La guerre informationnelle au XXIe siècle décryptée par un ex-analyste des médias à la CIA
Depuis l’irruption d’Internet et des réseaux sociaux, le rapport à l’information s’est métamorphosé. À la verticalité du XXe siècle — celle de la hiérarchie, des grandes voix, du monopole éditorial — a succédé une démocratisation de l’information et une horizontalité radicale, où chacun peut parler, mais où plus personne n’écoute. Martin Gurri, ancien analyste des médias à la CIA, lit dans ce chaos les signes d’un changement d’ère marqué par l’avènement de ce qu’il a nommé le post-journalisme. À travers l’exemple du New York Times, il montre comment la polarisation d’un public fragmenté dans ce nouvel âge est devenue un business model rentable, où ce n’est plus la quête de vérité qui structure la production d’information, mais la capacité à confirmer la vision subjective d’un groupe, selon une logique tribale. Dans ce nouveau régime informationnel, le journalisme a muté : il ne vise plus l’objectivité mais la loyauté ; il ne cherche plus à informer mais à conforter ; il ne s’adresse plus à la raison mais à l’identité. Mais si chacun vit retranché dans sa bulle cognitive, si la réalité se morcelle en vérités multiples, concurrentes et irréconciliables, que reste-t-il alors du débat démocratique ? Un échange sans fard ni nostalgie, à hauteur d’époque, sur la fin d’un journalisme ancien. Et le vertige qu’il laisse derrière lui.