FAMILLE

Après 45 ans, un homme traverse la moitié du monde pour retrouver sa nounou d’enfance

novembre 20, 2022 22:47, Last Updated: novembre 20, 2022 22:47
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Après avoir passé près de quatre années heureuses avec une nounou très particulière en Bolivie, un garçon né en Suède traverse la moitié du monde pour la revoir. Après quarante‑cinq ans, il fallait absolument qu’il retrouve cette femme qui l’avait aimé comme son propre enfant.

Le pasteur Juanito Jonsson est né à Lycksele, en Suède, en 1973. Il vit aujourd’hui dans la ville de Fuengirola, dans le sud de l’Espagne, avec sa femme et leurs trois fils âgés de 23, 19 et 9 ans.

M. Jonsson est le fils de missionnaires suédois. Ses parents se sont installés à Cochabamba, en Bolivie, l’emmenant lui, son frère et sa soeur, alors qu’il n’avait que six mois. Son père travaillait dans les églises des montagne et sa mère, une infirmière, administrait des vaccins aux personnes dans le besoin. Son frère et sa sœur allaient à l’école, il n’y avait donc personne pour s’occuper de lui. Les parents de Juanito ont décidé d’engager Ana. Il l’avaient rencontrée grâce à la communauté des missionnaires suédois.

Ana avec Juanito Jonsson dans leur jardin à Cochabamba. (Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)

« Avant qu’Ana n’arrive dans notre famille, elle était très malade », explique M. Jonsson à Epoch Times. « Elle avait perdu son mari dans un accident de travail, elle avait deux filles de 4 et 1 an, et tout le monde disait qu’elle allait mourir de sa maladie. Personne n’avait d’espoir quant au fait qu’elle vivrait. On lui a proposé de donner ses filles en adoption, et c’est ce qu’elle a fait. »

Pourtant, après avoir remis ses filles à des familles adoptives suédoises, Ana s’est rétablie. Malheureusement, elle n’avait aucun droit légal sur ses enfants. Lorsqu’elle a accepté le poste de nounou entre 1973 et 1976, elle a aimé Juanito comme son propre enfant.

« Elle m’a donné tout l’amour qu’elle avait pour ses filles, et je l’ai reçu. »

En 1979, la famille de M. Jonsson a déménagé en Suède, puis quelques années plus tard en Espagne. C’est là qu’il a rencontré sa femme et il vit en Espagne depuis.

Juanito Jonsson avec sa famille. (Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)

Il manquait quelque chose

Alors qu’il assistait à une conférence au Pérou en 2017, M. Jonsson a eu l’idée de retourner voir son ancienne maison en Bolivie.

« J’avais deux ou trois jours de libre et je me suis dit que le Pérou était trop proche de la Bolivie pour ne pas retourner à Cochabamba. J’ai pris un avion…Puis après neuf heures de bus à travers les montagnes, j’ai enfin atteint Cochabamba. »

MJonsson a loué une chambre chez un missionnaire suédois où son frère aîné avait été scolarisé . Il a pu retrouver la maison construite par son père où Ana s’était occupé de lui. Il s’est lié d’amitié avec les nouveaux propriétaires et a revécu de vieux souvenirs autour d’un petit‑déjeuner.

« Cela a ouvert quelque chose dans mon âme parce que c’était comme si quelque chose manquait. Quelque chose s’est produit en 2017 : un besoin de me ressourcer et de retrouver Ana. »

Cependant, en raison de la pandémie, son voyage pour retrouver sa nounou a été retardé.

Juanito Jonsson enfant. (Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)

Au début de cette année, avec l’aide de sa mère qui avait un contact, M. Jonsson a découvert qu’Ana avait 79 ans. Elle était toujours en vie et vivait et vendait des bougies dans la petite ville de Yacuiba, à la frontière bolivienne avec l’Argentine.

Il a ensuite parlé au fils d’Ana, Daniel, et a planifié un voyage en avril 2022 pour faire une surprise à sa nounou adorée.

Ana, mon Ana

Le 26 avril à 7 heures du matin, M. Jonsson est arrivé à Yacuiba. Daniel l’a rencontré à la gare routière et l’a surpris en lui annonçant qu’Ana vivait à deux rues de là. M. Jonsson était à quelques instants des retrouvailles.

Dans les images émouvantes de ses retrouvailles, M. Jonsson s’approche de la maison de la femme âgée qui se retourne pour le saluer, souriante, mais il ne la reconnaît pas.

« Quand j’ai dit : ‘Je suis Juanito’, elle savait exactement qui j’étais. Elle m’a dit : ‘C’est toi Juanito, celui qui me prenait dans ses bras en disant Ana, mon Ana ?’ Et nous nous sommes pris dans les bras… Pour elle, ce sentiment devait être comme de renouer avec un fils qu’elle n’avait pas vu depuis 45 ans. »

M. Jonsson se souvient également de l’une des premières choses qu’Ana lui a demandée : « Est‑ce que tu sers Dieu ? », car elle était très croyante.

« J’ai répondu : ‘Oui, je suis pasteur et je sers Dieu’, et elle a levé les mains au ciel et a dit : ‘Dieu merci… J’ai prié pour que tu serves Dieu toute ma vie.' »

Juanito Jonsson et Ana lors de leurs retrouvailles. (Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)

Ana a invité M. Jonsson dans sa maison toute simple pour le petit‑déjeuner, et M. Jonsson lui a offert un album photo contenant des photos de lui‑même et de ses frères et sœurs lorsqu’ils étaient enfants, de ses parents et de sa famille aujourd’hui.

Il lui a également offert de l’argent collecté auprès de sa famille pour réparer sa maison. Ana, qui partage sa maison avec Daniel, sa femme et leurs deux enfants, était submergée par l’émotion.

(Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)

Un miracle

Daniel lui a ensuite fait visiter la ville, ainsi qu’à trois autres compagnons. Ils sont retournés chez Ana et l’ont emmenée dîner dans un bon restaurant local, où ils ont partagé des souvenirs.

« Nous avons discuté jusqu’au bout de la nuit, puis j’ai marché avec elle, main dans la main, jusqu’à la gare routière. »

« Elle a 79 ans, elle a parfois des soucis au niveau des poumons… Elle a aussi quelques problèmes de vue, mais elle est très forte, elle est très autonome… Je n’aurais jamais pensé qu’elle serait aussi vive dans sa tête. »

« Elle a prié pour moi toute sa vie. Me revoir, c’était un miracle pour elle. »

(Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson et @juanitojonsson )

M. Jonsson a ensuite monté la vidéo de ses retrouvailles avec Ana pendant son trajet en bus hors de Yacuiba et l’a téléchargée sur les médias sociaux pour ses amis et sa famille. Il a enfin pris l’avion de Bolivie en Espagne avec une escale au Brésil. Pendant ce voyage de 17 heures, tout a changé.

« De 60 abonnés, j’en ai eu plus de 20.000, et plusieurs millions de vues, la vidéo est devenue virale sur TikTok. Quand je suis rentré en Espagne et que j’ai atteint Malaga, les gens ont commencé à m’appeler depuis la télévision bolivienne… C’était un peu fou ! »

Depuis qu’il a repris contact avec Ana, M. Jonsson parle avec sa nounou toutes les semaines par chat vidéo, avec l’aide de Daniel. M. Jonsson prévoit son prochain voyage à Yacuiba en juin 2023. En attendant, il collecte des fonds pour la rénovation de la maison d’Ana, qui en a bien besoin.

Un désir ardent dans mon âme

M. Jonsson travaille dans des églises depuis l’âge de 19 ans et est actuellement pasteur d’une église chrétienne fondée par son père. Son église possède un orphelinat au Nigeria et il aide également 140 familles dans le besoin grâce à des banques alimentaires et d’autres ressources. Bien qu’ayant des racines en Bolivie, M. Jonsson n’a jamais ressenti le besoin de se rendre en Amérique du Sud avant 2017.

(Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson et @juanitojonsson )

« Même si je vivais dans ma bulle européenne… j’ai toujours été fier et j’avais une identité forte de mes racines à Cochabamba. Quiconque me demandait :D’où venez‑vous ?’, je répondais : ‘Je viens de Suède, mais j’ai été élevé en Bolivie. Cela a toujours fait partie de moi.’ »

En réalité M. Jonnson s’appelle Yohannes, qui est l’équivalent de John en anglais, Jean en français ou Juan en espagnol. Juanito est le diminutif hispanophone de Juan. « Presque personne en Espagne ne connaît mon nom en suédois. »

En repensant à ses retrouvailles avec Ana, M. Jonsson est reconnaissant d’avoir eu la chance d’honorer son ancienne nounou bien‑aimée pour son amour et ses soins qui ont enrichi son enfance.

« Parfois, nous disons des choses aux gens quand il est trop tard, alors j’avais une envie pressante dans mon âme de la recontacter et de pouvoir lui montrer ma reconnaissance… J’y pense encore et j’essaye de réaliser tout ce qui s’est passé, mais je suis heureux d’avoir compris une leçon importante, il faut honorer les gens pendant qu’ils sont encore en vie. »



(Avec l’aimable autorisation de Juanito Jonsson)
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