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ByteDance et Huawei sont utilisés par Pékin pour favoriser l’oppression dans le Xinjiang

décembre 3, 2019 19:47, Last Updated: janvier 30, 2021 21:13
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Un rapport récent met en lumière le rôle des géants chinois de la technologie ByteDance et Huawei dans la facilitation des violations des droits des minorités musulmanes dans la région du Xinjiang.

Un rapport du 28 novembre du groupe de réflexion Institut de politique stratégique australien (ASPI), basé à Canberra, intitulé Cartographie des géants chinois de la technologie : IA et surveillance, prévient que de nombreuses entreprises technologiques chinoises ne sont pas « des acteurs neutres du point de vue politique ».

« Toutes les entreprises de technologie chinoises ont des liens étroits avec l’appareil de sécurité de l’État chinois », indique le rapport.

Le rapport s’appuyait sur des données de sources ouvertes, y compris des sites Web d’entreprises, des informations sur les sociétés, des appels d’offres et des reportages dans les médias pour examiner 11 sociétés et organisations chinoises.

Il note que ces sociétés de technologie opèrent dans un environnement réglementaire chinois dans lequel « les préoccupations concernant l’utilisation potentielle de systèmes de surveillance invasifs érodant les libertés civiles sont largement et substantiellement ignorées ».

En même temps, le Parti communiste chinois (PCC) a intégré des comités du PCC dans ces entreprises, et la loi chinoise sur le renseignement et la sécurité oblige les individus et les entités à collaborer avec les services de renseignement nationaux, ce qui crée des « liens inextricables entre l’industrie et le parti-État chinois ».

« Le PCC perçoit l’expansion des entreprises technologiques chinoises comme une composante cruciale de son projet plus large d’expansion idéologique et géopolitique, et pas simplement comme des acteurs purement commerciaux », affirme le rapport.

Associé à un rapport précédent du groupe de réflexion, publié en avril, le site Web interactif d’ASPI (Cartographie des géants chinois de la technologie) contient des évaluations critiques au sujet de 23 entreprises et organisations chinoises.

Le dernier rapport met en lumière deux compagnies – Huawei et ByteDance, cette dernière étant connue pour son application populaire TikTok – et leur rôle dans l’oppression de Pékin au Xinjiang.

ByteDance

TikTok, connu sous le nom de « Douyin » en Chine, a été lancé par ByteDance en 2016. Un an plus tard, ByteDance acquiert Musical.ly, un autre service de médias sociaux chinois, pour 1 milliard de dollars. En août 2018, ByteDance a abandonné la marque Musical.ly et lancé TikTok en tant que version remaniée.

En juillet, le site de nouvelles australien Ad News a rapporté que TikTok comptait plus de 700 millions d’utilisateurs actifs par mois dans le monde.

En plus d’être largement utilisé par les adolescents, TikTok est connu pour être populaire parmi le personnel militaire américain, ce qui a incité l’armée américaine à entreprendre une évaluation de sécurité de l’application en novembre. Cela fait suite à un appel public du sénateur américain Chuck Schumer (Parti démocrate, New York) qui a écrit une lettre au secrétaire de l’Armée Ryan McCarthy.

« Nous avons découvert que la société mère de TikTok, ByteDance […], collabore avec les bureaux de la sécurité publique dans toute la Chine, y compris dans le Xinjiang, où elle joue un rôle actif dans la diffusion de la propagande du parti-État sur le Xinjiang », a déclaré la lettre.

La lettre, qui demandait une réponse de l’armée américaine avant le 6 décembre, soulevait des préoccupations au sujet de la collecte et du traitement des données des utilisateurs par TikTok, et demandait une évaluation des risques potentiels pour la sécurité nationale posés par les entreprises technologiques chinoises.

Le ministère américain des Affaires étrangères a estimé que plus d’un million de Ouïgours et d’autres minorités musulmanes sont actuellement détenus dans des camps d’internement du Xinjiang, dans le cadre de la répression du régime chinois contre « l’extrémisme ». Pékin affirme que ces camps sont des « centres de formation professionnelle ».

En dehors de ces camps, les autorités ont effectivement transformé la région en un État policier, la population du Xinjiang faisant l’objet d’une surveillance constante grâce à un réseau dense de caméras de sécurité et de points de contrôle.

Le rapport indique que le ministère chinois de la Sécurité publique a signé un accord de coopération stratégique avec ByteDance en avril, permettant à tous les niveaux et divisions des unités de police du Ministère, ainsi qu’à la police de la circulation au niveau du comté, à disposer de leurs propres comptes Douyin pour diffuser leur propagande.

En septembre 2018, le média public chinois Yaxin a rapporté que la police d’Internet du Xinjiang avait enregistré ses comptes Douyin dans le but de mieux « gouverner le réseau » et de « renforcer la sécurité du réseau et la conscientisation au respect des lois ».

Selon le rapport, ByteDance a travaillé en étroite collaboration avec les autorités du Xinjiang, en particulier celles de Hotan, une ville de la province qui a été « la cible de la répression la plus sévère ».

Zhou Nengwen, chef du bureau de propagande du gouvernement Hotan, a déclaré en avril qu’il était ravi d’utiliser Douyin pour « promouvoir les produits et les images de Hotan », à la suite des discussions avec les représentants de ByteDance dans la ville chinoise de Tianjin.

Après avoir analysé les images satellite, le rapport a conclu qu’il y avait une douzaine d’établissements de détention présumés dans la banlieue de Hotan.

Huawei

Les responsables américains ont à plusieurs reprises mis en garde contre les risques pour la sécurité associés aux produits de Huawei et ont exhorté les autres pays à ne pas utiliser ses équipements pour les réseaux de télécommunications, en particulier la 5G.

Les responsables et les experts américains ont exprimé leur crainte que les équipements de Huawei ne soient exploités par Pékin à des fins d’espionnage ou d’interruption des communications en raison des relations étroites de ce géant chinois de la technologie avec l’armée chinoise, ainsi que des lois sur la sécurité nationale qui obligent toute entreprise chinoise à coopérer avec les services de renseignement quand on le lui demande.

En mai, le département américain du Commerce a ajouté Huawei et 68 sociétés affiliées à sa liste noire commerciale et a ajouté 46 entités supplémentaires en août.

Le rapport conteste une affirmation faite par un exécutif de Huawei lors d’une commission parlementaire britannique en juin, lorsque l’exécutif a déclaré que les activités de la société dans le Xinjiang s’effectuaient par l’intermédiaire de « tierces parties ».

« Ce n’est pas correct [à propos de la déclaration d’une tierce partie]. Huawei travaille directement avec le Bureau de la sécurité publique du gouvernement chinois dans le Xinjiang sur une série de projets », indique le rapport.

Depuis 2011, Huawei a commencé à travailler avec le service de police de Karamay, une ville du Xinjiang, sur des projets de cloud computing (du stockage de données en ligne) et sur des projets de vidéosurveillance publique, selon le rapport.

« Huawei a construit les systèmes de surveillance de la police dans les préfectures de Karamay et de Kashgar et a été félicité par le chef de la police provinciale du Xinjiang pour sa contribution au programme Safe Xinjiang », ajoute le rapport.

En 2018, le département de la Sécurité publique du Xinjiang et Huawei ont signé un accord pour la création d’un laboratoire d’innovation « industrie de la sécurité du renseignement » à Urumqi, la capitale du Xinjiang, selon le site Web du gouvernement local. Le partenariat visait à « sauvegarder la stabilité sociale et la sécurité à long terme du Xinjiang ».

En mai, la société Broadcasting and Television Network Corp du Xinjiang et Huawei ont signé un accord stratégique dans lequel les deux parties coopéreraient dans des domaines tels que les infrastructures Internet et les télécommunications 5G, selon le rapport. L’objectif du partenariat est de mettre en place une « stabilité sociale » et de promouvoir « l’énergie positive » dans le Xinjiang.

« La chronologie des activités de Huawei au Xinjiang devrait être prise en considération lors des débats sur Huawei et les technologies 5G », peut-on lire dans le rapport.

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