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Quand Pékin veut contrôler la presse étrangère

décembre 21, 2015 10:06, Last Updated: décembre 25, 2015 21:22
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Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, un élan de solidarité a fait le tour du monde. Le régime chinois en a profité pour se faufiler parmi les nations menacées d’actes terroristes. Ce qui n’a pas échappé à la plume vigilante d’Ursula Gauthier, correspondante de L’Obs en Chine. La réponse du régime chinois à son égard a été des plus virulentes.

Justifier la répression

L’organisation Human Rights Watch révèle que le Parti communiste chinois (PCC) utilise « un système à plusieurs niveaux de surveillance et de contrôle pour assurer la répression de l’activité religieuse des Ouïghours ». Leurs observations font également état de tortures et parfois d’exécutions de militants pacifiques de cette communauté musulmane de l’ouest de la Chine.

Les autorités ont cette fois autorisé un déferlement de haine et d’agressivité à l’encontre de la journaliste. – Benjamin Ismaïl, responsable Asie-Pacifique de Reporters sans frontières

Pour donner du crédit à la répression, le régime chinois par l’intermédiaire de son diplomate Wang Yi a essayé de se placer immédiatement au rang des pays victimes du terrorisme. Celui-ci a précisé peu après les attentats de Paris que « combattre les forces terroristes du « Turkestan oriental » devrait devenir une partie importante de la lutte contre le terrorisme ».

La minorité musulmane des Ouïghours dans la province de Xinjiang ou « Turkestan oriental » fait partie depuis plusieurs années des groupes sociaux opprimés en Chine. En choisissant de les désigner « ennemis du peuple », le Parti Communiste chinois (PCC) s’assure de maintenir un climat de terreur lui permettant de se maintenir en place.

Avocats défenseurs des droits de l’homme (lait contaminé, tremblement de terre dans le Sichuan, expropriations, avortements forcés, etc.), minorités religieuses (pratiquants de Falun Gong, Chrétiens, Tibétains, Ouïghours, etc.), démocrates, blogueurs, pétitionnaires, etc. la liste est longue des « ennemis du peuple » qui finissent dans le système carcéral chinois. Certains experts affirment que les prisons chinoises détiennent aujourd’hui plusieurs millions de prisonniers de conscience, dont la faute a été de vouloir s’exprimer, croire ou informer.

Ursula Gauthier a reçu des menaces de mort après avoir levé le voile sur la lutte contre le terrorisme de Pékin dans un article publié dans le Nouvel Obs. intitulé « Après les attentats, la solidarité de la Chine n’est pas sans arrière-pensées », et dans lequel la journaliste dénonce la justification de la répression des Ouïghours par une supposée lutte contre le terrorisme international. (Courtoisie Ursula Gauthier)

Une journaliste française qui dérange

C’est le 18 novembre que la correspondante en Chine, Ursula Gauthier, a levé le voile sur la lutte contre le terrorisme de Pékin dans un article publié dans le Nouvel Obs. Intitulé « Après les attentats, la solidarité de la Chine n’est pas sans arrière-pensées », la journaliste y dénonce la justification de la répression des Ouïghours par une supposée lutte contre le terrorisme international. L’article fait également état de 17 morts dont sept femmes et 3 enfants suite à une insurrection. La « grande victoire contre le terrorisme » selon le ministère de la Sécurité publique, était en fait un écrasement sanglant d’une révolte d’Ouïghours ayant attaqué une mine de charbon armés de hachoirs. Publiée au lendemain des attentats de Paris, cette soi-disant « victoire » devait servir d’accréditation à la thèse officielle du régime chinois selon laquelle la Chine est menacée par le terrorisme international. Mais les révélations de la journaliste n’étaient pas du goût du PCC.

Suite aux diffamations perpétrées par les médias officiels chinois tels que Global Times et China Daily et les menaces à l’encontre de la journaliste française, L’Obs a publié un second article « Notre correspondante en Chine attaquée par la presse d’État » publié le 1er décembre. Il affirmait qu’un véritable lynchage public avait été orchestré à l’encontre de la journaliste, y compris la révélation de ses informations personnelles, adresses et photos ainsi que des menaces de mort sur sa page Facebook. C’est sur cette dernière que le 9 décembre, des individus « masqués derrière de fausses identités » ont commencé à l’accuser de soutenir le groupe terroriste Daech. Dans la foulée, le Centre International de la presse affilié au ministère chinois des Affaires étrangères a refusé de renouveler la carte de presse de la correspondante.

Le quotidien français a, quant à lui, réaffirmé défendre fermement le principe d’indépendance de la presse et attendre patiemment la fin des calomnies.

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