« L’homme moderne a perdu le sens de la liberté » – Alexandre Havard

9 janvier 2024 Esprit de Liberté

Alexandre Havard est d’origine française, russe et géorgienne. Il a exercé le métier d’avocat en France et en Finlande pendant plusieurs années avant de mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à l’étude et à l’enseignement du Leadership Vertueux.

Une vision du leadership qui consiste à « grandir en faisant grandir les autres » et qui s’appuie notamment sur l’exercice et le développement de deux grandes vertus : la magnanimité (l’habitude de tendre vers de grandes choses) et l’humilité (l’habitude de servir les autres).

« La vraie grandeur c’est la croissance des hommes et non pas la conquête d’un empire. Le leadership n’est pas une question de rang ou de hiérarchie : c’est une disposition de l’être. Le leadership n’est pas réservé à une élite : c’est la vocation de la multitude », souligne Alexandre Havard. 

« Le leadership est un idéal de vie placé tout entier sous le signe de la grandeur et de l’épanouissement de la personnalité humaine », ajoute-t-il.

Un cœur libre

Pour Alexandre Havard, si l’homme moderne parle beaucoup de liberté, il en a toutefois perdu le sens véritable.

« L’homme possède une volonté libre : il est capable de faire des choix. Au-delà, toutefois, de cette liberté de base de cette volonté libre il existe une liberté supérieure : la liberté du cœur. »

Une liberté fondamentale qui est aussi « le fruit d’un profond travail sur soi-même ».

« Un cœur libre est un cœur qui a une capacité que bien des gens n’ont pas : la capacité de percevoir ces valeurs transcendantes que sont le Beau, le Bien, le Vrai et d’y répondre immédiatement avec générosité et magnanimité », observe Alexandre Havard.

« Aujourd’hui, beaucoup de gens vivent uniquement de la volonté et de l’intelligence. […] Le cœur, l’intelligence et la volonté sont trois facultés spirituelles qui se complètent et doivent constamment être en interaction », précise-t-il.

Pour le fondateur de l’Institut de Leadership Vertueux, le cœur constitue d’ailleurs « le fondement de la personnalité » et représente « la partie la plus complexe, mais aussi la plus riche de la personnalité humaine ».

« Les vérités du cœur, les vérités intuitives, sont plus souvent certaines que les vérités rationnelles, même mathématiquement démontrables. Mais surtout, et voilà ce qui est important, elles sont presque toujours plus fondamentales et plus nécessaires à notre croissance personnelle et à notre bonheur. »

La formation du cœur

Selon Alexandre Havard, il est primordial de « bonifier notre cœur » afin de produire en nous des sentiments qui nous élèvent.

« Si nous voulons permettre à nos sentiments nobles de se déployer, nous devons faire l’expérience de la beauté, de la grandeur, de l’amour, de la dignité, de la liberté et de la miséricorde. Nous devons aussi apprendre à faire l’expérience de la souffrance. »

« L’éducation du cœur passe par l’expérience de la grandeur. Et la grandeur, la plupart du temps, on la découvre dans les réalités ordinaires de la vie. Il suffit de savoir observer », ajoute-t-il.

« C’est très jeune qu’un cœur se forme. […] C’est dans l’intimité du cœur d’un enfant que se déroule le premier combat souvent décisif entre le bien et le mal, entre la générosité et l’égoïsme. Les orientations les plus fondamentales de notre existence se forgent dans les premières années de notre vie, bien avant que notre intelligence ne soit capable d’entrer en action », poursuit l’ancien juriste.

D’après Alexandre Havard, notre civilisation a d’ailleurs « enterré le cœur parce qu’elle ne connaît d’autre loyauté que la soumission aux slogans idéologiques. »

Vivre selon sa conscience

Si le XXe siècle a été marqué par la lutte contre deux grandes idéologies totalitaires, le communisme et le nazisme, Alexandre Havard estime que « les démons de l’idéologie envahissent à nouveau le monde » et que nous sommes confrontés à l’émergence d’un nouveau totalitarisme.

« Nous rentrons dans la noirceur la plus totale, nous sommes en train de rentrer dans les ténèbres. Ce qui se passe actuellement n’est qu’un petit reflet de ce qui vient. »

« Quand on réfléchit au développement des nouvelles idéologies, à la situation de l’Europe, à la zombification des personnes, à ce nouveau totalitarisme qui émerge, on se dit que des choses incroyables et bien pires que jadis sont possibles. Les hommes d’aujourd’hui sont déracinés et semblent beaucoup moins préparés pour ce qui arrive », poursuit Alexandre Havard.

« Nous allons tomber de plus en plus dans ce genre de situation où l’État totalitaire va nous dire ce qu’il faut absolument que nous fassions et ce qu’il attend de nous », ajoute-t-il. « Nous rentrons dans le monde de l’idéologie et nous allons beaucoup souffrir. Il va falloir faire attention à notre conscience, il va falloir mener une vie héroïque. »

« Il faut que les gens soient préparés. Les gens qui ont vécu le bolchévisme savent parfaitement de quoi il s’agit, mais ceux qui n’ont pas vécu ce communisme de l’époque soviétique ne savent pas ce que vivre selon sa conscience signifie car ils n’ont jamais été mis à l’épreuve. »

Pour Alexandre Havard, il est nécessaire de s’armer de courage et de considérer les temps troublés que nous connaissons comme une opportunité de nous élever et de développer nos vertus, « sous peine de nous faire dévorer par l’esprit du monde ».

« Quand une société se radicalise, comme nous sommes en train de le voir en Occident, il n’y a plus que deux possibilités. Il n’y a plus de voie intermédiaire, la voie du médiocre. Il faut faire des choix radicaux. »

Et Alexandre Havard de conclure : « Ce n’est pas le monde qui va faire de nous ce que nous allons devenir, ce sont les décisions personnelles que nous allons prendre. Les gens mûrs peuvent toujours grandir, quelles que soient les circonstances. »