AFRIQUE

Soudan: des tirs sporadiques au mépris d’une nouvelle trêve

mai 23, 2023 18:20, Last Updated: mai 23, 2023 18:26
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Des tirs sporadiques ont été entendus mardi à Khartoum malgré l’entrée en vigueur d’une nouvelle trêve entre l’armée et les paramilitaires, censée permettre à des civils de fuir et à l’aide humanitaire d’être distribuée au Soudan

« Des tirs sporadiques d’artillerie » résonnent dans la capitale de ce pays pauvre d’Afrique de l’est, a rapporté dans la matinée un habitant à l’AFP.

Calme précaire

Peu après l’entrée en vigueur à 19H45 GMT lundi de la trêve conclue pour une semaine, d’autres habitants de Khartoum ont fait état de combats et de frappes aériennes. Mardi à la mi-journée, un calme précaire semblait régner dans différentes zones de la capitale ainsi que dans plusieurs villes du Darfour, région de l’ouest la plus touchée par la guerre avec Khartoum, ont rapporté des habitants. « On n’a pas entendu de raids aériens depuis le début de la trêve », a déclaré à l’AFP un habitant du sud de Khartoum.

Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait un millier de morts et plus d’un million de déplacés et réfugiés.

Les deux camps s’étaient engagés à respecter le cessez-le-feu, mais peu avant son entrée en vigueur, l’ONU avait dénoncé « des combats et des mouvements de troupes ».

« Au-delà des annonces officielles, le Soudan est toujours bombardé et des millions de civils sont en danger », s’est alarmé Karl Schembri, du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Il a dénoncé sur Twitter « plus d’un mois de promesses rompues », après l’échec d’une dizaine de trêves dès les premières minutes de leur entrée en vigueur.

« La guerre a rendu cette ville invivable »

Pour la sixième semaine consécutive, les cinq millions d’habitants de Khartoum ont entamé leur journée sous une chaleur écrasante, pour la plupart privés d’eau, d’électricité et de télécommunications. « La guerre a rendu cette ville invivable : tout y a été détruit », déplore Thouraya Mohammed, qui espère pouvoir s’enfuir et emmener son père chez un médecin.

Les médiateurs américains et saoudiens avaient annoncé avoir obtenu, après deux semaines de négociations, une trêve d’une semaine. Le cessez-le-feu permettrait de relancer les services et les hôpitaux et réapprovisionner les stocks d’aide humanitaire et marchés pillés ou bombardés dans un pays où 25 des 45 millions d’habitants ont besoin d’assistance, selon l’ONU.

« Nous avons tous faim, les enfants, les vieux, tout le monde souffre de la guerre. Nous n’avons plus d’eau », raconte à l’AFP Souad al-Fateh, une habitante de Khartoum.

Tous les hôpitaux quasiment hors d’usage

Mardi, le syndicat des médecins a annoncé la fermeture d’un nouvel hôpital dans la grande banlieue de Khartoum. Pris entre deux feux, son personnel a été contraint d’arrêter de travailler.

D’un côté, « plusieurs fois, des combattants des FSR ont agressé des patients et du personnel soignant en tirant dans les couloirs de l’hôpital », rapporte le syndicat. De l’autre, des haut-gradés de l’armée régulière mènent « une campagne de mensonges et de rumeurs » contre les médecins qui reçoivent « des menaces ». Les médecins ne cessent d’alerter sur le sort dramatique des hôpitaux : à Khartoum comme au Darfour, ils sont quasiment tous hors d’usage. Ceux qui n’ont pas été bombardés n’ont plus de stocks ou sont occupés par des belligérants.

Des sanctions si le cessez-le-feu est violé

Les humanitaires réclament des couloirs sécurisés et, cette fois, assurent Ryad et Washington, il y aura « un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu » regroupant des représentants des deux camps ainsi que des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a diffusé une vidéo dans la nuit, assurant que « si le cessez-le-feu est violé (…), nous ferons rendre des comptes à ceux qui le violent avec nos sanctions et d’autres outils ».

Si l’armée contrôle les airs, elle a peu d’hommes dans le centre de la capitale, tandis que les FSR, elles, occupent le terrain à Khartoum. De nombreux habitants les accusent d’avoir pillé leurs maisons ou d’y avoir installé des QG.

Si le conflit continue, alerte l’ONU, un million de Soudanais supplémentaires pourraient fuir vers les pays voisins qui redoutent une contagion de la violence.

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