Des signes accrus suggèrent que les Nord-Coréens préfèreraient être Sud-Coréens

23 décembre 2017 20:01 Mis à jour: 23 décembre 2017 20:01

Les imprimeries d’État nord-coréennes se voient contraintes d’imprimer une gamme plus large de calendriers de 2018, alors que les ventes de calendriers glorifiant le régime de la famille des Kim s’effondrent.

« On constate un changement d’attitude du public à l’égard des calendriers. Au fil des ans, les calendriers de propagande pour la rue Ryomyong, les orphelinats et le mont Paektu sont devenus de moins en moins populaires », a déclaré une source de Pyongyang au Daily NK le 19 décembre.

Le prix des soi-disant calendriers glorifiant la famille des Kim a également chuté suite à la baisse des ventes alors que les calendriers mettant en vedette des stars de cinéma, la nourriture, la céramique et les paysages gagnent en popularité.

La source a dit qu’il estime que les préférences changeantes à l’égard des calendriers reflètent le sentiment du public envers Kim Jong-un et une préférence pour des sujets auxquels le public peut s’identifier, qui parlent à tout le monde, plutôt que la « propagande trompeuse ».

Ce sentiment contraint certaines maisons d’édition d’État comme la Foreign Languages Publishing House et la Korea Stamp Company à demander l’autorisation de produire des calendriers sans propagande afin de gagner plus d’argent pour le gouvernement.

« De nos jours, même la maison d’édition de Pyongyang doit répondre à la demande des clients ou risquer de prendre du retard par rapport à la concurrence », a déclaré la source.

Le changement semble minuscule mais est tout de même assez significatif si on examine de près d’autres indices révélant que quelque chose a commencé à changer dans le royaume de l’ermite.

La Corée du Nord fait tout son possible pour empêcher les informations extérieures de pénétrer dans le pays, mais en dépit de peines parfois sévères, dont l’emprisonnement, l’influence des films et des émissions de télévision sud-coréens de contrebande a un impact profond sur la société.

« Les émissions de télévision pourraient même renverser le régime », a expliqué un expert.

« Les citoyens ne se soucient guère de la propagande de l’État mais visionnent de plus en plus de films et de drames sud-coréens importés illégalement. Le système national de contrôle s’affaiblit de jour en jour », a déclaré le transfuge Thae Yong-ho, ancien chef adjoint de l’ambassade nord-coréenne à Londres, au Congrès, en novembre.

Thae Yong-ho, ancien chef adjoint de l’ambassade nord-coréenne à Londres, qui s’est rendu en Corée du Sud l’année dernière, témoigne lors d’une audition de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants à Washington le 1er novembre 2017 (Samira Bouaou/The Epoch Times)

M. Thae a dit que l’une des façons de faire tomber un régime fragile tel la Corée du Nord est tout simplement de briser son blocus de l’information et de créer des programmes de divertissement conçus pour démanteler le lavage de cerveau nord-coréen.

« Nous savons maintenant que les systèmes communistes de l’Union soviétique et des pays d’Europe de l’Est se sont effondrés à la suite de la diffusion d’informations extérieures », a déclaré M. Thae devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants à Washington, le 1er novembre.

« En effet, le mur de Berlin n’aurait pas pu s’effondrer aussi facilement si les Allemands de l’Est n’avaient pas consommé régulièrement de la télévision ouest-allemande. »

Selon les autorités nord-coréennes elles-mêmes, les médias et les idées de l’étranger sont si toxiques qu’ils peuvent rapidement dissoudre l’État socialiste.

Dans un long article publié en juin, deux organes de propagande nord-coréens ont appelé la Corée du Nord à  « rejeter l’empoisonnement idéologique et culturel impérialiste ». L’article mettait en garde les Nord-Coréens contre « l’empoisonnement idéologique et culturel impérialiste » et appelait à une « offensive idéologique révolutionnaire » qui ferait du « front culturel » une « forteresse imprenable »..

Sur une photo prise le 21 novembre 2017, une femme se protège du froid au port de Rason, à l’extrémité nord-est de la Corée du Nord, à la frontière entre la Chine et la Russie. (ED JONES/AFP/Getty Images)

Leur idéologie, leur façon de l’exprimer sont glaçantes.

 

L’article suggère que ces idées détruisent la foi dans le socialisme et laissent les gens « désarmés sur le terrain idéologique ». Pour contrer cette menace, cet article demande que l’« idéologie bourgeoise corrompue » soit « totalement éliminée de la terre ».

« Il est impératif d’établir un filet de sécurité dans tous les domaines de la vie sociale. Il est important de bloquer complètement, tout d’abord, les canaux par lesquels le poison idéologique et culturel impérialiste peut s’infiltrer. »

Malgré tous les efforts du régime nord-coréen pour assurer la pureté idéologique, des signes de plus en plus nombreux indiquent que la culture sud-coréenne importée a déjà pénétré au sein de la société.

Cette photo prise le 10 juin 2013 affiche le groupe de pop sud-coréen Infinite, aux cheveux légèrement teints, lors de la 1ère conférence de presse du World Tour à Séoul. (Starnews/AFP/Getty Images)

Cela s’explique en partie par le fait que la Corée du Nord a dû tolérer un marché libre limité après les famines qui ont coûté la vie à des millions de personnes dans les années 90. Dans les marchés locaux, ou jangmadang, qui forment une grande partie de l’économie informelle, les marchands vendent de tout, de la nourriture aux calendriers.

Aujourd’hui, les marchés présentent un nouveau niveau de choix en Corée du Nord et sont devenus l’élément déterminant de la génération née des famines, aujourd’hui connue sous le nom de la « Génération des jangmadang ».

Cette génération a audacieusement adopté des tendances apparemment inoffensives de Corée du Sud, comme teindre ses cheveux pour passer à des tons plus clairs, rapportait le Daily NK.

« Un nombre croissant de jeunes préfèrent les coiffures capitalistes à la coiffure de Joseon (ancienne coiffure nord-coréenne) », a déclaré une source de la province du Hamgyong du Nord au Daily NK le 21 avril.

« Auparavant, très peu de gens se permettaient de se teindre les cheveux, mais récemment le nombre a augmenté de façon spectaculaire », a-t-elle remarqué.

Le régime nord-coréen considère la teinte des cheveux comme un comportement anti-socialiste et l’interdit officiellement, mais les jeunes ignorent le règlement – un changement radical d’attitude envers l’autorité de l’État du parti.

La ligne d’horizon de Séoul au crépuscule en Corée du Sud (capture d’écran YouTube: https://www.youtube.com/watchv=0tL13SjVOj4)

Les médias sud-coréens ont également inspiré de nouveaux styles de danse, et les Nord-Coréens qui criaient autrefois chukbae signifiant un hourra ou un « à la vôtre » ont vite choisi de crier plutôt geonbae, pour marquer les acclamations ou un toast.

Mais bien que le régime n’ait pas adopté une répression contre les femmes nord-coréennes qui prisent les idées de beauté sud-coréennes, on s’inquiète davantage de la popularité des médias sud-coréens parmi le personnel de sécurité.

Il y a un dicton en Corée du Nord qui dit que les agents de sécurité « sont de deux cœurs », a fait remarquer la source du Daily NK.

« Ils doivent traquer et punir les individus coupables de se livrer à une activité qu’ils prisent et apprécient eux-mêmes ».

« La popularité des médias étrangers parmi les agents de sécurité d’élite – la première ligne de défense protégeant le régime familial des Kim – est un signe évident de faiblesse dans le système idéologique du pays. »

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