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A Gaza, jouer avec une lionne, sans les griffes

février 13, 2019 12:53, Last Updated: février 13, 2019 14:58
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Un zoo de la bande de Gaza fait sa promotion en offrant la possibilité à ses visiteurs de jouer avec une lionne, à laquelle il a fait couper les griffes. Agée de 14 mois, la lionne Falestine conserve ses crocs. Mais le propriétaire du zoo de Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne appauvrie, la juge assez douce pour être mise en contact à l’avenir avec les visiteurs en dehors de sa cage.

« J’essaie de contenir l’agressivité de la lionne et de faire en sorte qu’elle soit gentille avec les gens », dit le propriétaire Mohammed Jumaa, 53 ans. L’initiative a connu des débuts hésitants mardi quand le grand félin à pelage fauve a été mis brièvement en présence d’inconnus, prudemment tenus à quelque distance, pour la première fois depuis qu’une opération l’a privée de ses griffes il y a deux semaines.

Le test n’a pas vraiment dissipé les inquiétudes quant à la sécurité ultérieure des visiteurs, à commencer par les enfants, ni celles relatives au bien-être de l’animal, ont constaté les journalistes de l’AFP. Falestine grognait de manière menaçante quand on lui a ouvert sa cage. Lâchée dans un enclos fermé par une maigre clôture derrière laquelle dépassait la tête des enfants, elle a inutilement tenté de se faire les griffes sur un tronc, mordillant ensuite l’arbre sous l’effet apparent de la frustration.

Sous le regard attentif du vétérinaire qui l’a opérée, des gardiens ont joué avec elle comme avec une gros animal de compagnie, tandis que les visiteurs restaient tenus à l’écart. Anas Abdel Raheem, 12 ans, penché sur la barrière de l’enclos, assure ne pas avoir peur et être heureux que le carnivore ne l’ait pas mordu. « Mes amis ont pu voir les photos que j’ai postées sur Facebook et WhatsApp », rayonne-t-il.

« On a coupé les griffes pour ralentir la pousse et pour que les visiteurs et les enfants puissent jouer avec elle », dit Fayez al-Haddad, le vétérinaire qui a opéré Falestine directement au zoo faute de clinique dédiée dans la bande de Gaza en proie au dénuement. « Nous voulons apporter du bonheur et mettre des sourires sur les visages des enfants, tout en augmentant le nombre de visiteurs, le zoo ayant de grosses dépenses », dit-il.

Alors que l’opération a été critiquée par une ONG de protection des animaux, le vétérinaire palestinien dément tout acte de cruauté. Falestine « conserve ses instincts », assure-t-il. Raison de plus d’être prudent. Les griffes auront repoussé dans six mois, prévient-il, et « un lion ne perd pas son instinct d’attaque ». Le zoo de Rafah héberge cinq lions, dont trois lionceaux, quelques oiseaux et d’autres animaux.

La condition animale passe après d’autres préoccupations dans un territoire qui a connu trois guerres avec Israël depuis 2008 et est en butte aux blocus israélien et égyptien, à la pauvreté et aux pénuries.

Parmi les parcs animaliers délabrés qui s’y disputent la clientèle, l’un d’eux s’était attiré l’appellation de « pire zoo du monde » de la part de l’organisation de défense des animaux Four Paws, qui avait organisé sa fermeture en 2016 et le transfert de ses 16 pensionnaires, dont un tigre, en Afrique du Sud, en Jordanie ou en Israël. Une portée de lionceaux est morte de froid dans un des zoos de Gaza le mois dernier.

D.C avec AFP

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