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Kaboré: un président arrêté pour n’avoir pas pu endiguer la violence jihadiste au Burkina

janvier 24, 2022 13:40, Last Updated: janvier 24, 2022 13:42
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Roch Marc Christian Kaboré, à la tête du Burkina Faso depuis 2015, a été arrêté lundi par des soldats mutins pour ne pas avoir pu empêcher la descente aux enfers de son pays miné par la violence jihadiste.

En 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré, renversé par une insurrection populaire après 27 ans de pouvoir, l’élection de M. Kaboré avait suscité de grands espoirs de développement et de changement au « pays des hommes intègres ».

Mais c’est précisément en 2015 que le Burkina Faso jusqu’alors épargné, commence à subir les assauts de groupes jihadistes armés qui n’ont fait que s’amplifier au fil des ans.

Attaques de groupes jihadistes devenues quasi quotidiennes

Lorsqu’il est réélu pour un second mandat en 2020, le pays s’est enfoncé dans le chaos, les attaques de groupes jihadistes sont devenues quasi quotidiennes et font des centaines de morts, des pans entiers du pays échappent à l’autorité de l’Etat et les forces de l’ordre semblent incapables d’enrayer la spirale de violences.

Il fait donc la promesse pendant sa campagne électorale que la lutte contre les jihadistes sera la première de ses priorités.

Des soldats burkinabés ce sont déployés devant la télévision nationale à Ouagadougou le 24 janvier 2022. Des troupes mutines au Burkina Faso ont arrêté et détenu lundi le président Roch Marc Christian Kaboré et ses ministres. Photo OLYMPIA DE MAISMONT/AFP via Getty Images.

Mais les attaques et les massacres dans le nord se poursuivent, comme ceux du village de Solhan en juin 2021 au cours duquel au moins 132 civils sont tués, ou d’Inata mi-novembre de la même année quand 57 personnes meurent, dont 53 gendarmes.

Dès lors, les manifestations de colère de populations excédées par cette violence se multiplient pour dénoncer « l’impuissance » du pouvoir, des manifestations le plus souvent réprimées par la police.

1,5 million de personnes ont dû fuir leurs foyers

Roch Marc Christian Kaboré, de l’ethnie majoritaire mossi, ancien banquier et homme réputé consensuel, n’a pas réussi à honorer sa promesse en dépit de plusieurs changements à la tête de l’armée et du gouvernement.

Ses partisans ont fait valoir son bilan, citant les réalisations, infrastructures routières, santé, eau potable, qui semblent en décalage avec la réalité: 1,5 million de personnes ont dû fuir leurs foyers à cause des violences jihadistes, et des milliers d’écoles ont dû fermer.

-Un homme lit un journal dont le titre porte sur la mutinerie de Ouagadougou le 24 janvier 2022. Photo OLYMPIA DE MAISMONT/AFP via Getty Images.

Fils de ministre, homme aux idéaux de gauche revendiqués à ses débuts en politique après des études en France, il profite dans les années 1980 de l’accession au pouvoir de Thomas Sankara, le père de la révolution d’inspiration marxiste, pour devenir directeur de la Banque internationale du Burkina avant même son trentième anniversaire.

Après l’assassinat de Sankara en 1987, il s’engage auprès du nouvel homme fort du Burkina, Blaise Compaoré. L’ascension est fulgurante: plusieurs fois ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée… Il est un des hommes clés du régime.

« Une sorte de roi fainéant qui multiplie les audiences »

Considéré comme probable successeur de Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré tombe brutalement en disgrâce en 2012 pour des raisons obscures. Il claque la porte du parti au pouvoir en 2014 au crépuscule du régime – se faisant taxer d’opportunisme par ses détracteurs – et fonde son propre parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

-Des barricades enflammées dans les avenues centrales de Ouagadougou où un groupe de jeunes manifestants soutenant le rôle de l’armée a protesté contre le président Marc Christian Kaboré le 23 janvier 2022. Photo OLYMPIA DE MAISMONT/AFP via Getty Images.

Un an plus tard, après une transition, il prend les rênes du Faso, agissant en prenant son temps, allant jusqu’à se faire surnommer le « président diesel ». Puis son « indolence » face à la menace sécuritaire est devenue un autre problème, selon ses opposants.

Il « est une sorte de roi fainéant qui multiplie les audiences et écoute dans son fauteuil sans prendre de décision », affirmait en 2020 une source diplomatique à Abidjan.


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