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Ce que le 19e Congrès du Parti communiste chinois peut et ne peut pas résoudre

octobre 17, 2017 5:45, Last Updated: novembre 9, 2017 22:50
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Le règne des chefs suprêmes du PCC a toujours été plus ou moins relié à l’équilibre et au soutien des différentes factions au sein de la direction du Parti. Dans la plupart des cas, cet équilibre et ce soutien ont été reflétés dans la composition du Politburo et de son Comité permanent.

Le Politburo est composé de 25 hauts fonctionnaires qui supervisent le PCC. Le Comité permanent est actuellement composé de sept membres du Politburo, dont le Secrétaire général, qui est à la tête de ce Comité. C’est le Comité permanent qui dirige effectivement le Parti-État chinois.

La nécessité d’avoir le soutien de différentes factions est la raison pour laquelle on peut considérer comme très peu probables des nombreuses spéculations anticipant que l’actuel dirigeant Xi Jinping se débarrasserait du Comité permanent pour gouverner tout seul sur la Chine.

Depuis la création du Politburo en 1927, le Parti n’a jamais pu se passer du Politburo et de son Comité permanent – même Mao Zedong, le plus puisant dictateur et chef du PCC, avait besoin d’alliances au sein du Politburo pour obtenir et préserver son pouvoir.

Certains pensent que Xi Jinping pourrait dissoudre le Comité permanent afin d’établir les bases de l’extension de son règne au-delà de la limite traditionnelle de deux termes de cinq ans. Toutefois, si Xi Jinping veut modifier les règles pour rester au pouvoir après 2022, il n’a pas besoin de changer la structure de la direction du Parti. De plus, le changement de cette structure pourrait lui faire plus de mal que de bien.

« La pensée Xi Jinping »

Une façon dont les chefs suprêmes de la Chine établissent leur légitimité personnelle est de faire de leurs doctrines une partie intégrante de la charte du PCC. Le quotidien de Hong Kong Oriental Daily a rapporté que « la pensée de Xi Jinping » serait inscrite dans la charte du Parti lors du 19e Congrès. Si Xi Jinping réussit à le faire, il pourrait annoncer la victoire dans le combat qu’il a mené au cours de ses cinq premières années au pouvoir.

L’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin au grand palais du Peuple à Pékin, le 8 novembre 2012. (Feng Li/Getty Images)

Jusqu’à présent, parmi les prédécesseurs de Xi Jinping, seul Mao Zedong a réussi à inscrire sa pensée dans la charte du Parti sous son propre nom. Le nom de Deng Xiaoping est entré dans la charte après sa mort, en 1997, mais seulement par rapport  à une «théorie». Jiang Zemin et Hu Jintao ont fait inscrire leurs idées dans la charte du Parti, mais sans que leurs noms y soient attachés.

«La pensée de Mao Zedong» peut être décrite comme «poursuivre la révolution sous la dictature du prolétariat». Cette doctrine est connue pour avoir amené d’énormes souffrances et catastrophes créées par l’homme.

L’essence de la théorie de Deng Xiaoping consiste en «ouverture des marchés et reforme de l’économie». En deux mots, il s’agit de l’idée que «peu importe si le chat est blanc ou noir, celui qui attrape la souris est un bon chat». La politique du «chat blanc ou noir» a conduit à des améliorations dans les conditions de vie du peuple chinois, mais elle a été en partie contradictoire à la pensée de Mao.

L’idée de Jiang Zemin portait le nom de «Trois représentations» et elle est mieux connue sous la formule de «régner en encourageant la corruption». La doctrine de Jiang Zemin est complètement opposée à l’idée de révolution continue de Mao et elle est responsable de la corruption répandue dans tout le système bureaucratique chinois.

Le concept du «Développement scientifique» de Hu Jintao, également intégré dans la charte du PCC, ne signifie tout simplement pas grand-chose.

Toutefois, à la suite de ces rajouts, la charte du Parti est devenue un méli-mélo contradictoire. Si Xi Jinping ajoute ses propres pensées, cela ne rendra pas l’idéologie dirigeante du PCC plus cohérente.

Cependant, il n’est pas facile à ce stade de déterminer en quoi consiste «la pensée de Xi Jinping». En tout cas, la pensée de Xi Jinping ne constitue pas son héritage le plus important.

Le véritable héritage de Xi Jinping est la campagne anti-corruption, qui a permis de se débarrasser de nombreux membres de la faction rivale de Jiang Zemin.

Jiang Zemin obligeait tous les fonctionnaires à être corrompus afin d’obtenir des promotions, tout en justifiait cette pratique par sa théorie des «Trois représentations». Il a été le deuxième dirigeant à rester le plus longtemps au pouvoir de l’histoire de la Chine communiste. En restant chef du Parti de 1989 à 2002, Jiang Zemin a fait de chaque fonctionnaire corrompu son soutien potentiel. Avec le soutien de la faction qu’il avait formée, il a pu effectuer une direction dans les coulisses pendant les 10 ans de mandat de son successeur Hu Jintao, prolongeant ainsi son règne jusqu’à 2012.

Au cours de son premier mandat de cinq ans, Xi Jinping a réussi à arrêter la pratique de la direction dans les coulisses de Jiang Zemin, a mis en prison la plupart des membres de la faction de ce dernier et a essayé de mettre fin à ses politiques corrompues.

Puisque la campagne anticorruption et d’autres politiques de Xi Jinping sont à l’opposé de la politique de corruption de Jiang Zemin, ajouter le terme de « la pensée de Xi Jinping » à la cahrte du PCC signifiera la victoire de ce dernier sur Jiang Zemin et renforcera son pouvoir au sein de la direction du Parti. Même si cela n’ajoute pas grand-chose à l’idéologie du PCC.

La succession

Afin de consolider encore plus la légitimité de son règne, Xi Jinping doit garder sous contrôle la succession des dirigeants du Parti, sinon son pouvoir pourrait s’en aller à celui qui le suivra à la tête du PCC.

Deng Xiaoping a initié une nouvelle règle. Il a non seulement choisi Jiang Zemin comme successeur, mais a également choisi Hu Jintao comme successeur de Jiang Zemin.

Cela a entamé ce qu’on appelle «l’arrangement qui saute une génération». En 2007, lors du 17e Congrès national du PCC, tenu entre les deux termes de Hu Jintao comme chef du PCC, Xi Jinping et Li Keqiang sont entrés dans le Comité permanent du Politburo en tant que nouvelle génération des dirigeants désignés à succéder au Secrétaire général Hu Jintao et au Premier ministre Wen Jiabao. C’était le résultat d’un compromis entre différentes factions, et Hu Jintao n’avait pas grand-chose à dire sur la candidature de son successeur.

Dans ce contexte, celui qui aurait dix ans de moins que Xi Jinping et qui se verrait entrer au Comité permanent serait considéré comme le successeur de Xi Jinping ou de Li Keqiang. Mais Xi Jinping a montré qu’une telle perspective ne l’arrange pas.

Il a destitué le membre du Politburo Sun Zhengcai en raison de corruption et sur l’accusation encore plus grave de «perdre sa position politique». Moins de 20 jours avant l’ouverture du 19e Congrès, Sun Zhengcai a été démis de ses fonctions et traduit en justice.

Sun Zhengcai a été considéré par certains experts sur les lutes intestines dans la direction du PCC comme une étoile montante dont la nomination au Comité permanent lors du 19e Congrès national devrait annoncer sa prochaine accession au pouvoir lors du 20e Congrès en 2022.

En mettant hors-jeu Sun Zhengcai, Xi Jinping a non seulement montré à la direction du Parti qui est le vrai patron, mais également qu’il ne suivra pas les règles établies par ses prédécesseurs. En même temps, il a gardé la porte ouverte pour la prolongation de son règne au-delà de 2022.

Le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin, le 25 mars 2016. (Lintao Zhang/Pool/Getty Images)

Le but de la campagne anticorruption

L’utilisation de la campagne anticorruption pour mettre à l’écart Sun Zhengcai montre que cette campagne a en elle-même un problème. En fait, elle porte un message caché que, malgré la corruption de nombreux individus, le Parti lui-même est bon et qu’il est capable de résoudre ses propres problèmes. Bref, la campagne anticorruption promet de sauver le PCC.

Cependant, la chute de Sun Zhengcai soulève une question : si l’étoile montante et le possible futur chef du Parti ne pouvait pas résister à la tentation de la corruption, qui le pourrait ?

L’année dernière, le département de propagande de la Commission centrale d’inspection de la discipline et la chaîne de télévision officielle CCTV ont présenté une série télévisée sur la campagne anticorruption intitulée «Toujours en route». Même la Commission anticorruption se rend compte que la campagne qu’elle mène est interminable. Cette campagne ne sera pas capable de résoudre le problème de corruption ni même de le réduire ; le PCC est irréparable.

Au 19e Congrès national du Parti, Xi Jinping va certainement maintenir ou améliorer sa position actuelle et affronter fermement ses rivaux au sein et à l’extérieur du PCC en comptant sur le soutien de l’intérieur.

Toutefois, cela signifie seulement que Xi Jinping pourra résoudre le problème de sa propre légitimité au sein du Parti. Mais ces mesures ne peuvent pas résoudre le problème fondamental auquel est confronté le Parti communiste chinois : quelle est la base de sa légitimité pour gouverner la Chine ? C’est un problème beaucoup plus important qui ne peut pas être résolu à l’intérieur du Parti – ni en modifiant les règles du Parti, ni en dominant d’autres factions, ni même par le biais d’une campagne anticorruption.

Version anglaise : What the 19th National Congress in China Can and Can’t Solve

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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