Huit personnes sont portées disparues dans les Alpes suisses alors qu’une spectaculaire coulée de boue, semblable à de la lave, a dévalé de la montagne et emporté hier une partie du village de Bondo, près de l’Italie, a annoncé la police.
« Huit personnes qui étaient sur place au moment de l’éboulement n’ont pas pu être retrouvées » pour le moment, a indiqué dans un communiqué la police cantonale des Grisons (sud-est) qui pense que la plupart d’entre elles effectuaient une randonnée au moment de l’accident.
Il s’agit d’Allemands, d’Autrichiens et de Suisses. Sur les huit, six personnes ont été signalées à la police par leurs proches comme portées disparues. Les recherches ont été intensifiées dans la nuit.
Selon le journal suisse Blick, qui cite un porte-parole de la police, les téléphones portables ne passent pas partout dans cette région. « Nous espérons que c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas pu contacter les personnes disparues », a expliqué le porte-parole Markus Walser.
« À l’heure actuelle, les spécialistes du sauvetage effectuent des vols pour localiser des alpinistes dans la zone », a précisé la police.
Les autorités ont mis sur pied une zone d’exclusion aérienne d’un rayon de 5 km pour faciliter le travail des forces de sauvetage.
Dans un premier temps, la police avait indiqué que l’accident n’avait pas fait de blessé.
Le glissement de terrain s’est produit mercredi à 09H30. Une masse rocheuse est tombée du Piz Cengalo dans une vallée derrière le petit village de Bondo, dans le canton des Grisons, à proximité de la frontière italienne. La coulée de boue s’est alors étendue jusqu’aux portes de la localité.
Une centaine de personnes évacuées
La police a procédé à l’évacuation du village au cas où d’autres glissements de terrain ou coulées de boue se produiraient. Une centaine de personnes ont été évacuées, dont certaines par hélicoptère. Deux refuges alpins ont également été évacués.
Des habitants ont pu être hébergés dans des hôtels des environs, notamment dans le village de Castasegna, à la frontière italienne.
D’autres ont trouvé refuge chez des particuliers.
« Quatre habitants de Bondo doivent arriver aujourd’hui chez moi », a déclaré à l’AFP Simona Rauch, pasteur de l’église réformée dans cette région de la Val Bregaglia et qui réside dans le village de Vicosoprano, à 7 km de Bondo.
« Beaucoup ont passé la nuit dans la Maison de retraite de Spino, un village juste en face de Bondo », a-t-elle ajouté.
Au total, douze bâtiments ont été endommagés ou détruits, selon la police. La route principale de la vallée sud des Grisons, reliant Stampa à Castasegna, a été fermée au trafic.
Les résidents ne peuvent pas retourner dans leur maison jusqu’à nouvel ordre. Une réévaluation de la situation par les autorités devait avoir lieu à 15H00.
Ce glissement de terrain « était attendu »
« Les gens sont partis immédiatement en laissant tout derrière eux. On ne sait pas combien de temps ils vont devoir rester en dehors de chez eux, car pour l’instant il n’y a ni eau, ni électricité dans le village de Bondo », a indiqué Mme Rauch.
Sur des vidéos, on voit une importante coulée de boue dévaler le flanc de la montagne, telle une avalanche, et détruire tout sur son passage.
Selon le service sismologique suisse, la chute de roches et de pierres, à l’origine de la coulée de boue, a été si forte qu’elle a produit des « vibrations » que les sismomètres ont pu enregistrer « dans toute la Suisse ». L’évènement a duré une minute et équivaut à un tremblement de terre de magnitude 3.
Cet « évènement était attendu » depuis plusieurs années « par les autorités » car des chutes de pierre avaient été enregistrées dans la zone en 2011, 2012, 2016 et le 21 août 2017, explique le service sismologique suisse sur son site internet.
Un gros éboulement s’était ainsi déjà produit en 2012 au Piz Cengalo. Près de quatre millions de mètres cubes de roches s’étaient détachés, soit l’équivalent de 4 000 maisons individuelles. Les pierres étaient tombées dans une vallée inhabitée.
À la suite de l’incident, un système d’alarme automatique avait été installé. Celui-ci s’est bien déclenché hier matin, selon les autorités.
En Suisse, le dernier glissement de terrain mortel remonte à novembre 2014 : deux morts et quatre blessés après l’effondrement d’un bâtiment à Davesco-Soragno dans le canton du Tessin.
En octobre 2000, douze personnes étaient mortes et quatre autres portées disparues, après des inondations et des glissements de terrain dans la région suisse du Valais.
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