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Coronavirus de Wuhan : quatre traitements à l’essai en Europe

mars 25, 2020 14:40, Last Updated: mars 25, 2020 15:12
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Un important essai clinique vient d’être lancé pour quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus dans plusieurs pays européens. Avec quel espoir? Tour d’horizon de ce test à grande échelle contre la maladie du virus du PCC, pour laquelle il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement.

L’essai Discovery, lancé dimanche, doit inclure 3.200 patients européens en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne  et peut être d’autres pays.

Chaque patient inclus se voit allouer un des quatre traitements thérapeutiques testés de manière aléatoire, après une randomisation informatique – ce n’est pas le médecin qui choisit. « Cela permet d’échantillonner l’essai », a expliqué lors d’un point presse le Pr Florence Ader, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse au CHU de Lyon, qui pilote le projet.

En France (800 participants), sont éligibles à l’essai uniquement les patients hospitalisés, dans les services de maladies infectieuses et de réanimation.

Il s’agit de malades présentant des signes respiratoires, notamment la pneumonie, et/ou ayant besoin d’un support d’oxygène, détaille le Pr Ader.

-Illustration- Service d’hospitalisation des futurs patients atteints de coronavirus au Samson Assuta Ashdod University Hospital dans la ville d’Ashdod, dans le sud d’Israël. Photo de JACK GUEZ / AFP via Getty Images.

Le traitement leur a été administré rapidement, « car le délai de mise sous traitement semble être un facteur important dans cette maladie », selon l’infectiologue. En effet, plus on avance dans la maladie, moins la présence du virus est importante, donc « si on veut espérer un effet anti-viral d’une molécule, il faut la donner très tôt », abonde le Pr Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon.

Elles doivent toujours allier deux compétences: efficacité et tolérance

Le remdesivir:

C’est un antiviral conçu initialement pour le virus Ebola mais « qui a un spectre d’action plus large », car il « interagit avec d’autres virus, et il est notamment capable de bloquer la réplication de ce nouveau coronavirus », détaille Bruno Lina.

« On espère beaucoup dans cette molécule » car « les premiers résultats in vitro ont été très bons », commente le virologue.

– Le lopinavir en combinaison avec le ritonavir:

Il s’agit du « recyclage » d’un médicament contre le VIH, qui « consiste à bloquer la réplication du virus », selon le chercheur: « on s’est rendus compte que ça marche dans le tube à essai ». 

Cette combinaison a déjà été testée en Chine, mais avec des résultats mitigés, notamment parce que beaucoup de malades « ont été inclus très tardivement, parfois au-delà du 10e jour de la maladie », a souligné le Pr Lina. L’essai Discovery, lancé beaucoup plus tôt dans l’évolution du Covid-19, sera donc « complémentaire » de l’essai chinois.

– La même combinaison lopinavir/ritonavir, associée à l’interféron bêta:

Cette association est jugée intéressante étant donné que le virus  comprend deux phases: une phase virologique, « pour laquelle on pense que les anti-viraux peuvent avoir un effet important », et une phase avec « un syndrome inflammatoire pouvant entraîner des dégradations au niveau pulmonaire, et on espère que l’interféron pourra bloquer ce processus inflammatoire », a expliqué le virologue.

– L’hydroxychloroquine

Ce quatrième traitement, cousin de la chloroquine, un anti-paludéen qui suscite bien des débats, n’était pas prévu au départ. Il a été rajouté à la demande de l’OMS et de l’Etat français.

-Le professeur français Didier Raoult, biologiste et professeur de microbiologie, spécialiste des maladies infectieuses et directeur de l’Institut des infections de l’IHU Méditerranée, posant dans son bureau à Marseille, dans le sud-est de la France. Photo par GERARD JULIEN / AFP via Getty Images.

« Il nous a paru logique » de l’ajouter, car « des données récentes nous ont été fournies, notamment un papier chinois paru le 9 mars dans le plus gros journal d’infectiologie américain, qui a apporté un certain nombre d’arguments intéressants », a souligné Florence Ader.

Pourquoi l’hydroxychloroquine plutôt que la chloroquine ? Les deux molécules agissent de la même manière, mais l’hydroxychloroquine présente moins de risque de toxicité.

En France, les premiers traitements ont démarré dimanche à l’hôpital Bichat à Paris et au CHU de Lyon. La sélection des hôpitaux se fait « en fonction de la cartographie de l’épidémie », et le recrutement des 800 patients français sera achevé « au plus vite ».

Dans les autres pays, « ce sera calé sur la capacité des pays à mettre en route leurs essais respectifs », indique le Pr Ader.

La première évaluation clinique se passera au 15e jour du traitement, « donc dans les semaines qui viennent, on commencera à avoir de premiers résultats », prédit-elle.

Dès qu’un essai « aura montré la supériorité d’un des quatre schémas thérapeutiques, on pourra proposer aux régulateurs, en France et dans le monde, de l’utiliser », disent les experts.

Le traitement pourra alors être libéré « très rapidement », étant donné que « nous sommes dans une situation de carence thérapeutique », soulignent-ils, appelant toutefois à la « prudence » car « on ne connaît pas encore leurs effets ».

 

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