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David Léonard Wiedmer: l’excellence d’un jeune luthier bien discret

février 22, 2019 6:54, Last Updated: février 22, 2019 6:58
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Parmi les ateliers d’artisans parsemant les quais de Saône à Lyon, en France, une humble façade cache les onéreux trésors du Suisse David Léonard Wiedmer qui, à seulement 29 ans, s’impose déjà comme un des luthiers les plus recherchés de la planète.

Des murs de pierre, deux établis, de nombreux outils, moules, supports et gabarits prêts à creuser et tordre le bois pour composer de nouvelles pièces d’orfèvrerie composent l’environnement. Au sol, les copeaux épars témoignent du travail du matin. Dans une armoire vitrée trônent une poignée de violons et un alto qui attendent d’être testés ou réparés par David ou par Léa Trombert, sa compagne, ex-violoncelliste convertie à la lutherie.

Passé à ses débuts par l’ébénisterie, une étape qui lui a donné un avantage décisif, le Suisse a été formé en France au sein de la très sélective Ecole nationale de lutherie de Mirecourt, dans les Vosges (est). « A la sortie, j’ai voulu voyager et j’ai choisi le plus ardu: restaurer les instruments anciens pour accumuler un maximum d’expérience ». Il fait ses armes à New York et Londres, chez le grand luthier Florian Leonhard, puis s’installe à Lyon voici trois ans.

« Lyon c’est l’idéal, il y a le Conservatoire national supérieur, deux orchestres, et en plus il fait beau, on est proche de la Suisse… et de la mer ! », plaisante le luthier, fine barbe de trois jours. En novembre, c’est la consécration: au prestigieux concours de la Violin Society of America à Cleveland (États-Unis), David Léonard Wiedmer est deux fois médaillé d’or, pour une copie d’un stradivarius et pour un violoncelle,  ce dernier en collaboration avec son confrère et ami Damien Gest. Il reçoit aussi une médaille d’argent pour un alto.

Des récompenses qui le bombardent de facto parmi les luthiers les plus en vogue dans le monde. « J’avais envie de savoir où j’en étais, car on est tout seul dans nos petits ateliers », raconte-t-il. « Déjà à l’école il avait une main exceptionnelle », confie Damien Gest, basé à Trades (Rhône), et « on était toujours les premiers à renoncer à sortir avec les copains pour finir un instrument. C’est nécessaire pour aller haut ».

Pas forcément très à l’aise face au subit intérêt médiatique qu’il suscite, David peut désormais se permettre de délaisser la restauration d’instruments pour la fabrication, plus à son goût. Il voit dans la lutherie un « travail complet et épanouissant: il y a le travail du bois, la musique, la physique, la chimie », et « la relation humaine, la psychologie » face au client.

Mais aussi beaucoup d’incertitudes. « On projette ce qu’on veut dedans mais quand on fait vibrer les cordes pour la première fois, c’est la surprise ». Pour David, « il n’y a pas de violon parfait. Le violon parfait, c’est celui qui convient au musicien ». Une « personnalité propre » à chaque fois, abonde Léa.

Après la commande, le délicat travail démarre par la taille des fines lamelles de la couronne d’éclisses, qui forme le contour de l’instrument, puis on sculpte dans le bois brut les deux voûtes (dos et table du violon). Celles-ci sont en érable ondé et épicéa, des bois légers oxydés dans une caisse à U.V. pour leur donner l’aspect ancien recherché.

Il faut avoir le poignet solide pour ensuite creuser les voûtes à la main jusqu’à obtenir les bonnes épaisseurs, découper les ouïes dans la table puis assembler à la colle. Restera alors à tailler la tête, vernir et monter l’ensemble.  Ce processus dure au minimum un mois, pour un violon facturé de 6.000 à 12.000 euros, bien moins que les modèles les plus anciens qui peuvent atteindre plusieurs millions.

Pour les réglages, s’il n’est pas musicien, le luthier doit être a minima fin mélomane. « Il faut comprendre les micro-détails de musicien. Dans un concert, à quelques détails près, soit on s’endort, soit on est vraiment dedans », explique David. Sur demande du client, il pourra ainsi « jouer sur pas mal de paramètres sans dénaturer l’instrument, comme le chevalet ou l’âme », petit cylindre de bois placé sous pression entre la table et le fond, dont l’emplacement est souvent déterminant.

David et Léa ne travaillent plus sur les mêmes instruments, « car un violon est très personnel ».  Le rythme autorise peu de congés et David ne saurait « pas quoi faire » en vacances, dit-il. Qu’il se rassure: son carnet de commandes très international (Asie, Etats-Unis, Europe) est plein jusqu’en 2022.

D.C avec AFP

 

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