Pérou : Le plus grand site de sacrifice de masse d’enfants vient d’être découvert

29 avril 2018 Amérique latine

Au Nord ouest du Pérou, des archéologues ont récemment mis à jour un nombre impressionnant de cadavres d’enfants.

Les squelettes découverts datent probablement de la fin de l’Empire Chimú, environ 550 ans avant notre ère.

Les sacrifices humains des civilisations aztèques, mayas et incas sont largement documentés, mais le sacrifice d’enfants reste relativement rare. La découverte de l’équipe du Pr Gabriel Prieto, de l’Université nationale de Trujillo et John Verano de l’Université de Tulane, est de ce point de vue sans précédent.

Dans son témoignage au National Geographic, John Verano « ne croyait jamais » qu’ils découvriraient cela, ou que cela puisse arriver « à qui que ce soit ».

La majorité des enfants avait entre 8 et 12 ans au moment de leur mort. Le site a été découvert à 300 mètres de la plage. À moins d’un kilomètre à l’est du site de Chan Chan, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

À son apogée, l’Empire contrôlait un territoire de 1 000 km² le long de la côte Pacifique. Seuls les Incas régnaient sur un territoire plus vaste ; ils mirent un terme à l’Empire Chimú autour de 1475.

L’analyse des squelettes a permis de déterminer qu’ils étaient passés par un rituel, recouverts de pigments, avant que leur cœur soit arraché d’un geste vif, qui ne laisse aucun doute quant au « savoir-faire » de celui qui tenait le couteau. « C’était un meurtre rituel et c’était systématique », estime John Verano.

Les archéologues pensent que les animaux et enfants ont été tués en même temps au cours d’un seul et même rituel. Jusqu’à présent, le plus grand rituel de sacrifice d’enfants ayant eu lieu était au Temple Majeur de la capitale aztèque de Tenochtitlán (l’actuelle Mexico).

« La première question qu’on me pose reste toujours : « Pourquoi ? », témoigne l’archéologue. Or, même à un niveau personnel, il demeure selon lui « très difficile d’expliquer le meurtre rituel d’enfants ». 

Le niveau des coulées de boue mesurées non loin du lieu de sacrifice laisse peu de place au doute. Le territoire, généralement sec, a probablement été le lieu de terribles catastrophes naturelles après la passage d’El Nino.

Des indices sur le sacrifice rituel d’enfants ont été découverts par différents archéologues dans la région, laissant croire que dès 1200, ils se produisaient régulièrement sur toute la côte nord du Pérou. D’après eux, les sacrifices d’enfants avaient lieu lorsque les sacrifices d’adultes ne « fonctionnaient plus ».

« Les gens devaient sacrifier ce qui était le plus important à leurs yeux pour dialoguer avec les forces supranormales. Ils ont finalement découvert que les sacrifices d’adultes n’avaient aucun effet. La pluie continuait de tomber. Alors ils se sont tournés vers les enfants », explique Haagen Klaus, professeur à l’Université George Mason.

Impossible pour ce chercheur de savoir combien il existe encore de sites de sacrifices rituels datant des civilisation pré-colombiennes. Mais ce site pourrait être « la partie émergée de l’iceberg ».