OPINIONS

La décennie perdue du Canada

octobre 20, 2023 8:24, Last Updated: octobre 20, 2023 8:24
By Randy Boldt

Dans les années 1980, le monde s’est épris du Japon. Son économie était en plein essor et devait dépasser celle des États-Unis, pour en faire la première puissance économique mondiale avant l’an 2000. Cependant, dans les années 1990, le marché boursier japonais s’est effondré et la croissance économique s’est arrêtée. La période qui a suivi, a été appelée la « décennie perdue ».

Le Japon ne s’est jamais remis des promesses des années 1980. Le Canada est aujourd’hui confronté à sa propre décennie perdue. Pourrons-nous nous en remettre ?

Passons en revue l’absence de progrès depuis 2015.

La classe moyenne la plus riche du monde (auparavant)

En 2014, le New York Times a publié un article qui commençait ainsi : « La classe moyenne canadienne pourrait désormais être la plus riche du monde. » Les perspectives pour le Canada étaient roses, avec son abondance de ressources naturelles, un système d’immigration solide et éthique, des normes économiques en amélioration, un financement public solide et des taux de criminalité en baisse. En 2014, le Canada faisait l’envie du monde entier, tout comme le Japon dans les années 1980.

Depuis, nous avons vu le PIB par habitant s’effondrer. Selon la Banque mondiale, le PIB réel canadien par habitant n’a augmenté que de 2,9 % au cours des huit dernières années (soit 0,37 % par an), passant de 43 635 USD à 44 910 USD. Au sud de la frontière, le PIB réel par habitant est passé de 52 266 à 59 836 dollars, soit une augmentation de 12,65 % (ou 1,58 % par an).

Cela signifie qu’en 2014, le PIB par habitant était 22 % plus élevé aux États-Unis et 35 % plus élevé en 2022, ou que l’économie américaine par habitant s’est développée 4,3 fois plus vite que celle du Canada. Pendant ce temps, les salaires réels sont restés complètement stables au Canada, et ont même commencé à baisser ces deux dernières années, l’inflation s’envolant et les salaires restant statiques. Selon l’OCDE, les perspectives de croissance par habitant pour les prochaines décennies sont parmi les pires du monde développé.

Déclin du secteur automobile

En 2014, le Canada a produit 2,39 millions de véhicules. Ce chiffre a chuté de 49 % pour atteindre seulement 1,23 million de véhicules en 2022. Au cours de la même période, la production automobile américaine a également chuté, mais seulement de 14 %, passant de 11,66 millions à 10,01 millions.

Augmentation de la dette publique

En 2015, le Canada faisait l’envie des pays développés en ce qui concerne la dette de son gouvernement fédéral, qui ne représentait que 35 % du PIB. Depuis, elle est passée de 659 milliards de dollars à 1 260 milliards de dollars, soit 59 % du PIB.

Ce n’est pas le niveau réel de la dette qui est préoccupant, mais l’impact qu’elle a eu sur l’inflation au Canada, en particulier l’inflation des actifs et du logement. On accorde peut-être trop d’importance à l’inflation des prix à la consommation et pas assez à l’inflation des actifs.

Au cours des huit dernières années, les prix à la consommation ont augmenté de 25 %, tandis que le prix moyen pour l’achat d’une maison au Canada a connu une hausse stupéfiante de 87,6 % pour atteindre 750 000 dollars.  Même si l’on ne tient pas compte de l’augmentation des prix de l’immobilier en fonction de l’IPC, cela signifie que l’augmentation « réelle » moyenne a été de 50 %. Comme nous l’avons souligné, les salaires et la production n’ont pas augmenté au cours des huit dernières années, ce qui signifie qu’il est de plus en plus difficile, voire impossible, pour les jeunes de se permettre d’acheter une maison, en particulier une maison unifamiliale, qui est l’endroit où les jeunes familles préfèrent élever leurs enfants.

Augmentation du nombre de fonctionnaires

Malgré le manque de progrès économique du Canada, le nombre de fonctionnaires fédéraux a augmenté de 100 213, soit 38,9 %, passant de 257 034 à 357 247. Rien que cette année, il a augmenté de 21 290 personnes.

Le taux de criminalité monte en flèche

Les taux de criminalité ont baissé régulièrement depuis les années 1990 et ont atteint des niveaux records en 2013 et 2014. Depuis, selon Statistique Canada, les crimes violents ont augmenté de 40 % dans l’ensemble du pays.

Absence de progrès en matière d’environnement

D’un point de vue économique, le Canada n’a fait aucun progrès. Nous avons assisté à une augmentation massive des coûts de l’État. La dette du gouvernement fédéral a doublé et les prix de l’immobilier ont augmenté de 87,6 %.

C’est une décennie perdue sur le plan économique, mais nous avons sûrement progressé sur le plan de l’environnement.

Les progressistes suggèrent souvent qu’il existe un compromis entre la croissance économique et l’environnement. Ils ne cessent de dire que la réduction de la pollution passe par la fixation d’un prix sur la pollution plutôt que par l’amélioration de la technologie.

Prenons l’exemple de l’opinion contestable selon laquelle le dioxyde de carbone est une pollution. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 5 % au Canada au cours des huit dernières années, alors qu’elles ont diminué de 7 % au cours de la même période aux États-Unis, où il n’existe pas de taxe sur le carbone. Si vous pensez que les niveaux de CO2 doivent être réduits (plusieurs pensent que non), il semble que nous ayons le pire des deux mondes : une économie très léthargique, avec des niveaux de vie en baisse, ainsi que des niveaux de dioxyde de carbone en hausse.

Le gouvernement fédéral actuel a encore deux ans devant lui, jusqu’à ce que des élections soient organisées. Aucune politique susceptible de sortir le pays de la stagnation économique dans laquelle il se trouve actuellement ne fait l’objet de discussions. Le rôle du gouvernement n’est pas simplement de jouer le rôle de Robin des Bois, en prenant l’argent des riches pour le donner aux pauvres.  Ils ont également pour rôle de faciliter la croissance de l’économie.

Au cours de cette décennie, nous avons lamentablement échoué sur ce front. Espérons que nous pourrons commencer à nous redresser au cours de la prochaine décennie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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