’ai posé ma main sur mon cœur. J’ai articulé des mots sans les prononcer, puisque je ne les connaissais pas. Au cours de cette année de sixième, j’ai appris le texte, sans vraiment le comprendre. Cela ressemblait à une corvée, une formalité pour commencer la journée. Je l’ai mémorisé, mais il n’a jamais eu de sens pour moi. Il ne m’a certainement jamais émue.
Un texte qui résonne autrement
Debout dans cette salle du Marriott, des décennies plus tard, j’ai ressenti tout autre chose.
« Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d’Amérique. […] une nation sous Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous. »
J’ai été frappée par la rareté d’un tel sentiment.
Une nation fragmentée
En tant que mère et personne travaillant au contact de la terre, je sens à quel point le pays se fracture. On le voit dans la manière dont les gens se parlent. Dans la peur qu’ils ont d’exprimer ce qu’ils pensent vraiment. Dans ces conversations évitées dès qu’il y a divergence, par crainte des conséquences. Nous nous sommes morcelés en minuscules fragments, en tribus, en identités, en groupes en ligne qui ne se reconnaissent même plus comme Américains.
Mais sous tout ce vacarme, la plupart des gens aspirent encore aux mêmes choses. Ils veulent de la dignité. Ils veulent de la sécurité. Ils veulent la liberté de dire la vérité sans être punis. Ils veulent un avenir sûr et porteur de sens pour leurs enfants. Nous oublions tout ce que nous partageons encore.
Le patriotisme comme honnêteté
Une émotion inattendue
J’avais donc 47 ans, la main sur le cœur, récitant le serment d’allégeance les larmes aux yeux. Je ne me sentais liée ni à un parti politique ni à un slogan. Je me sentais liée à l’idée même de l’Amérique. L’idée que des personnes différentes peuvent malgré tout se tenir ensemble et revendiquer une identité commune. L’idée qu’une nation sous Dieu n’est pas la description de ce que nous sommes aujourd’hui, mais la vision de ce que nous pouvons redevenir.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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