Vietnam : on se méfie de la récente flambée des investissements chinois, potentiellement pour esquiver les tarifs douaniers américains

8 décembre 2018 06:23 Mis à jour: 8 décembre 2018 06:23

Le Vietnam s’inquiète de l’augmentation soudaine des investissements chinois cette année, prétendument à des fins de transbordement pour éviter les droits de douane américains.

Le site vietnamien d’information en ligne VietNamNet, dans un article publié le 4 décembre, rapporte que les investisseurs chinois ont réalisé 922 transactions d’une valeur d’environ 440 millions € (500 millions $), soit par apport de capital, soit par acquisition de sociétés vietnamiennes au cours des 7 premiers mois de cette année.

Certaines de ces entreprises chinoises qui ont investi au Vietnam sont soupçonnées d’expédier des produits non finis de Chine au Vietnam, puis d’exporter ces produits aux États-Unis par l’intermédiaire de sociétés intermédiaires basées au Vietnam afin d’éviter les droits de douane américains sur les produits chinois, selon VietNamNet. Les experts cités dans l’article ont averti le gouvernement vietnamien de prendre des mesures contre l’activité illégale chinoise.

L’administration américaine a imposé des droits de douane sur un total de 220 milliards € (250 milliards $) de marchandises chinoises. Une liste d’articles chinois d’une valeur de 44 milliards € (50 milliards $) a été frappée de droits de douane de 25 % en juillet, suivie de droits de douane de 10 % en septembre pour des marchandises d’une valeur de 175 milliards € (200 milliards $). La Chine a imposé des tarifs de rétorsion sur les marchandises américaines.

Les droits de douane de 10 % devaient passer à 25 % en janvier, mais l’intensification a été suspendue pendant 90 jours à compter du 1er décembre, après que le président américain Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping eurent tenu ce que la Maison-Blanche a appelé « une réunion très réussie » en marge du sommet des dirigeants du G-20 à Buenos Aires, Argentine.

La Chine a accepté d’acheter davantage de produits américains et d’imposer des mesures pour lutter contre la production de fentanyl sur son territoire. M. Trump s’est dit prêt à imposer les tarifs initialement prévus si les deux pays ne peuvent résoudre leurs différends dans le délai de 90 jours.

Nguyen Xuan Thanh, professeur de politique publique à l’Université Fulbright située à Ho Chi Minh Ville, a averti que le Vietnam devait être prudent avec les récents investissements chinois.

Si le Vietnam n’est pas en mesure d’empêcher le transit de marchandises chinoises en transit vers les États-Unis, le Vietnam pourrait « supporter des sanctions imposées par les États-Unis, comme dans le cas de l’acier originaire de Chine mais exporté du Vietnam« , a dit Thanh à VietNamNet.

En décembre 2017, le département américain du Commerce a imposé des droits à l’importation sur l’acier vietnamien, après avoir constaté que la Chine avait envoyé de l’acier au Vietnam pour échapper aux droits antidumping et compensateurs américains imposés en 2015 et 2016, une mesure visant à contrer le dumping par la Chine d’acier subventionné par le gouvernement américain sur le marché américain.

L’acier chinois serait transformé de façon minimale, par exemple en l’enduisant de zinc, puis en apposant une nouvelle étiquette d’origine. D’autres fois, l’acier chinois passait du temps dans des entrepôts portuaires au Vietnam, avant d’être expédié à sa destination finale.

Bùi Quang Tín, PDG de BizLight Business School, a averti que si les États-Unis imposaient des tarifs punitifs au Vietnam, les effets sur l’économie vietnamienne seraient énormes, selon VietNamNet.

Contexte général

À l’heure actuelle, le gouvernement américain a un certain nombre de lois punitives contre les importateurs qui commettent des infractions en matière de transbordement. Les importateurs qui falsifient les étiquettes d’origine d’expédition peuvent être poursuivis au criminel pour contrebande, fraude et autres infractions, selon un blogue juridique tenu par le cabinet juridique américain Harris Bricken. Les personnes reconnues coupables de contrebande peuvent être emprisonnées jusqu’à 20 ans.

Les particuliers ou les entreprises peuvent également intenter des poursuites qui tam contre les importateurs pour avoir fraudé le gouvernement américain en vertu de la False Claims Act (FCA). Selon que le gouvernement fédéral décide ou non d’intervenir et d’intenter des poursuites, le demandeur peut se voir accorder de 15 à 30 p. 100 des dommages-intérêts.

En février 2013, le ministère américain de la Justice a accusé Groeb Farms, un fournisseur de miel établi à Onsted, au Michigan, d’avoir importé illégalement du miel d’origine chinoise entre 2008 et 2012, portant de fausses étiquettes affirmant que le miel provenait d’Indonésie, de Malaisie, de Thaïlande et du Vietnam. La société a été accusée d’avoir éludé plus de 68 millions € (78,8 millions $) en droits antidumping américains.

D’autres pays que le Vietnam sont également connus pour être des pays intermédiaires où les entreprises chinoises ont expédié leurs marchandises pour éviter les droits de douane américains, notamment la Thaïlande, l’Indonésie et Taiwan.

En mai 2012, le ministère américain du Commerce a annoncé des droits antidumping de 31 % sur les panneaux solaires chinois. Pour éviter ces tarifs, les fabricants chinois de panneaux solaires ont ensuite expédié leurs produits solaires vers d’autres pays, incluant Taiwan, avant de les envoyer sur le marché américain, selon les médias taïwanais.

En réponse au transbordement de la Chine vers Taïwan, en 2014, le ministère du Commerce a imposé de nouveaux droits antidumping sur les panneaux solaires chinois et taïwanais.

Les responsables commerciaux thaïlandais ont annoncé en juillet qu’ils coopéreraient avec les représentants des douanes américaines en Thaïlande afin de partager l’information et d’empêcher les entreprises chinoises d’utiliser ce pays comme intermédiaire pour éviter les tarifs douaniers américains les plus récents, selon un article publié en juillet 2018 dans le Bangkok Post, le quotidien de langue anglaise du pays.

M. Wanchai Varavithya, directeur général adjoint du département thaïlandais du Commerce extérieur, a fait remarquer que les responsables américains ont fait part de leurs préoccupations au sujet des lames de scie diamantées, des cintres et des clous de Chine, actuellement soumis à des droits de douane liés à la guerre commerciale ou à d’autres droits américains, qui sont envoyés aux États-Unis via la Thaïlande, toujours selon le Bangkok Post.

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