Emmanuel Macron en Allemagne pour aplanir les différends

Par Epoch Times avec AFP
30 juin 2023 16:00 Mis à jour: 30 juin 2023 16:08

L’Allemagne doit recevoir Emmanuel Macron dimanche pour une visite d’État de deux jours, la première réservée à un président français depuis 2000, qui doit contribuer à ressouder le couple franco-allemand après les multiples frictions de ces derniers mois.

L’événement est toutefois assombri par les violences urbaines secouant la France en réaction à la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier lors d’un contrôle routier. Des émeutes vues « avec une certaine inquiétude » à Berlin, a déclaré vendredi le porte-parole d’Olaf Scholz, Steffen Hebestreit.

Ce dernier a ajouté ne pas avoir à ce stade d’indication sur une possible annulation de la visite, censée ouvrir « un nouveau chapitre » de la vieille amitié entre les deux pays.

Une belle entente récemment ternie

Car de multiples tiraillements ont récemment terni cette belle entente, du nucléaire aux émissions de CO2 des automobiles, en passant par les relations avec Washington et la conception d’une Europe de la défense redevenue d’une actualité brûlante depuis l’invasion russe de l’Ukraine.

Avec tout son apparat et son caractère symbolique, cette visite d’État doit contribuer à relancer le moteur franco-allemand. « C’est une machine de coopération bien huilée que l’on remarque seulement quand elle s’emballe », souligne-t-on de source proche de la présidence allemande.

Cela permettra de « prendre de la hauteur », de célébrer « la valeur de notre histoire commune » et « envisager l’avenir ensemble », complète-t-on auprès de l’Élysée. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse, doit arriver à Stuttgart (sud-ouest) dimanche soir.

La visite à proprement parler commencera le lendemain avec un accueil officiel du Président allemand Frank-Walter Steinmeier et les honneurs militaires au château de Ludwigsbourg, puis continuera à Berlin avant de s’achever mardi à Dresde, dans l’est du pays.

C’est au château de Ludwigsbourg que Charles de Gaulle a prononcé, en allemand, un vibrant discours aux jeunes en 1962. Cette intervention est entrée dans l’histoire de la réconciliation entre les deux pays dix-sept ans après la fin des horreurs du nazisme, concrétisée en 1963 par la signature du Traité de l’Élysée.

« Il croyait beaucoup en la jeunesse, que nous avions de la force et des idées », raconte à l’AFP Horst Köhler, l’ancien président fédéral allemand (2004-2010) qui, âgé alors de 19 ans, a assisté à l’événement.

La feuille de route

Le séjour d’Emmanuel Macron sera marqué par des rencontres avec de jeunes Allemands, mais sera également centré sur l’innovation, avec une feuille de route commune sur l’intelligence artificielle.

Au programme à Berlin figure notamment une conférence de presse commune avec M. Steinmeier, une marche à l’emblématique Porte de Brandebourg et un banquet auquel Olaf Scholz, qui paraît peu goûter ces soirées, ne participera pas.

Les organisateurs ont néanmoins prévu une courte rencontre entre le chancelier et le président français à l’occasion d’une croisière fluviale.

Ceux qui attendent des résultats concrets de la visite pourraient ainsi être déçus. Pourtant « des progrès et une position franco-allemande claire sur plusieurs sujets seraient les bienvenus », estime auprès de l’AFP Jacob Ross, politologue au centre Alfred von Oppenheim pour les questions de l’avenir de l’Europe.

Il cite l’élargissement de l’UE, notamment vers la Moldavie et l’Ukraine, l’entrée de Kiev dans l’Otan ou du moins des garanties crédibles offertes au pays tant que l’adhésion n’est pas possible.

Il en va aussi, selon M. Ross, de la « question de l’avenir de l’Union européenne en tant que modèle pour le 21e siècle », qui « dépend toujours largement des compromis » noués entre Paris et Berlin.

« Un dialogue de sourds »

La relation entre Olaf Scholz, en poste depuis décembre 2021, et Emmanuel Macron est jugée compliquée.

M. Köhler, membre de l’opposition conservatrice, s’en inquiète, disant avoir actuellement l’impression « d’un dialogue de sourds » entre les deux pays. Ce que l’on rejette officiellement de part et d’autre, pointant que les divergences de vues ont toujours existé et ont été surmontées.

À Dresde, le président français doit à cet égard prononcer un discours devant la célèbre église Notre-Dame, centré sur cette relation franco-allemande particulière « conçue comme une impulsion pour des messages beaucoup plus larges, notamment sur la manière dont on conçoit l’Europe », indique-t-on côté français.

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