ÉCONOMIE CHINE

Les villes chinoises croulent sous le poids de la dette

Le poids de la dette oblige les villes chinoises à réduire les services de base
mars 19, 2023 6:40, Last Updated: mars 19, 2023 6:40
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La dette pèse lourd aujourd’hui en Chine. Plusieurs articles d’Epoch Times ont décrit les origines de certaines de ces dettes et les effets néfastes qu’elles ont eus – et qu’elles auront – sur l’économie chinoise. Un regard sur ce qui se passe dans de nombreuses villes chinoises rend ce fardeau encore plus clair. Dans certaines d’entre elles, le poids de ces dettes a conduit à la suppression de services publics de base. Comme ce fut le cas lorsque les défaillances des promoteurs immobiliers sont apparues au grand jour, Pékin n’a, de manière inconsidérée, rien prévu pour leur venir en aide.

Les problèmes d’endettement des villes chinoises ont trois origines. Tout d’abord, trois années de fermetures imposées par le Parti communiste chinois (PCC) visant à mettre en œuvre des politiques malavisées de zéro Covid. Non seulement les interruptions de l’activité commerciale ont profondément réduit les recettes des villes, mais la nécessité d’accorder des allègements fiscaux pour maintenir les entreprises à flot a aggravé le déficit financier dans toute la Chine. Dans le même temps, l’application des règles strictes de confinement de Pékin a considérablement augmenté les dépenses municipales, tout comme la nécessité de procéder à des tests et d’entretenir les centres de quarantaine. Selon un récent rapport sur le budget provincial, ces activités ont ajouté l’équivalent de 20,7 milliards d’euros aux dépenses des villes au cours des trois dernières années, rien que dans la province de Guangdong.

Un deuxième fardeau est apparu avec l’effondrement du marché du foncier provoqué par la faillite de grands promoteurs immobiliers. Les ventes de terrains représentant historiquement quelque 40 % des recettes des collectivités locales, la chute des ventes et des prix de l’immobilier qui en a résulté a porté un nouveau coup dur aux recettes des villes. Troisièmement, Pékin a lancé l’année dernière une initiative d’infrastructure pour soutenir l’économie, ce qui a obligé les gouvernements locaux à émettre des obligations spéciales pour financer ce programme.

Un homme travaille sur le site de construction d’un gratte-ciel résidentiel à Shanghai le 29 novembre 2016. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)

Pour faire face à ces pressions, les villes chinoises ont emprunté massivement. L’année dernière, la dette des collectivités locales a augmenté de 15 % pour atteindre l’équivalent de 4.8 milliards d’euros. Les paiements d’intérêts sur cette dette ont atteint l’équivalent de près de 139 milliards d’euros par an. Toutefois, ce chiffre ne tient pas compte de ce que les Chinois appellent la « dette cachée », c’est-à-dire les emprunts effectués pour le compte des villes par des entités à vocation spéciale afin que les transactions n’apparaissent pas dans les bilans des communes. Selon Mars Macro, un cabinet de recherche basé à Hunan, cette « dette cachée » s’élève aujourd’hui à l’équivalent de 9400 milliards d’euros, soit 20 % de plus qu’une estimation de 2021 et le double du montant enregistré en 2016. La dette publique chinoise dépasse déjà le produit intérieur brut (PIB) de la Chine.

Le fardeau est devenu si lourd que plusieurs villes ont dû réduire leurs services de base. Les habitants de la ville de Hegang, dans la province de Heilongjiang (nord-est), ont dû se priver périodiquement de chauffage parce que le gouvernement local n’est plus en mesure de fournir les subventions habituelles. Selon les médias d’État chinois, la ville de Hegang a déjà dû être restructurée en raison de son endettement. Tandis que le site d’information chinois Caixin a enregistré des réductions de salaire dans la fonction publique allant jusqu’à 30 % dans les riches provinces orientales de Guangdong, Zhejiang et Jiangsu. Leiyang, dans la province de Hunan, et Yangjiang, dans la province de Guangdong, ont suspendu leurs services de bus.

Malgré ce surendettement et la menace d’une aggravation de la situation, Pékin a ostensiblement fait savoir qu’elle n’apporterait aucune aide. Le ministère des Finances a clairement indiqué aux gouvernements locaux que « le gouvernement central ne les renflouera pas ». Comme si cela ne suffisait pas, le ministère a ajouté : « Puisqu’il s’agit de votre bébé, vous devez vous en occuper vous-même ». Un discours aussi inflexible peut être jugé déraisonnable puisque ce sont précisément les politiques de Pékin qui sont à l’origine d’une grande partie des emprunts contractés.

Indépendamment des questions d’équité, l’attitude autoritaire de Pékin pourrait bien se retourner contre elle. C’est la même erreur que Pékin a commise il y a plus d’un an, lorsque les problèmes des promoteurs fonciers sont apparus pour la première fois. Cette attitude infantile de dur à cuire a alors entraîné une contagion de problèmes financiers qui n’ont cessé de s’aggraver jusqu’à ce que, à la fin de l’année dernière, Pékin intervienne enfin pour alléger la pression. Il semble aujourd’hui que les dirigeants de Pékin n’aient rien appris de leur erreur et qu’ils soient désireux de commettre à nouveau une bévue similaire, cette fois-ci avec les gouvernements locaux. Ils sont en train de provoquer une nouvelle contagion financière à laquelle ils devront faire face ultérieurement, lorsque le manque de réactivité de Pékin aura aggravé les problèmes, comme ce fut le cas avec les promoteurs immobiliers.

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