Une mosaïque volée datant du VIe siècle de retour à Chypre

18 novembre 2018 14:39 Mis à jour: 18 novembre 2018 14:43

Une mosaïque byzantine exceptionnelle, fragment d’une des fresques volées dans des églises de Chypre après l’invasion turque en 1974, a été rendue aux autorités du pays par un expert d’art néerlandais, après une chasse au trésor de plusieurs années. Surnommé l’« Indiana Jones du monde de l’art » pour ses exploits d’enquêteur, Arthur Brand a déclaré avoir remis vendredi cette représentation de Saint-Marc, datée du VIe siècle, à l’ambassade de Chypre à La Haye lors d’une cérémonie privée.

Cette mosaïque, qui se trouvait dans l’église de Panayia Kanakaria (nord-est de Chypre), est « l’un des derniers et plus beaux exemples d’art du début de l’ère byzantine », a expliqué ce passionné à l’AFP, quelques heures avant sa remise. Sollicités, l’ambassade et l’Eglise de Chypre n’ont pas souhaité commenter. Le Département chypriote des antiquités n’avait pas répondu dans l’immédiat.

Fort d’un renseignement venu d’un important marchand d’art londonien, le détective amateur s’est rendu à Monaco en août. Et grâce à une série d’intermédiaires, dont plusieurs dans le monde du marché noir, il a retrouvé la trace de la mosaïque dans un appartement de la Principauté. Mais sur les péripéties de son voyage, Arthur Brand préfère garder le mystère.

L’oeuvre « appartenait à une famille britannique, qui avait acheté la mosaïque de bonne foi il y a plus de 40 ans », raconte-t-il. « Ils étaient horrifiés quand ils ont découvert qu’il s’agissait en réalité d’un trésor d’art inestimable, dérobé à l’église de Kanakaria après l’invasion turque » en 1974.

La famille a accepté de rendre l’oeuvre « au peuple chypriote », moyennant une modique somme destinée à couvrir les coûts de restauration et de stockage, a précisé M. Brand. Il y a une semaine, l’expert néerlandais  qui travaillait en collaboration avec l’église chypriote  est retourné à Monaco afin de récupérer la mosaïque, dont la valeur est estimée entre cinq et 10 millions d’euros. « C’était l’un des meilleurs moments de ma vie », reconnaît-il.

Arthur Brand a acquis une renommée mondiale en 2015 après avoir retrouvé en Allemagne les deux chevaux de bronze réalisés par Josef Thorak, l’un des sculpteurs officiels du IIIe Reich, qui ornaient l’entrée de la Chancellerie d’Hitler à Berlin, et qui avaient disparu après la chute du mur. M. Brand a de nouveau fait parler de lui un an plus tard en aidant à récupérer cinq œuvres de peintres flamands du XVIIe et XVIIIe siècles, volées par un groupe de criminels en Ukraine.

Des objets d’art religieux, y compris des mosaïques, ont été volés dans plusieurs églises du nord de Chypre après l’invasion des forces turques. L’église de Panayia Kanakaria, située à une centaine de kilomètres de Nicosie, a été la plus pillée de ses œuvres d’art byzantines, dont un ensemble de mosaïques.

De nombreuses pièces de ces mosaïques ont atterri sur le marché noir et sont restées introuvables pendant de longues années, malgré les recherches incessantes du gouvernement et de l’église chypriote. « Les mosaïques de Kanakaria sont d’une importance considérable dans l’art chrétien et la culture mondiale », souligne Maria Paphiti, historienne de l’art et spécialiste de l’art byzantin.

L’ensemble « fait partie des rares œuvres d’art qui ont échappé à la menace de l’iconoclasme byzantin » aux VIIIe et IXe siècles, explique-t-elle à l’AFP. Douze fragments de la mosaïque ont été restitués jusqu’à présent, dont un représentant l’apôtre André. Il avait été acquis par un collectionneur lors d’une vente en 2010, qui a demandé en 2014 à Maria Paphiti d’identifier l’origine de la mosaïque. L’acheteur a alors accepté de la rendre à Chypre.

En 1989, quatre autres fragments montrant la partie supérieure du Christ, deux apôtres et un archange avaient été rendus. Selon Mme Paphiti, la plupart des fragments manquants ont été récupérés entre 1983 et 2015 mais certaines pièces restent introuvables. La mosaïque de Saint-Marc « est vraiment l’une des dernières pièces exceptionnelles à être restituée« , estime Arthur Brand. « Il est incroyable de penser que cette oeuvre d’art a survécu pendant si longtemps. Elle fait partie de l’âme du peuple chypriote », poursuit-il. La mosaïque devrait être de retour sur l’île méditerranéenne dans les prochains jours.

D.C avec AFP

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