Béatrice Rosen : « On a masqué les visages, mais on a démasqué les âmes ! »

3 mars 2022 EPOCH TV

Béatrice Rosen est comédienne. Franco-Américaine, elle a joué dans de nombreux films et séries en France et aux États-Unis, côtoyant des réalisateurs prestigieux comme Christopher Nolan, Roland Emmerich ou Agnès Jaoui.

Si la plupart des artistes sont restés discrets pendant la crise sanitaire, elle n’a pas hésité à prendre la parole à plusieurs reprises et à faire part de ses réserves vis-à-vis de certaines des mesures prises dans le cadre de la lutte contre l’épidémie.

Mère de deux enfants âgés de trois ans et demi et six ans, elle a notamment eu à cœur d’attirer l’attention sur les effets des mesures prises par le gouvernement sur la jeunesse, les personnes âgées ainsi que les personnes empêchées d’exercer leur métier pour avoir refusé l’obligation vaccinale.

« Il faut tirer les leçons de cette crise, que ce soit pour les enfants, pour les personnes isolées, pour les personnes âgées. Il ne faudra jamais reproduire ce modèle, c’est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire », souligne la comédienne.

Si elle n’exclut pas que les réserves qu’elle a émises sur certaines des mesures prises pendant la crise sanitaire puissent éventuellement avoir un impact sur la suite de sa carrière à la télévision ou au cinéma, Béatrice Rosen explique qu’elle ne pouvait « plus se taire » et que prendre la parole était « une obligation morale ».

« Je regrette que beaucoup d’artistes de premier plan n’aient pas pris la parole. Ils sont d’habitude très prompts à dénoncer d’autres types de discriminations, à juste titre. Je trouve ça triste qu’ils n’aient pas pris la parole pour défendre les gens qui ont été suspendus, vilipendés, traités de tous les noms ou mis à l’écart de la société. »

« J’appelle à la réintégration de tous les soignants et de toutes les personnes appartenant à des corps de métier ayant été affectés. J’aimerais que ces personnes soient réintégrées, qu’on leur rende leur salaire. On a déjà dix millions de pauvres dans le pays, on va encore créer des gens qui seront sous le seuil de pauvreté, dans une détresse financière et psychologique terrible, ce n’est pas possible. »

Pour Béatrice Rosen, la question de la vaccination doit rester un choix personnel et les mesures prises par le gouvernement pour inciter tous les Français à se faire vacciner s’apparentent à une forme de coercition.

« Quand on donne le choix à quelqu’un entre son job, sa liberté et une action particulière, ce n’est pas un vrai choix libre et éclairé. »

« Je veux me battre pour un choix libre et éclairé, pour un droit au consentement, je ne suis contre rien, je suis une anti rien, je suis seulement pour que les gens aient le droit de disposer de leur corps de la façon dont ils le souhaitent et selon les caractéristiques qui leur sont propres. »

Sidérée par le discours prononcé par Emmanuel Macron le 12 juillet dernier, l’actrice estime que nous avons quasiment changé de régime, passant d’une démocratie fondée sur la liberté à « un régime collectiviste » reposant sur l’arbitraire.

« On rentre dans une civilisation de surveillance permanente. Un régime où les devoirs passent avant les droits, c’est un régime autoritaire. Une société avec une citoyenneté à deux vitesses n’est pas acceptable. »

Selon Béatrice Rosen, les médias ont également failli pendant la crise, manquant de recul et participant à la mise en place d’un climat anxiogène.

« Les médias ont eu une responsabilité énorme dans les dérives de la gestion de cette crise. Il n’y a eu aucun esprit critique, tous abondaient dans le même sens. Les médias sont devenus une espèce de service après-vente gouvernemental et toute voix dissonante, toute voix curieuse qui posait des questions était coupée. »

« Les gens ont perdu la raison avec cette peur distillée chaque jour, avec l’égrainage du nombre de morts et d’entrées en hospitalisation sans faire la différence entre les personnes hospitalisées ou décédées pour le Covid ou avec le Covid, ce qui est une distinction majeure. Rien n’a été contextualisé, tout a été fait pour terroriser les gens et les garder dans la panique. »

Certains propos tenus dans la presse et les médias télévisés incitant à faire des personnes non vaccinées de véritables parias ont également laissé la comédienne sans voix.

« Toutes les digues de la décence et de l’humanité ont sauté dans cette crise. Quand on entend des médecins appeler à ne plus rembourser les soins ou se poser la question du tri en réanimation selon le statut vaccinal, c’est vraiment que l’on a touché le fond. Je ne sais pas comment ces gens peuvent dormir, comment ils peuvent se regarder dans la glace. »

« Beaucoup de gens sont écœurés par notre société, notre pays, par l’humanité en général. Il est terrible que nous ayons pu tomber aussi bas. »

Si elle dénonce les effets délétères de cet épisode sanitaire, Béatrice Rosen souligne aussi l’importance de garder l’espoir chevillé au corps et de ne pas oublier de considérer aussi certains aspects positifs que la crise a permis de mettre en avant.

« Cette crise a rebattu les cartes, c’est un révélateur. On a masqué les visages mais on a démasqué les âmes. J’ai découvert et rencontré des personnes formidables, des personnes dont je ne soupçonnais parfois pas la valeur humaine, des personnes avec lesquelles j’avais parfois des clivages sur d’autres sujets et qui se sont révélé être des personnes formidables. »

Retrouvez le témoignage intégral de Béatrice Rosen dans la vidéo.