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Humains et hippopotames, apprendre à vivre ensemble en RDC

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Le grand lac Tanganyika s'étend le long des frontières de la République démocratique du Congo, du Burundi, de la Tanzanie et de la Zambie, avec un groupe d'hippopotames qui s’y baigne. Photo ROBERTO SCHMIDT/AFP via Getty Images.

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Durée de lecture: 4 Min.

Ils ravagent tout et tuent des gens! Au bord de la rivière Ruzizi, qui sépare la République démocratique du Congo du Burundi, la cohabitation entre hippopotames et villageois reste conflictuelle, au désespoir des défenseurs de l’environnement.
« Tout récemment, en décembre, les hippopotames ont dévasté trois hectares de champ de semences d’une voisine », se lamente Jeannette Chandazi, habitante de Kamanyola, un village du Sud-Kivu (est du pays) tout proche de la rivière où des militants écologistes ont mené cette semaine une visite de pacification.

A Lulimibi, le Lac Edouard abritait autrefois la plus grande population d’hippopotames au monde, un chiffre décimé par les conflits depuis 1994. Photo Brent Stirton/Getty Images for WWF-Canon.

David Wiragi, représentant la société civile environnementale à Kamanyola, indique que « de 2019 à ce jour, sept personnes ont été tuées et six autres blessées » par les grands mammifères, au niveau de Kamanyola et du village voisin de Katogota.
Les gens occupent les zones où les animaux avaient pour habitude de sortir
Le problème, dit-il à l’AFP, « c’est que les gens ont envahi les abords de la rivière », occupant les zones où les animaux avaient pour habitude de sortir chercher de la nourriture. « Ils attaquent les gens et les gens à leur tour les pourchassent… », déplore-t-il.
« Ces espaces sont transformés en champs, il y a même des constructions », confirme Innocent Bayubasire, chef de bureau à la coordination de l’environnement au Sud-Kivu.
En principe, l’occupation des sols est interdite sur une bande de 100 mètres le long des rives, une disposition qui n’est pas respectée.
« Des opportunités par le tourisme et la création d’emplois »
« Les gens devraient être sensibilisés pour ne pas considérer ces hippopotames comme des ennemis, mais comprendre que ces endroits constituent des opportunités par le tourisme et la création d’emplois », suggère Josué Aruna, président pour le Sud-Kivu de la société civile environnementale.

-Des hippopotames se prélassent dans la rivière Dungu dans le parc national de la Garamba, au nord-est de la République démocratique du Congo. Photo TONY KARUMBA/AFP via Getty Images.

La plaine de la Ruzizi n’échappe pas aux violences des groupes armés qui écument le Kivu depuis plus de 25 ans. Raison de plus selon lui pour valoriser le site et employer des jeunes désœuvrés tentés de prendre les armes et de rançonner les voyageurs.
Or, déplore-t-il, on assiste plutôt à « une extermination de masse de ces animaux, tués par la population mais aussi par des militaires, à la recherche de canines et de peaux d’hippopotame, pour la vente ». Selon lui, au moins trois spécimens sont tués chaque mois sur la rivière Ruzizi et le lac Tanganyika.
Apprendre à respecter l’espace de chacun
En collaboration avec le gouvernement provincial, M. Aruna a conduit une visite « touristique » et de sensibilisation sur place mercredi, à l’occasion de la journée mondiale des zones humides, le 2 février.
« Cela fait déjà trois ans que nous travaillons sur la question », souligne-t-il, pour tenter de préserver cette biodiversité du « rift albertin, refuge des hippopotames géants d’Afrique ». Des « sites d’observation des hippopotames » vont par exemple être aménagés, dit-il, avec un site expérimental déjà en chantier à Kamanyola.