ENVIRONNEMENT

En France, la délicate fermeture des centrales à charbon

août 24, 2018 10:03, Last Updated: août 24, 2018 12:48
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A l’inverse des Etats-Unis, où Donald Trump veut les sauver, la France a décidé de fermer ses centrales à charbon d’ici à 2022, une mesure en faveur du climat dont la mise en œuvre promet d’être socialement délicate. Le président Emmanuel Macron avait promis durant la campagne pour la présidentielle de 2017 de fermer les centrales à charbon durant son quinquennat, un engagement maintes fois répété depuis son élection.

La France veut être exemplaire sur le climat

La décision est hautement symbolique: « la France veut être exemplaire sur le climat », rappelle Nicolas Berghmans, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Le charbon, encore largement utilisé dans le monde et en particulier en Allemagne, est la manière la plus polluante de produire de l’électricité.

En France, il reste quatre centrales à charbon en activité: deux du groupe EDF à Cordemais (ouest) et au Havre (nord-ouest) et deux autres de l’allemand Uniper à Gardanne (sud-est) et Saint-Avold (est). Cette énergie joue un rôle marginal dans la production d’électricité du pays, dominée par le nucléaire. L’an dernier, le charbon représentait 2,3% des capacités avec 3 gigawatts et il n’a compté que pour 1,8% de la production.

Très pratique en période de grand froid, facilement mobilisable

Mais EDF comme Uniper défendent l’utilité de ces moyens facilement mobilisables, notamment pendant les pics de consommation hivernaux. « Quand il fait très froid, que faire s’il n’est plus possible d’utiliser les centrales à charbon, en particulier en Bretagne, le site de Cordemais étant le principal site d’alimentation en électricité de cette région? », s’interrogeait au printemps le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy devant des parlementaires.

Lors d’une autre audition, il a même affirmé que la Bretagne était passée « très près d’une interruption de la fourniture d’électricité » un jour de l’hiver dernier. Manière de dire que tous les moyens de production existants devraient être conservés.

La France dispose de manœuvre suffisante pour se passer du charbon d’ici à 2022

Mais selon RTE, qui gère le réseau de transport d’électricité, la France devrait disposer d’une marge de manœuvre suffisante pour se passer du charbon d’ici à 2022. Ce scénario suppose toutefois la prolongation du parc nucléaire (hormis la fermeture programmée de la centrale de Fessenheim dans l’est du pays), de nouvelles interconnexions avec des pays voisins ou encore le développement des énergies renouvelables.

Mais le gouvernement se retrouve surtout confronté à une difficile équation sociale dans des régions qui, pour certaines, sont déjà fragilisées.  « Il ne faut pas négliger la volonté politique qu’il faudra mettre en œuvre, même ici en France, pour fermer ces centrales », car « ça soulève des enjeux locaux », remarque Nicolas Berghmans.

La CGT avance que  5.000 emplois seraient concernés au total

Le syndicat CGT avance ainsi jusqu’à 5.000 emplois concernés au total, un chiffre qui compte salariés d’EDF et d’Uniper, prestataires permanents et employés à la logistique du charbon dans les ports. Les syndicats demandent un délai de grâce, alors que pour Julien Lambert, de la CGT Mines-énergie, l’échéance de 2022 s’apparente à une « posture dogmatique ». « Programmer une fermeture avec une reconversion du site et un maintien de l’emploi à la clef, ça se prépare 10 ans à l’avance, pas quatre ans », juge-t-il.

EDF prépare une possible alternative pour ses sites

Uniper s’inquiète aussi d’un « impact industriel majeur » sur place et réclame au passage un « dispositif de soutien acceptable ». De son côté, EDF prépare une possible alternative pour ses sites et teste à Cordemais un dispositif baptisé « Ecocombust » à base de biomasse.  Si les essais sont concluants, ces centrales pourraient brûler en co-combustion, dans un premier temps, environ 50% de biomasse et 50% de charbon. A moyen terme, l’objectif est de tendre vers 80% de biomasse (un essai a déjà été réussi avec ce ratio en mai), voire 100%, selon l’électricien.

Mais le gouvernement reste pour l’instant prudent face à cette initiative. « EDF pourra, dans le respect de la contrainte de la fin de l’utilisation du charbon, proposer des pistes soutenables », indiquait en juin la secrétaire d’État à la Transition écologique, Brune Poirson.

DC avec AFP

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