Affaiblissement apparent du pouvoir de Xi Jinping : les révélations attendues du remaniement annuel des chefs militaires de Pékin

Les changements au sommet de l’armée doivent être entérinés lors de la 4ᵉ session plénière du Parti, dont la date reste à fixer

Par Alex Wu
23 juin 2025 16:59 Mis à jour: 23 juin 2025 19:52

Alors que les luttes intestines au sein des échelons supérieurs du Parti communiste chinois (PCC) s’intensifient, de nombreux observateurs de la Chine se demandent si le dirigeant chinois Xi Jinping est toujours au pouvoir et contrôle réellement le pays, en particulier l’armée.

Selon une pratique établie de longue date au sein du PCC, un groupe de généraux est promu avant la Journée de l’armée, le 1er août de chaque année. Étant donné que de nombreux généraux auraient été destitués ou auraient fait l’objet d’une enquête lors d’une purge militaire présumée, au cours des douze derniers mois, la question de savoir si Xi Jinping promouvra des généraux ou annoncera de nouvelles nominations avant le 1er août suscite beaucoup d’attention, car cet indice pourrait révéler s’il contrôle toujours l’armée.

Xu Qiliang, ancien vice-président de la Commission militaire centrale du PCC – la plus haute instance militaire du régime communiste -, est décédé subitement le 2 juin, devenant ainsi la dernière victime d’une série de tragédies qui ont frappé les hauts responsables militaires du PCC, notamment des décès soudains, des arrestations ou des disparitions pures et simples.

Parallèlement, He Weidong, l’un des deux vice-présidents de la Commission militaire centrale, dont le statut dans l’armée n’est surpassé que par celui de l’autre vice-président, Zhang Youxia, a disparu de la scène publique le 11 mars cette année après la cérémonie de clôture de la troisième session de l’Assemblée populaire nationale. Il est considéré comme l’un des hommes les plus fidèles de Xi Jinping. Des rumeurs venues de Pékin laissent entendre que M. He ferait l’objet d’une enquête.

Certains observateurs ont alors supposé que M. Zhang dirige désormais l’armée du PCC et qu’il aurait dépouillé M. Xi de son pouvoir l’an dernier.

Comme deux autres membres de la Commission militaire centrale – Li Shangfu et Miao Hua – ont été successivement écartés au cours des deux années précédentes, si l’absence de M. He venait à être confirmée, le nombre de membres de la Commission militaire centrale tomberait de sept à quatre.

La désignation des responsables qui combleront ces postes clés et remplaceront les généraux évincés sera au centre de l’attention lors de la Journée de l’Armée cette année.

Des généraux en prison en nombre suffisant pour former une compagnie militaire

Au cours des 13 dernières années, depuis que Xi Jinping est devenu le chef du Parti communiste chinois, il a lancé plusieurs vagues de campagnes « anti-corruption » afin d’éliminer ses ennemis politiques – dont beaucoup appartenaient à l’armée -, et de consolider son pouvoir.

« Treize ans de ressentiment se sont ainsi accumulés », a déclaré le 16 juin à Epoch Times en langue chinoise Su Tzu-yun, chercheur et directeur de la Division de la stratégie de défense et des ressources à l’Institut taïwanais de recherche sur la défense nationale et la sécurité. « Les luttes internes du PCC sous couvert d’anticorruption sont plus dangereuses qu’un champ de bataille. »

Mais en l’espace d’un an, entre 2023 et 2024, le régime chinois a commencé à procéder à des purges, avec la destitution de 12 hauts responsables de l’APL (Armée populaire de libération) au nom de la « lutte contre la corruption », dont Li Shangfu et Wei Fenghe – tous deux anciens ministres de la Défense -, trois commandants de la force de fusées et un commandant de l’armée de l’air, entre autres.

En 2024, des médias chinois à l’étranger ont relayé un message, désormais supprimé sur X (ex-Twitter), de l’observateur chinois « Li Jun » énumérant les noms et grades de 101 hauts dirigeants militaires du PCC envoyés en prison. M. Li a affirmé qu’ils étaient assez nombreux pour former une compagnie militaire : 97 généraux et 4 officiers de niveau colonel.

M. Su a souligné que tous les hauts responsables militaires purgés au cours de l’année écoulée avaient été auparavant promus par Xi Jinping.

« À l’heure actuelle, il semble que seul Zhang Youxia ait le pouvoir de mener à bien cette purge, et Xi Jinping pourrait être devenu une simple figure de proue, sinon tous ces individus ne feraient pas partie de la faction de Xi », a-t-il ajouté.

Tang Jingyuan, observateur des affaires chinoises basé aux États-Unis, partage cette analyse. Il a déclaré à Epoch Times le 16 juin : « Non seulement cette vague de purge à grande échelle vise presque exclusivement les proches de Xi Jinping […] mais les remplaçants sont tous des membres de la faction de Zhang Youxia », tandis que certains postes restent vacants depuis la purge.

« Un énorme remaniement et transfert de pouvoir au sein de l’armée du PCC pourrait avoir eu lieu », a déclaré M. Tang. « Une fois le contrôle de l’armée transféré, la base du pouvoir du chef du Parti se trouve ébranlée. Ainsi, Xi Jinping reste peut-être le dirigeant suprême sur le papier, mais dans les faits, le contrôle du pouvoir au sommet du PCC lui a échappé. »

Shen Ming-shih, directeur de la Division de la recherche sur la sécurité nationale à l’Institut de recherche sur la défense et la sécurité nationales de Taïwan, a déclaré à Epoch Times le 16 juin qu’il était difficile de confirmer ces spéculations, car il n’existe aucune information publique au sujet des luttes de pouvoir au sein du PCC, et qu’il n’y a aucun moyen d’obtenir des éclaircissements officiels ou des preuves de conflits internes.

Des soldats de l’Armée populaire de libération chinoise (APL) patrouillent devant le Grand Hall du Peuple à Pékin le 3 mars 2025, à la veille des réunions législatives annuelles du pays, connues sous le nom de « Deux Sessions ». (PEDRO PARDO/AFP via Getty Images)

« Tout est exprimé à travers des informations vagues ou un langage ambigu, et ce langage équivoque est parfois utilisé délibérément pour laisser entendre qui est au pouvoir ou qui a démissionné. Il est donc plus difficile pour le monde extérieur d’interpréter ces signes. »

Changements possibles avant la Journée de l’Armée

Chen Pokong, commentateur des affaires chinoises basé aux États-Unis, a déclaré à Epoch Times que la Journée de l’Armée de cette année serait un moment clé pour observer qui sera promu dans l’armée et à quelle faction ils appartiennent.

« S’ils veulent vraiment ajouter de nouveaux membres à la Commission militaire centrale lors de la Journée de l’armée le 1er août, ceux-ci devront être confirmés par la quatrième session plénière du Comité central du PCC, ce qui donnera certainement lieu à une lutte acharnée entre la faction Xi et la faction anti-Xi. »

Si de nouveaux membres sont ajoutés, la faction qui aura le dessus dans les luttes intestines au sein du PCC sera clairement identifiée, a fait remarquer M. Chen.

M. Shen a fait savoir que les dates exactes de la quatrième session plénière du Comité central restent incertaines, alors que des rumeurs de lutte pour le pouvoir continuent de circuler.

« Si elle se tient avant fin juin, le secrétaire général du PCC ou la Commission militaire centrale aura déjà procédé aux nominations des généraux avant la Journée de l’Armée du 1er août. »

Des sources proches du cercle dirigeant du régime ont révélé deux dates possibles pour la réunion politique suprême du PCC. Le commentateur indépendant bien connu Cai Shenqun a cité une source interne affirmant que la 4ᵉ session plénière se tiendra du 27 au 30 août.

Parallèlement, Jiang Wangzheng, commentateur basé en Australie, a déclaré que, selon sa source en Chine, la réunion suprême aura lieu du 13 au 16 octobre.

M. Chen a souligné que les nominations au sein du PCC sont opaques et qu’il a été très difficile pour les diverses factions de parvenir à un accord.

« Les luttes internes entre les hauts dirigeants du PCC pourrait être bien plus féroces que ce que le monde extérieur imagine, et le PCC et son armée se trouvent dans une situation précaire. »

Ning Haizhong et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.

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