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Des ours tués dans les montagnes des Pyrénées entrent au muséum

janvier 23, 2023 12:30, Last Updated: janvier 23, 2023 14:53
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Sur les paillasses du laboratoire de naturalisation du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, Caramelles, ourse tuée par un chasseur en 2021 dans les Pyrénées, retombe sur ses pattes, loin des tensions suscitées par la réintroduction du grand prédateur.

La silhouette de l’ourse, reconstituée en polyéthylène, matériau léger et facile à sculpter, retrouve ses arrondis sous les doigts habiles des taxidermistes, avant d’être recouverte de sa fourrure.

Caramelles a été tuée en novembre 2021 sur les hauteurs du village de Seix (Ariège), par un chasseur qu’elle avait attaqué et blessé à une jambe alors qu’elle était avec ses petits.

Une information judiciaire pour destruction d’espèce protégée a été ouverte par le parquet de Foix, la battue s’étant déroulée en partie dans une zone interdite à la chasse.

Opposés, comme nombre d’éleveurs, à la présence de l’ours dans les Pyrénées, les chasseurs plaident « la légitime défense » de leur pair et dénoncent un « acharnement ».

Processus de naturalisation

Entretemps, les équipes du Muséum ont pu récupérer l’animal, sur autorisation de la justice et en partenariat avec l’école vétérinaire de Toulouse, et procèdent à sa naturalisation.

Après avoir ôté la chair de la bête, les taxidermistes amincissent et tannent sa peau. Conservée dans un congélateur, elle est ensuite travaillée pour regagner en souplesse et épouser la forme du mannequin.

« Elle était magnifique, elle avait un pelage extraordinaire cette ourse », sourit Brian Aïello, l’un de ces experts, en caressant sa robe « vive », caractéristique des ours bruns d’origine slovène, introduits au cours des années 1990 dans les montagnes frontalières de la France et de l’Espagne.

Le processus, qui dure environ trois mois pour un animal de cette corpulence, Caramelles pesait autour de 120 – 140 kg, permet de l’étudier. « Ce que l’on ne sait pas avec les ours, c’est que ça a des oreilles énormes », s’exclame M. Aïello.

Le taxidermiste Brian Aiello (R) et son assistant Adam Huyet travaillent la peau de l’ourse Caramelles. (Photo : LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images)

Caramelles n’est pas le premier plantigrade à passer entre ses mains. Il a naturalisé plusieurs ours du massif, dont Cannelle, la dernière de la lignée pyrénéenne.

Un chasseur avait abattu Cannelle en novembre 2004 dans la vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques), lors d’une battue aux sangliers. Mis en examen pour destruction d’espèce protégée, il a été condamné en 2010 à verser 11.000 euros de dommages et intérêts à des associations pro-ours.

L’accident avait ému les défenseurs du mammifère et marqué « un point de rupture » dans l’histoire des plantigrades : « après elle, la souche génétique pyrénéenne a disparu », retrace Alexandre Mille, conservateur du patrimoine et responsable du service des collections du Muséum.

Pour Caramelles, le choix s’est porté sur une posture « alerte » de « mère vigilante » car cette ourse était « l’une des femelles les plus productives » et a donné naissance à une vingtaine d’oursons, ajoute-t-il.

Elle incarne les « résultats » obtenus ces dernières années, considère M. Aïello : « ours ou pas demain, aujourd’hui ils sont là et ils augmentent, et Caramelles représente cela ».

Alors qu’ils étaient au bord de l’extinction dans les Pyrénées au début des années 1990 avec seulement cinq individus, la mise en place d’un programme de réintroduction d’ours bruns venus de Slovénie a permis de développer leur population, estimée à environ 70 aujourd’hui.

Cette augmentation suscite toutefois une levée de boucliers d’éleveurs, qui accusent les ours d’attaquer les troupeaux de brebis pendant l’estive.

Dans ce contexte de tensions, le Muséum, précise le conservateur, cherche à la fois à conserver « la diversité génétique perdue » avec la disparition de la lignée pyrénéenne, et à « contribuer au débat » en présentant ces animaux de manière à « sortir de ces points de crispation ».

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