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Aretha Franklin, la Reine de la Soul, s’en est allée

août 16, 2018 20:09, Last Updated: avril 30, 2021 15:01
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La légende américaine de la Soul Aretha Franklin, interprète d’immenses succès, est décédée jeudi à 76 ans, suscitant un torrent d’hommages.

La famille de l’artiste a indiqué qu’elle s’était éteinte à son domicile de Détroit (Michigan) des suites d’un cancer du pancréas.

Après avoir annoncé que 2017 marquerait la fin de sa carrière scénique, elle avait programmé plusieurs concerts début 2018, qu’elle avait dû annuler du fait d’une santé trop fragile.

Elle s’était également attelée, au printemps, à l’enregistrement d’un nouvel album, produit par Stevie Wonder et dont un titre devait être interprétée par sa petite-fille, Victory Franklyn, âgée de 17 ans.

En plus de soixante ans de carrière, Aretha Franklin aura incarné la vague soul qui a transformé la musique moderne et inspiré des générations d’artistes.

Ouverte aux collaborations, elle aura enregistré avec des artistes de divers univers, classique, pop, rock et rap, capable de transposer sa voix chaleureuse, mélange de puissance et sensibilité, dans tous les univers.

« Nous avons perdu la matriarche et le roc de notre famille », ont témoigné les proches de la légende de la chanson américaine dans un texte transmis par son agente de longue date, Gwendolyn Quinn.

La Reine de la Soul, à laquelle un cancer avait été diagnostiqué en 2010, recevait depuis plus d’une semaine des soins palliatifs à son domicile de Détroit.

Immédiatement après l’annonce du décès, les réactions ont afflué, des artistes aux politiques, dans un éloge à l’unisson.

Le président Donald Trump a salué sur Twitter « une femme exceptionnelle qui a bénéficié d’un merveilleux bienfait de Dieu, sa voix ».

Elle « était sans pareil », a tweeté la chanteuse britannique Annie Lennox, pour qui la native de Memphis (Tennessee) restera, dans son registre vocal, ses prestations scéniques et sur disques, « la plus exceptionnelle artiste que le monde ait eu le privilège de voir ».

« Je suis assise et prie pour l’âme d’or merveilleuse Aretha Franklin », a tweeté Diana Ross, au sujet de celle qui incarne, comme elle, l’âge d’or de la soul des années 1960.

Fille de pasteur, Aretha Franklin a fait ses gammes dès 9 ans en chantant du gospel à la New Bethel Baptist Church, où officiait son père, connu également pour ses engagements en faveur des droits civiques.

« Je ne voulais vraiment pas chanter au début, mais mon père a insisté », expliquait-elle en 1990 dans un entretien à l’émission « 60 Minutes ».

Bien que révélée à Detroit, où sa famille avait emménagé durant son enfance, elle n’aura pas été une artiste des célèbres studios Motown, son père ayant refusé de la laisser signer avec le jeune label.

Premier titre à 14 ans, premier album sous label Columbia à 19, Aretha Franklin devra néanmoins attendre plusieurs années avant de connaître le succès.

En moins de cinq ans, elle enchaînera une série – de « Respect » en 1967 (adapté d’un titre d’Otis Redding) à « Spanish Harlem » en 1971 – qui constitueront le socle de son répertoire.

Elle remportera 18 Grammy Awards, les récompenses de l’industrie musicale américaine, dont les deux premiers en 1967 pour « Respect » et le dernier en 2007 pour un titre gospel, « Never Gonna Break My Faith ».

Auteure de plusieurs de ses grands succès, notamment « Think », celle qui était aussi une pianiste hors pair aura été la première femme élue au Rock’n’Roll Hall of Fame, le panthéon américain du rock et de la musique populaire.

Entraînée dans le mouvement des droits civiques par son père, elle en deviendra ensuite l’une des messagères, même si elle a toujours assuré n’avoir jamais envisagé le titre « Respect », devenu un hymne émancipateur, comme une chanson engagée.

A 16 ans, elle effectuera une tournée avec Martin Luther King, puis chantera lors de ses funérailles en 1968.

Son énergie sur scène, sa gouaille et son sourire en faisait une figure positive et joyeuse, mais beaucoup de ceux qui l’ont connu évoquaient un côté plus sombre.

Mère pour la première fois à 13 ans, puis de nouveau à 15 ans, deux fois divorcée, Aretha Franklin a parfois laissé entendre que son histoire amoureuse était jalonnée de déceptions, même si elle se réfugiait toujours derrière une indéfectible pudeur.

I.M. avec AFP

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