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À « l’église des réfugiés » au Soudan, prières pour la paix en Ethiopie

décembre 7, 2020 13:37, Last Updated: avril 2, 2021 18:35
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Sous le soleil impitoyable de midi, une jeune éthiopienne lève les mains vers le ciel dans une prière désespérée, le regard fixé sur une croix marron et or peinte sur le mur de « l’église des réfugiés » au Soudan.

Portant un long voile blanc, elle fait partie des quelque 400 fidèles coptes orthodoxes venus assister à la plus grande messe à l’église de Jibril (Gabriel) depuis qu’elle a rouvert ses portes il y a plus d’une semaine dans le camp de réfugiés d’Oum Raquba, dans l’est du Soudan, près de la frontière éthiopienne.

Avec les autres réfugiés, elle pleure en silence pendant que le prêtre prononce une litanie solennelle pour la paix et le droit de rentrer chez soi.

« Je prie jour et nuit pour que la paix revienne dans notre pays afin que nous puissions tous retourner chez nous et vivre dans la paix et l’harmonie », déclare à l’AFP le prêtre Abba Gabrielmaska Admasu, qui conduit la messe.

-Les réfugiés éthiopiens qui ont fui le conflit du Tigré assistent à la messe dominicale avec des croyants locaux, dans un bâtiment d’église orthodoxe éthiopien construit par d’anciens réfugiés éthiopiens, le 6 décembre 2020. Photo par Yasuyoshi Chiba / AFP via Getty Images.

Les réfugiés qui assistaient à la messe dominicale ont fui précipitamment leurs maisons au Tigré, une région du nord de l’Ethiopie en proie à un conflit armé depuis un mois entre l’armée fédérale et les forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF).

Construite par des migrants éthiopiens

Le père Admasu explique que ce n’est pas la première fois que cette même église organise une messe pour les réfugiés et qu’elle a été en fait construite en 1979 par des migrants éthiopiens.

Parmi les fidèles à la messe de dimanche, certains se souviennent d’avoir trouvé refuge à Oum Raquba lors de la famine qui a ravagé l’Ethiopie au milieu des années 1980 tuant des centaines de milliers de milliers de personnes. L’une des pires catastrophes humanitaires du XXe siècle.

-Un réfugié éthiopien qui a fui le conflit du Tigré prie lors de la messe du dimanche dans le village à côté du camp de réfugiés à Gedaref, dans l’est du Soudan, le 6 décembre 2020. Photo par Yasuyoshi Chiba / AFP via Getty Images.

En 2000, comme la plupart des réfugiés éthiopiens étaient retournés chez eux, le camp et l’église ont été fermés.

Mais, le 4 novembre dernier, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a lancé une opération militaire dans la région du Tigré contre le TPLF qui dirigeait la région et défiait son autorité.

Camps parsemés sur la zone frontalière

Depuis, plus de 48.000 Ethiopiens ont trouvé refuge au Soudan, dans des camps parsemés sur la zone frontalière orientale de ce pays, dont celui d’Oum Raquba.

Comme plus de 95% des Ethiopiens du Tigré sont des chrétiens, le père Admasu a décidé de rouvrir les portes de l’église de Jibril.

« Personne n’aime rester dans un pays étranger, car être un réfugié signifie que vous n’êtes pas libres de vos mouvements. Ce qui nous importe maintenant, c’est la paix. Nous avions tout dans notre pays et nous avons tout perdu, y compris notre belle culture », dit le prêtre resté lui au Soudan depuis qu’il a quitté son pays il y a de nombreuses années.

Ces dernières semaines, de nombreux réfugiés ont fui au Soudan avec pour seul bien, les vêtements qu’ils portent.

Mais pour ce dimanche, ils semblent avoir fait leur toilette pour se rendre à l’église, un rare moment de réconfort, de dignité et de convivialité dans une situation autrement tragique.

Les réfugiés éthiopiens qui ont fui le conflit du Tigré assistent à la messe dominicale. Photo par Yasuyoshi Chiba / AFP via Getty Images.

La messe se déroule à l’extérieur sous le soleil brûlant, sous une croix de bois perchée au sommet de l’église.

« Pour nous l’église c’est très important »

« Sans l’église, il n’y a pas de vie, pour nous l’église c’est très important », dit Gitta Suheili, une des milliers d’Ethiopiennes qui vit son second exil. Elle avait fui la famine dans les années 1980 avant de revenir au Soudan ces dernières semaines.

Meresa Raye, une femme âgée portant un foulard vert sur ses épaules, est une autre survivante de déplacements répétés.

« Il y a trente ans, j’étais là, puis je suis retournée dans mon pays. Mais maintenant, à cause du conflit, je suis de nouveau ici au Soudan, ce qui m’afflige », dit-elle.

« Quand j’ai quitté cette église, je ne m’attendais pas du tout à ce que j’y retourne. »

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