Taïwan reproche à Elon Musk d’avoir déclaré que l’île faisait «partie de la Chine»

Le PCC a revendiqué Taiwan comme faisant partie du territoire chinois et n'a pas exclu le recours à la force pour exercer son autorité sur l'île.

Par Eva Fu
16 septembre 2023 08:16 Mis à jour: 16 septembre 2023 09:36

Elon Musk s’est attiré les foudres du ministère taïwanais des Affaires étrangères pour avoir affirmé que Taïwan faisait « partie intégrante de la Chine » et avoir comparé l’île autonome à l’île d’Hawaï.

La politique de Pékin « a été de réunir Taïwan à la Chine, » a-t-il souligné lors d’un discours retransmis en direct au sommet All-In à Los Angeles en début de semaine, ajoutant qu’en tant qu’étranger en Chine, il « comprend bien la Chine », ayant rencontré « de hauts dirigeants chinois de différents niveaux pendant de nombreuses années ».

« De leur point de vue, cette île ressemble peut-être à Hawaï ou quelque chose comme ça, comme une partie intégrante de la Chine qui n’en fait arbitrairement pas partie, principalement parce que la flotte américaine du Pacifique a empêché tout effort de réunification par la force. »

Le Parti communiste chinois (PCC) a revendiqué Taïwan comme faisant partie du territoire chinois et n’a pas exclu de recourir à la force pour exercer son autorité sur l’île. Hawaï, territoire américain depuis 1898, est devenu le 50e État américain en 1959.

Commentant un extrait des remarques de M. Musk sur la plateforme de médias sociaux du milliardaire, X, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, a dit espérer que M. Musk « puisse également demander au PCC de permettre à son peuple d’accéder à X ».

« Écoutez, Taïwan ne fait pas partie de la RPC [et] n’est certainement pas à vendre ! » a lancé M. Wu, en utilisant l’acronyme du nom officiel du pays, la République populaire de Chine.

Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, parle lors d’une interview avec l’AFP au ministère des Affaires étrangères à Taipei, le 2 août 2023. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)

Jeff Li, porte-parole du ministère taïwanais des Affaires étrangères, s’est également montré inhabituellement direct lors d’une conférence de presse tenue jeudi, en affirmant que M. Musk « cherchait à s’attirer les faveurs de la Chine » tout en ignorant l’absence de liberté d’expression dans ce pays.

« Nous ne pouvons pas dire si le libre arbitre de Musk est à vendre, mais Taïwan n’est pas à vendre, c’est certain », a-t-il souligné.

L’entrepreneur, dont la société Tesla possède une importante usine à Shanghai, a fait ces commentaires en réponse à une question sur les défis auxquels sont confrontées les entreprises américaines dans le pays.

Ce n’était pas la première fois qu’il mettait Taïwan en colère. En octobre dernier, déclarant qu’un conflit à propos de Taïwan était inévitable, Musk a suggéré que Taïwan pourrait résoudre les tensions entre les deux rives du détroit en cédant une partie du contrôle à la Chine continentale et en se transformant en « zone administrative spéciale ».

Ce commentaire, qui a suscité les éloges du régime chinois, a entraîné une réaction tout aussi vive de Taipei. Le Conseil des affaires continentales, qui élabore la politique chinoise de Taïwan, a déclaré que la proposition de M. Musk reposait sur des intérêts commerciaux et qu’il pourrait se rendre à Taïwan pour « découvrir la démocratie, la liberté, l’innovation et le développement » qui, selon le Conseil, contrastent fortement avec « le système de marché autoritaire, la coercition malveillante et la répression sous le Parti communiste ».

La crise économique qui touche la Chine pourrait, selon certains observateurs, entraîner une augmentation des risques militaires dans le détroit de Taïwan.

« Alors que la Chine est confrontée à de graves problèmes économiques et démographiques, Xi Jinping pourrait prendre davantage de risques, devenir moins prévisible et faire quelque chose de vraiment stupide, » a estimé Mike Gallagher (Parti républicain – Wisconsin), qui préside le comité restreint de la Chambre des représentants sur la concurrence avec la Chine, lors d’un événement organisé par le Conseil des relations extérieures à New York au début de la semaine.

Le seul porte-avions opérationnel chinois, le Liaoning (Au centre), navigue lors d’un exercice en mer, le 18 avril 2018. (AFP via Getty Images)

Le secrétaire à l’Armée de l’air, Frank Kendall, a indiqué lundi, lors du symposium des combattants de l’Association des forces aériennes et spatiales, que la Chine renforçait son armée pour se préparer à une guerre potentielle avec les États-Unis.

Au cours des trois dernières années, Pékin a intensifié ses activités militaires à proximité de l’île. Jeudi, l’île a signalé la présence de 68 avions de guerre et de 10 navires chinois à proximité de son territoire. Quarante des avions chinois ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan et sont entrés dans la zone d’identification de défense aérienne sud-ouest ou sud-est de Taïwan, la zone tampon située à l’extérieur de son espace aérien territorial, selon le ministère taïwanais de la Défense nationale.

Le lendemain de ces incursions militaires, la Chine a déployé sa formation navale, dirigée par le porte-avions Shandong, le premier porte-avions construit par la Chine, à quelque 111 km au sud-est de Taïwan, pour des exercices militaires dans l’ouest du Pacifique.

Entre-temps, les autorités chinoises ont également tenté d’attirer Taïwan dans leur orbite économique.

Le 14 septembre, le régime a dévoilé des mesures visant à transformer le Fujian, une province côtière chinoise située en face de Taïwan, en une zone de développement intégrée offrant un meilleur accès aux entreprises taïwanaises – une mesure que Taïwan a considérée comme la dernière tentative chinoise de « conquérir » l’argent et l’esprit des Taïwanais.

« Il s’agit là d’un vœu pieux, » a déclaré le Conseil des affaires continentales.

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