« L’homme moderne doit passer son temps à se flageller » – Laurent Obertone

20 novembre 2023 Esprit de Liberté

Laurent Obertone est romancier et essayiste. Il vient de publier son onzième livre, Raisonnablement sexiste : remettre les hommes et les femmes à leur place, aux éditions Magnus.

Un ouvrage qui vise à « comprendre les hommes et les femmes, les ramener à leurs particularités et aspirations fondamentales, pour mieux les réconcilier, les unir et les accomplir ». 

« Jamais les hommes et les femmes n’ont été à ce point malmenés, niés, séparés les uns des autres, par une époque qui semble jurer leur perte. Une relation déjà difficile, chaque jour un peu plus empoisonnée », souligne l’auteur. 

Dans ce livre, Laurent Obertone pourfend notamment le féminisme qu’il compare « à un dressage nuisible » aux conséquences préjudiciables pour la gent féminine qu’il prétend pourtant libérer, le principe du féminisme consistant selon lui à « nier les femmes ou les contraindre ». 

« Le féminisme, poussé par la haute bourgeoisie […], a peu à peu élargi sa grille de lecture marxiste, jusqu’à nier nos différences innées, en postulant l’égalité non de droits mais d’aptitudes et d’aspirations entre les sexes. »

D’après l’auteur de Raisonnablement sexiste, en cherchant à « transformer les femmes en hommes, c’est-à-dire à les réduire à une conception masculine du pouvoir », le féminisme nie la spécificité du pouvoir exercé par les femmes dans la société. 

Un pouvoir dont Laurent Obertone estime que s’il est « moins spectaculaire et reconnu » que celui de leurs homologues masculins, il « est pourtant mieux aiguisé, plus réel au quotidien » et revêt « un rôle essentiel à la cohésion du groupe », « un rôle d’équilibre, de continuité », « un rôle stabilisateur », notamment du fait de sa capacité à atténuer « l’impulsivité masculine à courte vue » et à garantir la continuité du clan. 

Pour Laurent Obertone, le féminisme s’apparente également « à une constante chasse à l’homme ». Désormais sommé de participer à sa propre déconstruction et de se départir de ses attributs masculins jugés toxiques, l’homme moderne souffre en effet d’une image particulièrement dépréciée et d’une forme de déclassement.

« Cette idéologie ne s’en prend pas qu’aux femmes. Elle veut faire des femmes des hommes comme les autres, mais aussi réduire les hommes à néant. L’étape suivante étant le transactivisme qui considère que l’un est l’autre, qu’il y a quarante-huit genres possibles et que l’indifférenciation doit se matérialiser, se concrétiser physiquement », explique l’essayiste.

« Les hommes sont refoulés, on leur explique que tout ce qu’ils sont, que toutes leurs caractéristiques, même les plus caricaturales, sont toxiques. La masculinité est toxique, la virilité est un fantasme, on a vu des centaines de bouquins là-dessus et d’émissions sur Arte avec tout un tas de psychologues à cheveux bouclés qui nous l’ont expliqué. L’homme déconstruit doit assumer un rôle beaucoup plus féminin. Il doit passer son temps à se flageller pour justifier son existence », poursuit l’essayiste.

Dans le cadre de son ouvrage, Laurent Obertone revient également sur le déclin de la natalité en France et l’essor du phénomène du « No kids » importé des États-Unis, observant qu’à la réflexion personnelle concernant le choix de faire ou non des enfants, s’ajoutent désormais des pressions extérieures, notamment liées à l’écologie et au climat. 

Un « refus de la descendance donc de la véritable transcendance » qui traduit selon lui une « conception erronée du moi et de la liberté », une forme d’immaturité, un rejet des responsabilités et des contraintes emblématique d’une société où « divertissement et plaisir doivent primer sur tout début d’effort ». 

« Il y a une tendance très préoccupante, un effondrement de notre démographie qui n’est même pas compensé par l’immigration de quantité. Pourtant, nous faisons vraiment tout ce qu’il faut pour compenser. Le peuple accepte son remplacement par d’autres personnes. C’est un constat très clair », explique l’écrivain. 

« L’immigration de quantité que nous connaissons est catastrophique à tous les niveaux, en termes économiques, en termes de sécurité, d’effondrement du capital social. Pour les femmes en particulier, c’est absolument désastreux. C’est une régression fondamentale. Elles ne peuvent plus s’habiller comme elles veulent, elles ne peuvent plus faire ce qu’elles veulent sans être sous cette menace permanente de harcèlement », ajoute-t-il.

« Je pense que notre population, notre peuple, avait quelque chose à défendre dans notre civilisation. Seule une civilisation comme la nôtre pouvait affronter les défis qui l’attendent plutôt que de renoncer et d’abandonner la partie à d’autres. »

Laurent Obertone aborde également le rôle des parents dans l’éducation des enfants. Une éducation dont il estime qu’elle est aujourd’hui « trop souvent synonyme de dressage, de bourrage de crâne, c’est-à-dire de stérilisation de l’âme », soulignant l’importance d’enseigner le caractère et l’esprit critique aux jeunes générations à une époque où « les puissances de conditionnement et de divertissement de la population sont sans précédent ».

« On fait rentrer dans les cerveaux de nos enfants les lieux communs du vivre-ensemble et du pas d’amalgame. Ça va en faire des larves, ça ne va jamais en faire des hommes. Il faut leur montrer que la droiture, la fierté et parfois la force payent beaucoup mieux que les comportements lâches et suiveurs », estime l’auteur de Raisonnablement sexiste

« Il faut apprendre à nos enfants à se défendre, à dire non, à se détacher des influences extérieures, à exister par eux-mêmes, à se respecter. La mission des parents est de préparer leurs enfants à faire face à la vie, sûrement pas d’avoir d’énièmes moutons qui seront fiers de bêler », poursuit-il.

Pour Laurent Obertone, il est aussi primordial d’entretenir le souvenir des ancêtres, de cultiver la transmission et de renforcer les liens avec nos anciens afin de préserver l’héritage de ceux qui nous ont précédés. 

« Nos anciens ont beaucoup de choses à nous apprendre. Malheureusement, nous ne les écoutons pas, nous les enfermons dans des EHPAD et nous nous privons de leur expérience, de leur présence, de leur transmission. Nous devrions maintenir ce lien familial extrêmement fort et apprendre d’eux tout ce que notre époque refusera de nous apprendre. »