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Guadeloupe : des milliers de foyers privés d’eau potable chaque jour

novembre 30, 2021 21:55, Last Updated: novembre 30, 2021 21:55
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En Guadeloupe, pourtant dénommée « l’île aux belles eaux », l’eau potable disponible au robinet se fait rare. Ce sont des milliers de foyers qui en sont privés chaque jour.

C’est l’une des 32 revendications émises par les organisations et syndicats guadeloupéens : « Un plan d’urgence pour l’eau, pour un accès permanent de tous à une eau potable, buvable, sans pesticide, sans chlordécone, à un prix bas et unique, dans le cadre d’un véritable service public ».

L’eau potable est devenue un luxe et pas seulement en Grande-Terre, île présentant peu de cours d’eau et approvisionnée en partie par la Basse-Terre.

De l’eau naturelle qui n’arrive pas souvent au robinet

Sur la commune de Capesterre-Belle-Eau, ainsi dénommée car elle est riche de grandes rivières d’où partent des captages approvisionnant non seulement la commune mais aussi la Grande-Terre, les Capesterriens subissent de nombreuses années des coupures parfois quotidiennes quand elles ne durent pas plusieurs jours d’affilée.

Et après les coupures, l’eau qui arrive est parfois impropre à la consommation. La commune de Gourbeyre, dans le sud Basse-Terre, est aussi bien connue pour ses cascades et même son eau en bouteille issue de la source de Dolé. Pourtant, là aussi, les habitants connaissent maintenant des coupures répétitives, ponctuées en plus de périodes de contaminations micro-biologiques où la consommation de l’eau est interdite.

« Je subis assez régulièrement des coupures d’eau. Mais, cette fois-ci, elle perdure et on n’est pas informé par la régie des eaux, de ces coupures…. La plus longue a duré plus d’une dizaine de jours », confiait ainsi Raymond, habitant de la commune sur Guadeloupe la 1ère de France TV.

Si la mairie tente d’approvisionner certains quartiers en bouteilles d’eau, ces apports demeurent limités et la communication de ces phases d’interdiction de la consommation n’est pas toujours explicite.

Pourtant, l’eau naturelle ne manque pas en Basse-Terre, les massifs des volcans qui alimentent les rivières étant toujours très arrosés. Le plus connu de ces volcans, la Soufrière, située à Saint-Claude, est l’une des zones connaissant une pluviométrie parmi les plus importantes de la planète, environ 10 m de pluie par an !

L’eau potable, un luxe ?

En Grande-Terre, île de composante calcaire, les cours d’eau sont peu présents et les captages n’ont concerné que des nappes souterraines. Seulement, celles-ci connaissant maintenant un phénomène de salinisation, la majeure partie de l’eau potable provient des captages de la Basse-Terre.

Au Gosier, commune balnéaire du sud Grande-Terre, Franceinfo est allé à la rencontre d’habitants, exaspérés.

« Ce matin, pour me rafraîchir, j’ai dû aller me baigner à la plage des Salines. Vous voyez, mon jean est encore mouillé », déplore Claire, 64 ans.

Cette habitante du centre-ville du Gosier doit jongler avec des bouteilles d’eau pour cuisiner, laver…

« J’achète toujours en quantité : dix packs d’eau environ toutes les trois semaines. C’est mon fils, qui travaille au Moule, qui me les rapporte », confie-t-elle.

Alors, nombre de foyers s’équipent en citernes d’eau, recueillant l’eau de pluie ou stockant l’eau potable quand elle coule dans les robinets.

Un habitant remplit un bidon d’eau à une source naturelle à Trois-Rivières, le 26 juillet 2018, en Guadeloupe.

(Crédit photo CEDRICK ISHAM CALVADOS/AFP via Getty Images)

Des canalisations obsolètes

Mais, alors, comment expliquer que ce département français rencontre de tels problèmes au niveau de l’eau potable ?

La cause principale se situerait au niveau du réseau des canalisations, usé et obsolète. Celui-ci aurait dû subir une rénovation depuis des dizaines d’années.

Le dernier rapport de l’Observatoire de l’Eau, paru en décembre 2020, présente des chiffres alarmants : « En 2018, 78,3 millions de m3 d’eau potable ont été mis en distribution sur l’ensemble de la Guadeloupe. Sur ce volume total, seulement 39 % de l’eau (30,5 millions de m3) a été consommée par la population », énonce ainsi le rapport.

Plus de 60 % de l’eau potable partirait donc dans la nature guadeloupéenne, entraînant alors une augmentation des prélèvements dans les masses d’eau naturelles.

France Info rapporte ainsi que « la Banque mondiale a d’ailleurs placé le réseau guadeloupéen dans la catégorie « D », la plus mauvaise, jugeant « impératifs et prioritaires » des programmes de réduction des fuites ».

Les habitants se résignent donc à s’organiser autour de robinets vides et de « tours d’eau », une forme de calendrier des coupures programmés secteur par secteur dans les communes.


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