Jean-Frédéric Poisson : « Nous défendons l’Europe des nations redevenues libres »

Par Julian Herrero
26 avril 2024 16:59 Mis à jour: 28 avril 2024 16:40

ENTRETIEN – Jean-Frédéric Poisson est président de la Voie du peuple (VIA), et ancien maire de Rambouillet. Dans un entretien accordé à Epoch Times, il revient sur son alliance avec Florian Philippot en vue des élections européennes. Il livre également sa vision du conservatisme.

Epoch Times – Jean-Frédéric Poisson, le 4 avril, vous et le président des Patriotes, Florian Philippot avez annoncé dans un communiqué «un accord de coalition visant à faire liste commune aux élections européennes». Vous êtes troisième sur cette liste. Pourquoi avoir voulu bâtir une alliance avec Florian Philippot ?

Jean-Frédéric Poisson – Tout d’abord, ce n’est pas une première. En réalité, nous travaillons avec Les Patriotes depuis le début de la crise sanitaire. Nous avons été les seuls partis politiques à manifester notre désapprobation à l’égard de la politique sanitaire, à défendre nos libertés, y compris à aller jusque devant les juridictions françaises pour faire rétablir les libertés individuelles ou collectives. Et nous faisons partie des très rares défenseurs de la paix en refusant la perspective du développement du conflit russo-ukrainien.

Et même si nous ne sommes pas des défenseurs du Frexit de la première heure comme les Patriotes, l’urgence de la situation, notamment le fait que l’Europe soit devenue une organisation dénuée de sens et de réalisme et de souci des peuples, nous a fait considérer, qu’à la défense de la paix et la préservation de nos libertés venait s’ajouter un troisième sujet essentiel ; la question centrale de la place de la France en Europe et éventuellement de sa sortie de l’UE.

Par conséquent, quand on a l’habitude de travailler ensemble, qu’on défend les mêmes thèmes et qu’on est conscient des mêmes urgences, il y a toutes les raisons de bâtir une coalition électorale.

Quelle Europe défendez-vous ?

Nous défendons l’Europe des nations redevenues libres. Une Europe capable de mener des coopérations sur des projets et de favoriser les échanges commerciaux.

Contrairement à l’Union européenne, l’Europe existe depuis des milliers d’années, et nous n’avons pas besoin d’institutions supranationales pour faire du commerce. D’ailleurs, j’observe que les seules choses qui fonctionnent très bien en Europe, c’est-à-dire Airbus et le programme Erasmus, ne sont pas supervisées par la Commission de Bruxelles et le Parlement européen.

Nous souhaitons une Europe libre. L’UE n’a pas tenu sa promesse de liberté faite il y a 30 ans avec le traité de Maastricht, il est donc temps de changer de méthode. Il faut rendre leur liberté aux nations et leur laisser toute facilité pour passer des accords dont elles ont absolument besoin.

Cela étant, je ne suis pas un isolationniste. Je ne pense pas que la France puisse s’en sortir en étant seule au monde et enfermée dans ses frontières. La France n’a jamais été cela et ce n’est ni sa vocation, ni son histoire. Donc soyons la France libre dans une Europe libre.

Cette liste commune acte votre séparation avec Reconquête !. Est-ce que pour vous, le parti d’Éric Zemmour ne répond plus aux attentes des Français ? Vous avez dénoncé dans une interview à Valeurs Actuelles, un mépris de Reconquête ! à l’égard des « sujets fondamentaux ».

Les sujets de défense et de paix, de défense des libertés individuelles et collectives et la question du Frexit sont trois points de désaccord massifs que nous avons avec Reconquête !.

Marion Maréchal a annoncé qu’elle souhaitait que l’Ukraine l’emporte sur la Russie, ce qui est, à mon sens, une déclaration extrêmement imprudente. Cela voudrait dire qu’on entre dans une Troisième Guerre mondiale. Je ne suis évidemment pas d’accord avec ça.

Ensuite, on ne peut pas dire que Reconquête ! soit très attentif aux questions des libertés. D’ailleurs, lors de la campagne présidentielle de 2022, Éric Zemmour n’a pas voulu traiter ces questions et aujourd’hui, il continue de ne pas prendre ces sujets en considération.

Quant au Frexit, l’idée a été écartée d’un revers de la main.

Ne craignez-vous pas d’être victime du vote utile en faveur du Rassemblement national qui caracole en tête des sondages ?

C’est l’un des scénarii possible. Mais il y a un autre schéma qui consiste à dire que les électeurs du Rassemblement national qui sont sensibles aux questions que nous portons se tournent vers notre liste. Je rappelle que près d’un électeur RN sur deux est favorable à la sortie de l’UE.

Peut-être qu’ils se diront qu’un score élevé de la liste de Jordan Bardella ne changera pas grand-chose. Il pourrait donc se produire une forme de renversement de situation favorable à des listes ancrées sur des thématiques différentes et nous pourrions profiter de cette évolution, c’est-à-dire un vote utile massif.

Il y a également un autre phénomène qui est important, l’abstention. 55 % des électeurs devraient s’abstenir lors des prochaines élections européennes, ce qui va profiter aux électeurs les plus mobilisés et les plus déterminés. Or, nous avons la chance d’avoir des militants très déterminés. Nous verrons donc le résultat le soir du 9 juin.

Vous vous présentez comme une personnalité politique « conservatrice ». Quelle est votre vision du conservatisme ?

Elle repose sur la conviction que la nature humaine est permanente dans l’histoire et qu’elle a quelque chose à nous enseigner sur le comportement individuel et sur le fonctionnement des sociétés.

Oui, les conservateurs sont des gens qui considèrent que la nature existe et qu’elle enseigne quelque chose, voire qu’elle nous oblige à un certain nombre de choses. Et tout se décline à partir de cette définition.

C’est la raison pour laquelle, nous sommes le seul parti politique en France à avoir inscrit dans nos statuts la protection de la dignité humaine, de la conception à la mort naturelle.

Existe-t-il, selon vous, un conservatisme à la Française ? C’est une idée politique plus répandue dans le monde anglo-saxon.

Le vocable est très certainement anglo-saxon. Même s’il y a des conservateurs en France depuis le début du XIXe siècle. Chateaubriand avait fondé au moment de la Restauration dans les années 1820, une revue qui s’appelait le Conservateur. Ça ne date donc pas d’hier.

Je pense qu’on peut dire qu’il existe un conservatisme à la Française, même plus spontanément en France qu’en Angleterre. La pensée chrétienne a irrigué la vie politique française de manière bien plus énergique et bien plus profonde que la vie politique anglaise ou anglo-saxonne. Et la pensée chrétienne et le conservatisme ont énormément de points communs. La vie politique anglo-saxonne a été, quant à elle, beaucoup plus marquée par une pensée libérale de gauche et de droite.

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