Les seniors, au cœur de l’actualité avec la réforme des retraites, sont loin d’être égaux face à la fin de leur carrière, entre chômage, invalidité ou choix de continuer à travailler. Florilège de situations rapportées à l’AFP :
« Diplômé dans l’aéronautique, j’ai 58 ans. J’ai fait une belle carrière qui malheureusement s’est arrêtée il y a cinq ans à cause du rachat de la société. J’ai fait un burn-out sévère et il a fallu que je me relève.
Après deux ans au chômage, j’ai été directeur général dans les énergies renouvelables, poste perdu en raison du Covid. Depuis mi-2021, j’ai été inscrit à Pôle emploi puis en fin de droits. Je vis avec 530 euros par mois d’allocations. J’ai accompagné des enfants dans le TGV et maintenant je travaille dans un aéroport, toujours avec des contrats précaires.
Si la loi passe, ma retraite sera repoussée. Dire que les seniors ne sont pas embauchés parce qu’ils ont des prétentions élevées, c’est de la foutaise. C’est culturel en France: les seniors on n’en veut pas ».
Ce Lyonnais fait partie des 6% de 55-64 ans au chômage, un taux plus faible que le reste de la population, mais une tranche d’âge pour laquelle il est plus difficile d’en sortir.
« Je suis partie à 61 ans avec une décote. Il me manquait quatre ans. J’ai fait beaucoup de temps partiel en tant que professeur d’histoire-géo contractuelle dans le privé. Après impôts, je n’ai même pas 850 euros par mois, ce n’est pas mirobolant, mais c’est mieux que rien. J’ai un mari qui a une bonne retraite. Ça va parce qu’on a de l’épargne.
J’ai décidé d’arrêter parce que j’en avais ras-le-bol et aussi parce que mon mari qui a huit ans de plus que moi était déjà à la retraite. Lui est parti à 60 ans, il fait partie de ces cadres de banque virés avec un pactole parce que la banque les trouvait trop chers et pas assez agiles ».
Pour éviter que l’assurance-chômage ne soit utilisée par certaines entreprises et seniors comme fin de carrière, le gouvernement va réduire, à partir du 1er février, de 36 mois à 27 la durée maximale d’indemnisation des plus de 55 ans.
« J’aurai 61 ans en mai. J’ai fait toute ma carrière comme infirmière en clinique puis en Ehpad.
Je suis en invalidité depuis l’année dernière après avoir été licenciée pour inaptitude. J’ai interdiction par le médecin du travail de travailler plus de 10 heures par semaine. Or, un poste d’infirmière de 10 heures, ça n’existe pas, donc je pense que je vais rester au chômage jusqu’à la retraite.
Mes problèmes de santé sont liés à mon travail par le port de charge : j’ai été opérée sept fois des épaules.
Ne plus travailler, au début, ça m’a coûté. Maintenant, je m’y fais très bien.
J’ai regardé les annonces du gouvernement et ils n’ont pas changé le fait qu’à 62 ans, je devrais toucher ma retraite à taux plein en tant qu’invalide ».
Les départs pour invalidité, inaptitude, handicap, pénibilité, amiante représentaient 16% des départs à la retraite en 2020.
« J’ai eu plusieurs vies : électricien, agent téléphonique, j’ai eu des bars, restaurants et discothèques… J’ai pris ma retraite le 1er octobre 2019 à 66 ans et deux mois. Dix semaines après, j’ai eu un très grave accident et je suis resté paralysé.
Petit à petit, j’ai recommencé à marcher et je vis normalement. Grâce au réseau seniorsavotreservice.com (site d’emploi pour seniors et retraités), j’ai trouvé un CDI à temps plein, dans un complexe hôtelier où je gère toute la maintenance. J’ai un très bon salaire en plus de ma retraite.
Je fais ça parce que j’aime les gens. Pour moi, le travail c’est aussi sacré que la vie. Je ne me vois pas me lever le matin et attendre l’heure de la soupe. Je suis un hyperactif de 70 ans! »
Le cumul emploi-retraite bénéficie aujourd’hui à 500.000 retraités. Il doit permettre avec la réforme de créer des droits supplémentaires à la retraite.
« Je fais cinq heures de ménage par semaine chez des particuliers ainsi que deux heures de télétravail administratif auprès d’un de mes ex-employeurs, une pharmacie.
Cela me permet de gagner 500 euros en plus de ma retraite de 1.600 euros net. Je ne suis pas en difficulté car je suis propriétaire à Caen, mais je veux pouvoir faire face à des dépenses imprévues, comme un changement de voiture… Divorcée, je vis seule et à mon âge, les banques ne me prêteront plus d’argent ».
* Ces témoins ont préféré ne pas donner leur nom de famille
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.