Pierre-Yves Rougeyron : « Il faut sortir de la société de la peur ! »

2 mai 2022 ESPRIT DE LIBERTÉ

Pierre-Yves Rougeyron est juriste de formation, essayiste, président du Cercle Aristote et de la maison d’édition Perspectives Libres. 

Nous l’avons rencontré pour analyser le résultat de l’élection présidentielle qui a vu Emmanuel Macron être réélu pour cinq ans, les stratégies mises en place par Marine Le Pen et Emmanuel Macron dans le cadre de leur campagne, l’avenir du Rassemblement national et de la droite au sens large, ainsi que les enjeux des élections législatives à venir. 

Pour Pierre-Yves Rougeyron, l’élection présidentielle de 2022 est « l’une des pires élections de l’histoire de la Ve République »

« Emmanuel Macron a réussi, par la complicité d’un système médiatique, à imposer la peur comme thème de la campagne. Il est passé de crise en crise pour vendre la peur : peur du Covid, peur du Popov, peur du fascisme, évidemment. Malheureusement, une partie de ses adversaires lui a emboîté le pas et a participé sans nécessairement le vouloir à sa réélection. »

Selon M. Rougeyron, l’élection présidentielle a également mis en lumière « une défaillance totale du système institutionnel français. »

« Nous avons une dérive oligarchique et une destruction de l’équilibre des pouvoirs de la Ve République, une république bananière. Cela a été illustré par la campagne de rediabolisation de l’entre-deux-tours, par des violations de base de la démocratie, les problèmes de temps de parole, les problèmes de l’utilisation de l’appareil judiciaire. La France est malheureusement un État en voie d’effondrement. »

Et le fondateur du Cercle Aristote de pointer également du doigt les prises de positions partisanes de plusieurs médias nationaux ainsi que de diverses personnalités publiques ayant appelé à faire barrage à Marine Le Pen pendant l’entre-deux-tours. 

« Je ne supporte plus que des gens qui ont des statuts protégés, les pseudo sportifs qui vivent tous en Suisse, les représentants du cinéma français et les journalistes, qui vivent de l’argent public et qui sont des exilés fiscaux pour une bonne partie, se permettent de cracher sur le bon peuple alors que c’est lui qui les subventionne. » 

« Il faut demander la fin des subventions publiques aux médias. Leur premier poste de revenu est l’argent public, ils n’ont pas à nous cracher dessus, ou alors je refuse de payer. Je tiens une revue trimestrielle et je n’ai jamais demandé d’argent public à qui que ce soit, donc je dis à ces gens : ‘Chers collègues, vous allez vivre comme moi, vous allez bosser ! Alors, je sais que pour vous le travail est très conceptuel, mais ne vous inquiétez pas, on se fait à tout. Parce que ça ne peut plus durer comme ça !’. Tous ces gens-là doivent être renvoyés à l’économie de marché, nous verrons comment ils y survivent, parce qu’ils n’ont pas à usurper la parole publique. »

Bien qu’Emmanuel Macron ait été réélu avec 58,5% des suffrages exprimés, Pierre-Yves Rougeyron relativise le score du chef de l’État au vu du chiffre particulièrement élevé de l’abstention, des votes nuls ou blancs ainsi que des Français en âge de voter qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. 

« Tout le système dans son entièreté, c’est-à-dire la génération sauterelle, la force des médias, les traîtres de chez Mélenchon, les traîtres de vocation que sont les Républicains, eh bien tout ça ne fait que 58,5%. Emmanuel Macron a réussi à perdre des voix et à perdre des pourcentages avec toute la force d’un système, qui n’est d’ailleurs plus un système fort, mais qui est un système lourd, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. » 

Souverainiste affirmé, le président du Cercle Aristote estime toutefois que l’élection présidentielle française n’avait en réalité que peu d’enjeu du fait de la tutelle de l’Union européenne.  

« Quand vous n’avez pas de souveraineté, toute la vie politique est une imposture. C’est terrible d’avoir un pays qui a le statut d’une colonie et de maintenir un système électoral. » 

Alors que les questions d’identité numérique et d’Euro numérique sont au cœur de l’actualité de la Commission européenne, Pierre-Yves Rougeyron considère d’ailleurs que la France et les autres pays membres de l’UE pourraient à terme se transformer en véritables prisons à ciel ouvert via la mise en place d’un système de crédit social mâtiné d’idéologie woke. 

« Ce qui se dessine un peu partout, et Macron est la plus belle fleur de ce régime-là, c’est une sorte de crédit social rose bonbon, une sorte de gigantesque épisode de Polly Pocket carcéral : bonbons, poney, hommes-soja et des barreaux autour pour ne pas que vous en sortiez. Une sorte d’Union soviétique multicolore et avec des paillettes. L’horreur absolue. » 

S’il déplore que « la grandeur n’intéresse plus les peuples occidentaux », le fondateur de la maison d’édition Perspectives Libres considère que les Français doivent pourtant assumer le poids de leur histoire afin que la France continue à rayonner et à faire vivre les concepts et les idéaux qui ont jadis fait d’elle un phare au milieu des nuées.

« La France est en danger de mort, c’est aussi simple que ça. Et la France ce n’est pas rien pour le monde. Il ne faut pas oublier que la souveraineté, c’est nous qui l’avons créée. Nous avons dit au monde que l’homme pouvait être plus qu’un morceau de viande. Quand nous nous éteindrons, cette idée-là partira avec nous, et je ne suis pas sûr que ce qui a fait que l’homme vaut d’être vécu y survive. La France est infiniment plus que ce que l’on imagine. Il suffit de voir le nombre d’hommes qui continuent à croire en elle par delà les mers, parfois plus que ce que nous méritons. C’est pour cela qu’il faut être à la hauteur de ce qui est encore une grande nation. »

Retrouvez notre entretien intégral avec Pierre-Yves Rougeyron dans la vidéo.